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B.James › Acte de barbarie

cd • 15 titres • 69:00 min

  • 1J'Me Présente
  • 2Jusqu'Au Dernier Denier
  • 3Atmosphère Sécuritaire
  • 4La Balade Des Reurtis
  • 5Pentes Verglaçantes
  • 6La Police Assassine
  • 7J'Aime Les Armes
  • 8Ni Honte Ni Fierté
  • 9Vie D'Voyou
  • 10Bois D'Ebène
  • 11B. James
  • 12Issu D'Une Voie Sans Issue
  • 13Respecte L'Omerta
  • 14Le Couteau Dans La Playlist
  • 15A Cor Et A Cri

informations

line up

B.James (MC)

Musiciens additionnels : Laloo, Hery, Soul G, Vinz Vega (prod)

chronique

  • gadoue du 9-3

C'est Bibi La Hache, cousin. Sombre comme l'éclipse. Le gars à faire virer au rouge ta carte postale de Madinina. Oublie les cocotiers et les papayes ma gueule, ici, c'est un crachat rapologique lâché sur l'asphalte française, pas une tranche d'exotisme présenté sur un bout de pastèque. Qu'est-ce qu'on y trouve ? Du sale, de la négritude, un voyou avec des valeurs, de la zon-pri, une collection de ferraille, de la haine, de la haine, de la haine. Plus que tout : de l'authenticité, du vécu qui hume fort la street et la pisse des escaliers de Blankok. Pas une once de rigolade. "Une des facettes les plus sombres des Antilles". Pas "la", car Monsieur 93 n'oublie pas sa collègue de toujours : Casey, celle par qui généralement on met la main sur lui, en découvrant Anfalsh ou Zone Libre. Parce que notre bonhomme lui-même est du genre souterrain, rat d’égout, pas tellement voyant si ce n'est le soir tombé à faire ses bails sous les réverbères ou dès l'aube à la salle de muscu. Le mec est tellement pas pressé d'être starifié, il intitule son premier disque "Acte de barbarie". Bonjour la stratégie marketing. Avec ses deux grosses mains velues, il choppe plus souvent haltères et binouzes que stylo et micro. "Marginal", c'est dire comme il s'en tape, du game. Mais quand il s'y met, ça fait peur. Regard inémotivo-glacial sur crâne d’œuf cagoulé, expression inexpressive quoiqu'on devine des schlass à la place des dents, B.James débite d'une voix d'outre-tombe à faire trembler les petits joueurs du Funeral Doom. Non content d'avoir le flow le plus bas-du-spectre du peura (15Hz environ, ce qui a pu le déservir sur d'autres projets, où on l'entend parfois mal sous les instrus), James.B nous gratifie d'un disque en béton, regorgeant de tubes de l'hiver colériques ("Jusqu'au dernier denier"), de l'audio-réalité de vie caillera ("Atmosphère sécuritaire", "Issue d'une voie sans issue"), des mises en garde à la jeunesse sur la dureté de ladite vie ("La balade des reurtis", "Vie d'voyou"), toujours le cul entre les envies de torture et l'insoumission conscientisante. On regrettera que le Maire de Blankok donne dans le poncif avec "La police assassine", seul titre un peu plus faible si l'on excepte "Pentes verglaçantes", mais l'album malgré sa longueur offre une rare homogénéité dans la qualité. Les responsables de la boucherie qui vaudront au skeud ce 4/6 avisé sont la série de titres suivante. "J'me présente" frappe par la puissance de son instru qui tape lourd du kick sur riff de clavecin, et porte un CV en mots crus qui permet de cerner direct la sale dégaine du personnage. Entrée fracassante. "J'aime les armes" qui pèche par son beat minimaliste inoriginal mais devient un vrai glauque-tube quand Bibi récite du ton le plus sérieux son texte saugrenu : "J'aime les armes / à feu / Certains trouvent ça bizarre...", flippant. "B.James" l’auto-nommée, à écouter les yeux rivés sur le clip de Tcho, vient compléter le premier titre d'une autobiographie admirable de transparence et termine sur une orgie de dédicaces. "Le couteau dans la plaie" featuring Anfalsh est la bombe vénère du skeud avec un refrain démolisseur et une apparition démentielle de Casey, en forme de majeur levé aux majors. Et enfin, "Ni honte ni fierté" qui, ah... vaut pour elle-même un 6/6 ! Déjà : elle fait l'unanimité. Pourquoi ? Pour l'histoire : B.James, plus rauque et story-teller que jamais, raconte son expérience de la prison, depuis le crime initial jusqu'à la libération tant attendue, en passant par la case la plus casse-couille du Monopoly. Une immersion saisissante dans l'univers carcéral, qui pue la vérité à plein nez. Et le plus beau, c'est qu'elle est en plus une entreprise de déglorification de la zon-zon à l'adresse des petits de la tess : "En tout cas, si t'y as jamais mis les pieds t'as rien raté / Pour ma part j'en sors et j'en ai aucune honte ni fierté". Un bout d'histoire du rap français, ce titre. Pertinent dans le message, sans concession dans le style, authentique dans le récit, on ne sait plus si l'"Acte de barbarie" désigne la violence sourde qui règne dans les cités ou la riposte sauvage sur skeud de l'Abominable ci-considéré. En tout cas, c'est une franche réussite pour un encapuché qui mérite amplement d'être mis plus en valeur.

note       Publiée le vendredi 13 juin 2014

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    commentaires

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    cyprine Envoyez un message privé àcyprine

    pfiou, ça crève, je préfère aller vendre de la drogue, si, si.

    Note donnée au disque :       
    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    Un poil trop enthousiaste comme tu dis ; B. James n'est jamais meilleur qu'en storyteller, tu frappes juste, son côté Bellemare de banlieue fait vraiment mal, avec sa plume un peu ringarde, un peu faiblarde, qui enfonce le clou dans le côté FPS du disque. Et ce flow de ventre, sans puissance mais tout en rouleau compresseur, fait vraiment des merveilles, bien qu'un peu fatigant à la longue. Le shtar est là avec un peu d'hypocrisie quand même, faut bien le dire, mais en même temps les mecs sont tellement chez eux - v'là le chez toi, aussi, mon gars - que c'est bien là où se situe le moment de grâce : ça pue autant dedans que dehors.