Steel Pole Bath Tub › Tulip

Steel Pole Bath Tub, eux, c'était pas tellement un groupe de ouf, c'était surtout un groupe de gros relous. Sur leurs samples de nanars de vingt-troisième zone déjà, qu'ils tiennent mordicus à te coller au milieu d'un noise rock bruitiste qui se suffisait pourtant dans l'absence de finesse. Si on prend l'anecdote de l'époque où - bien malgré leur unbankability - ils finissent par se faufiler entre les mailles pour atterrir chez Slash, ben ils réussissent à faire la tronche parce que Slash ils sont trop des méchants : ils veulent que Steel Pole Bath Tub ils mettent la pédale douce sur leur-dite marque de fabrique kitsch. Impensable ! Voyez un peu le niveau. Et puis dans le même genre, Slash ils voudront pas non plus que Steel Pole Bath Tub sortent un album constitué uniquement de reprises du premier Cars. Alors déjà qu'on a un groupe de noise rock fan des Cars, c'est merveilleux en soi, et en plus ils veulent faire de la merde de leur plein gré, c'est carrément inespéré. Et là c'est le label qui lui est pas d'accord ? Et vous voulez bosser avec des gens comme ça ? Hein ? On est un groupe de rock'n'roll nous m'dame. On a nos lubies. Quand on part en tournée on fait une liste de catering avec des sandwiches coupés en losange juste pour faire chier l'orga. Et puis on a besoin d'une paire de chaussettes neuves sur chaque date, non mais. Enfin bref, si après s'être marré sur leur bio, on se prend en plus de les écouter, Steel Pole Bath Tub, bah alors là y'a plus de doute : c'était vraiment des mégas relous de compét les types. Tulip il est à l'image sa pochette bien cheesy-craignos. C'est un disque d'une efficacité foireuse, avec un groove d'ambulance calée en seconde. Rock'n'roll cancer du poumon et le songwriting garage inexistant d'un Mudhoney qui se sent plus dans sa période créativissime. C'est un disque il fourmille complètement de riffs bruitistes, de fritouillages mal engagés, et il accueille une horde d'autres de ces animaux domestiques qui finissent en -criards. Recueillis, encombrants et allergènes. Il est maintenu à la surface par une joie de vivre gaillarde à situer quelque part entre un Monster Magnet sérigraphié (en guise d'impression multicolore), ou un Sonic Youth réjoui de s'alimenter de temps à autres en glucides, merci à son premier mcjob chez Glup's. Y'a même dans Tulip un petit côté Unsane sans l'hémoglobine ni le blues - c'est à dire Unsane sans plus rien du tout - particulièrement dans le vieux râle geignard de toxico en trouble de personnalité multiple qui leur sert de chanteur (mais au cul bordé de nouilles, car sauvé in extremis du naufrage vocal par son charisme racoleur Killdozerien dans le timbre). Et puis histoire d'en rajouter une couche faut s'enfiler Mercurochrome, sur Tulip, avec son riff éhonteusement repompé du Sab', pour être interrogatif encore un peu plus sur à quel point tout ça sent la grosse blague, et conclure toutes cartes en main sur la cassociabilité congénitale de c'te groupe.