S'aventurer dans 'The difficulty of being' équivaut à mon sens à tourner les pages des romans de Stevenson, Daniel Defoe, Jules Vernes et consorts, de ceux qui laissaient courir entre l'encre de leur mots les contours de pays semi-imaginaires, lointains en tous les cas, exotiques, luxuriants, effrayants, fascinants. Il y a un aspect si travaillé dans les sonorités de Operating Strategies que l'auditeur se sent tel le marin explorateur en quête de nouvelles terres. Si l'on serait tenté d'esquisser un parallèle (pas si incongru) avec In the Nursery pour le goût du cinématographique, on réalise vite que la portée est différente chez nos Allemands, plus exotique, bien éloignée du néoclassique, malgré quelques coups de grosse caisse bien sentis. Ce sont ici percussions diverses, bruissements, souffle de brise, choeurs de sirènes, qui se succèdent pour tisser des paysages à la fois retenus et foisonnant, solennels mais étrangement chaleureux par instants. Le travail de programmation et d'échantillonnage est remarquable. Ne négligeons pas non plus le chant, très efficace, accompagnant à merveille la musique; grave, puissant, sans emphase mal placée, il agit tant comme un guide, un passeur, qu'un compagnon de route. Parfait exemple du bouillonnement créatif de la scène de Hannovre au début des 90's, 'The difficulty of being' est une oeuvre profonde dont on ne se lasse pas au fil des ans. Toujours ce besoin de rêver, de s'évader.