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Sneaker Pimps › Becoming X

  • 1996 • Clean Up 724384465421 • 1 CD

cd • 11 titres • 46:22 min

  • 1Low Place Like Home04:37
  • 2Tesko Suicide03:44
  • 36 Underground03:48
  • 4Becoming X04:14
  • 5Spin Spin Sugar03:34
  • 6Post-Modern Sleaze03:29
  • 7Waterbaby04:10
  • 8Roll On04:27
  • 9Wasted Early Sunday Morning04:27
  • 10Walking Zero04:31
  • 11How Do05:01 [reprise de "Willow's Song" de Paul Giovanni]

informations

Produit par Line of Fight & Jim Abbiss. 3 mixé par Nellee Hooper. 9 produit par Line of Flight & Flood.

Photographie : Stéphane Sednaoui.

line up

Kelly Dayton (chant), Liam Howe (claviers), Chris Corner (guitare), Joe Wilson (basse), Dave Westlake (batterie).

Musiciens additionnels : Marius de Vries (claviers et programmation 3), Andy Wright (programmation 5)

chronique

  • trip-hop version 2.0

Parmi la cohorte des seconds couteaux du trip-hop qui s'étaient engouffrés dans la brèche à la suite du succès de Massive Attack et Portishead, on trouvait l'oeuvre appliquée des copistes d'Archive, le lounge automnal et neurasthénique d'Alpha, les escapades exotiques et sensuelles de Smoke City, les ambiances hip-hop poisseuses d'Earthling et enfin ces Sneaker Pimps qui se rapprochaient quant à eux du son d'un rock alternatif post-grunge qui faisait alors lui aussi vaste recette. La formule idéale pour cartonner sur les deux tableaux, le trip-hop ayant émergé malgré lui dans une Angleterre alors assez loin des problématiques à grosses guitares venu d'outre-Atlantique et baignant dans des ambiances urbaines et noires, dub, hip-hop et soul en références et matières infiniment malaxables. Les Sneaker Pimps, eux, vont caler sur ces beats downtempo à la fois lourdement prenants et d'une languide sensualité de sombres guitares cassantes et des textures électroniques sourdes comme de l'autre côté des murs de ces clubs où les corps enfin se lâchent. Les Sneaker Pimps, ils veulent casser la baraque et ils vont tout mettre en oeuvre pour ça. Toute la grammaire du trip-hop y passe, au point qu'il serait inutile d'en détailler les éléments. Une chose est certaine, à l'écoute de cet album on peut sans trop se tromper deviner son millésime, ce qui montre bien que cette époque avait bel et bien un son, une patte reconnaissable entre toute. Une courte parenthèse pendant laquelle se multiplieront ces petits soldats d'un genre frétillant comme des spermatozoïdes affolés derrière quelques ovules bristoliens hélas pour eux déjà fécondés. Aucune originalité si ce n'est cette façon de tirer le genre vers le rock dit "alternatif", nom déjà oxymorique, l'alternative cartonnant sans souci dans le mainstream depuis la sortie du placard du grunge quelques années plus tôt. Et en parlant de grunge et de références bien d'époque, on pourrait y aller carrément et labelliser les Sneaker Pimps comme les Stone Temple Pilots du trip-hop. Des gars pas dénués de talent et prenant la vague au passage pour en récolter l'élan irrémédiable vers le succès, donc juste bons à être catalogués de vils suiveurs et de vulgaires faiseurs. Ce qu'ils sont. D'ailleurs les deux gars Corner et Howe faisaient de la musique depuis quelques années déjà sans soulever la moindre curiosité. Alors voilà, pourquoi ça marche d'un coup ? Pourquoi, avec son inévitable morceau samplant John Barry, son petit côté lounge un peu sombre mais chic, ces patterns et roulements de batterie mis en boucle pour susciter la tension, pourquoi d'un coup tout ça prend une autre ampleur et pourquoi pendant les deux tiers de ce "Becoming X" on n'a pas l'impression d'entendre juste une resucée sans intérêt et même mieux que ça, on se paye deux ou trois classiques mineurs d'un genre qui en est devenu un en soi, de genre ? La réponse tient en deux mots : Kelly Dayton. Le secret du trip-hop qui marche c'est la voix féminine. Et Dieu sait qu'on en aura bouffé du featuring soulfull sur fond downtempo, du meilleurs au plus générique. Kelly Dayton, elle, a