Unwound › Fake Train

Unwound, j'ai décidé que j'aimais pas trop. Ça m'a pris un moment, mais ça a finit par arriver. Je crois que j'en veux surtout au chanteur, avec ses côtés toumou de lo-fi kid, quand il crache il me donne toujours un peu l'impression de me souffler son haleine caféinée dans les narines. C'est pas que j'aime pas l'haleine caféinée. Je suis moi-même plutôt friand d'un bon américain à rallonge et qui reste en bouche, surtout les nuits d'hiver sur les aires d'autoroute. Mais y'a que du coup, j'ai l'impression de me retrouver au milieu d'un concert noise rock avec un groupe qui se prend la tête à mort sur scène pour groover sans groover. Avec le barman qui de l'autre côté de la salle fait la pire soirée de sa vie, parce que personne lui achète sa bière. Tout le monde est fauché. Chacun garde jalousement ses 15 balles pour écluser son unique pinte de la soirée pendant le set à venir de Fugazi (ils jouent en deuxième partie), en espérant que l'odeur de clope froide qui colle aux murs se sera éventée d'ici là. Et chacun, donc, a pris soin de s'enfiler un litre de café avant de venir en bagnole, parce que le concert a quand même lieu dans une friche abandonnée à quatre-vingt bornes de l'agglo la plus proche. Et que merde. Après faudra encore se taper la route dans l'autre sens (sans compter que l'orga est totalement à la bourre. Unwound vient ENFIN de commencer son set et il est 22h45. On est pas couchés). Mais sinon c'est con. Parce que je me dis que si j'étais par ailleurs moins vieux, j'aurais très probablement trouvé Unwound fort à mon goût. Déjà parce qu'ils fleurent quand même salement les 90's, avec leur pures bouilles de noise rockeux, leur session rythmique déglinguée, et leur amour pour les tripatouillages à la guitare et le brouhaha brumeux ; ce son dont plus personne ne parvient à se défaire depuis que le monde a découvert Sister. Et puis ensuite parce qu'on peut pas non plus nier qu'Unwound, ça reste des mecs plutôt inventifs. Ils aiment bien le noise rock au scrapbooking, les textures en alu brossé et palpables, et puis les morceaux à tiroirs - même si souvent y'a rien dans les tiroirs. Ils aiment bien ces ambiances d'urgence assagies, pompiers à la retraite, cafards endormis sous les plinthes. Et puis surtout, Unwound, c'est le genre de groupe qui me fait me dire qu'un jour, vraiment, je serai un die-hard fan de Bästard. Et ça vaut tout l'or du monde.