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Mohammad Reza Lotfi and Sheyda Ensemble › Yadvareh Aref Ghazvini

cd • 7 titres

  • 1Pishdaramad
  • 2Taknavazi setar
  • 3Tasnif Nemidonam che
  • 4Reng Ghadimi
  • 5Taknavazi setar
  • 6Tasnif Az Kafam Raha
  • 7Tasnif

informations

line up

Mohammad Reza Lotfi (setar), Mohammad Motamedi (chant), et les autres ?

chronique

  • traditionnel savant

Une fois que j'aurais fini de vous parler de cet album hommage à Aref Qazvini, un grand poète et compositeur perse (à l'époque on disait la Perse, mais il s'agit bien de l'Iran), j'aurais pratiquement fais le tour du Sheyda Ensemble – reste encore celui avec Shajarian, ce n'est pas rien. Ça paraît dingue, alors que l'Ensemble a été monté il y a trente ans de ça : ce n'est que dans sa dernière incarnation qu'il nous offre un témoignage. Témoignage, le mot est lâché. Il s'agit ici de compositions de Qazvini, vieille de plus d'un siècle, en Qajar style. Alors c'est sûr, c'est quand même nettement plus austère que ce dont nous avons affaire habituellement. On éprouve ici ce rapport très étroit qu'entretien la tradition avec l'authenticité, avec l'héritage, avec la rigueur et la rectitude. Loin des préoccupations mystiques habituelles de Lotfi, l'ensemble donne plus ouvertement – c'est l'idée, aussi – dans la musique savante. Ritournelles complexes, mélodies abruptes et répétitives, il n'y a guère que le chant de Motamedi, bourré de reverb, pour donner un peu de chaleur à tout ça. La musique d'orchestre étant limitée à l'époque par sa portée acoustique, les techniques de compositions s'en trouvent elle-même circonscrites à ce qu'il est possible d'entendre ; c'est absolument trivial, mais on comprend mieux pourquoi il aura fallu attendre les années soixante dix pour assister au retour du sêtar dans les grâces nationales, et même la naissance d'ensemble uniquement dédiés au sêtar. Les compositions, disais-je, sont circonscrites à ce qu'il est possible d'entendre ; ainsi les instruments jouent « de concert », simultanément, pour un effet relativement minimaliste. Les deux solos de sêtar sont en revanche complètement à tomber, et font la moitié du disque à eux-seuls. A l'écoute de cette page d'histoire, on mesure à quel point l'évolution technologique à chamboulé l'approche et la pratique de la musique iranienne : on inclut désormais le sêtar dans les ensembles parce qu'on peut désormais le distinguer dans la masse ! Ça paraît trivial, et pourtant les conséquences sont gigantesques pour une musique à ce point versée dans l'ornement ; je veux dire par là que l'ornement n'a jamais pu avoir ce relief que lui offre aujourd'hui la technologie. Ces compositions de Qazvini, quand on les compare aux deux solos qui les traversent, et qui sont eux de la main de Lotfi, en prennent un sacré coup. C'est ironique : c'est la technologie, la modernité, qui permet d'accentuer ce qui fait la valeur de la pratique traditionnelle (=l'ornement). On va pas faire les neuneus à dire que ces morceaux ont vieilli, ce n'est pas la question, c'est comme dire que Bach est vieillot à côté de Debussy ; disons simplement que, rétrospectivement, cette musique qui à cette époque, celle des Qajar, se tenait relativement éloignée de toute idée de religiosité, influencée (trop ?) par ses voisins occidentaux, donne un peu trop dans le « savant de cour », dans le guindé, trop proche du roi. Efficace, entêtant, pas de doute. Mais il aurait fallu un petit supplément d'âme pour emporter l'exigence que nous sommes.

note       Publiée le jeudi 10 juillet 2014

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