une voix de petite fille. De vilaine petite fille. Anciennement acidulée, qui tourne au vinaigre. D'ailleurs paraît-il qu'elle ne chantait pas super bien en live à l'époque. Mais qui s'en souci, le trip-hop n'a jamais été fait pour le live (Massive Arnaque) mais pour les ambiances d'intérieurs moites et feutrés. Kelly Dayton, c'est le métissage à l'anglaise, un peu irlandaise, un peu indienne, une petite nana aux adorables canines de vampire et au regard magnétique. Le charisme, c'est inné. Et c'est donc elle qui va habiter cet album, faire en sorte que "6 Underground" ne sera pas simplement un bon machin trip-hopesque pour bar à cocktail mais aussi et surtout un de ces tubes qui force le respect et qui marque l'époque (avec un coup de main de Nelle Hooper et Marius de Vries, ce qui est assez notable au passage), assez trip pour sexualiser n'importe quelle fin de soirée et assez pop pour assurer le passage en rotation lourde sur MTV. Parce qu'évidemment, on ne voit qu'elle dans les clips, par ailleurs tellement marqués par l'esthétique de leur époque qu'il en sont aujourd'hui d'autant plus délectables. Enfin y a bien la pauvre gueule de Chris Corner, déjà sans doute un peu malade de jalousie que son groupe soit identifié par sa simple interprète. Mais bordel, Kelly Dayton en minijupe au ras de la salle de jeu qui racole comme c'était pas permis avant minuit en crypté dans le clip de "Spin Spin Sugar", c'était une image bien trop forte pour les Sneaker Pimps. Alors ils vont la virer assez vite, ces cons-là. Pourtant on peut le tortiller comme on veut, c'est bien elle qui donnait tout le sel à cette musique, par ailleurs souvent vraiment bien foutue, dans le genre, toujours le genre. "Spin Spin Sugar", pour y revenir, fallait le chier un morceau pareil, aussi salement efficace. Mais fallait aussi et surtout l'*interpréter* pour le rendre aussi honteusement baisable. Et Kelly, elle sait y mettre la main à la pâte. Luscious Kelly qu'il aurait fallu l'appeler, tellement les deux ballades plus sucrées ne lui vont pas à son teint de petite allumeuse. Il reste encore de belles choses pour conclure, notamment ce "Walking Zero" avec sa rythmique plus hip que trip, ses cordes entre chien et loup très portisheadiennes, et le planant "How Do" qui clôt l'album sur une touche électro-mélancolique sur boucles enivrantes de violon, qui préfigure très précisément ce que des groupes comme Alpha ou Goldfrapp produiront bientôt, comme quoi on peut être un suiveur et tout de même apporter sa petite pierre à l'édifice. Quant aux deux Sneaker Pimps, bientôt privés par leur propre orgueil de la présence de ce petit bout de femme qui les a mis dans la lumière ténue d'un succès d'opportunistes, ils suivront une destinée digne de leur ambition, bouffie et sans grâce. C'est elle qui l'avait, pas eux.

note       Publiée le jeudi 19 juin 2014

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original de Willow's Song

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    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    6 Underground, c'est la quintessence de la musique de b... Enfin, difficile de trouver un autre slogan pour décrire la réussite de ce morceau.

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    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Bon la musique n'a rien à voir, mais la voix est d'une fraicheur similaire... Ça appelle à la réécoute en tout cas.

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    stankey Envoyez un message privé àstankey

    Tu m'as appelé Seij' ? :)))

    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Mince, une cousine vocale d'Alison Shaw et je ne découvre ça que maintenant ?

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    Fabb74 Envoyez un message privé àFabb74

    Le clip de 6 Underground était pas mal diffusé à l'époque, une chanteuse sensuelle à souhait et surtout un titre que j'écoute encore aujourd'hui...souvenirs...

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