Cattle Decapitation › The Harvest Floor

Qu'est-ce que j'ai pu l'écouter, ce disque. Imaginez un peu le truc : du grindcore romantique. Romantique, et instable. Comme ces gars dans les articles de faits-divers. Uxoricide (à ne pas confondre), suicide altruiste, au couteau bien souvent, on fait avec ce qu'on a, la lame enfoncée jusqu'à la garde, des larmes gardées tout au fond, avant que l'odeur ne fasse remonter les souvenirs et le repas. Brutalement, les céphalées, les tremblements. Le couteau tombe des mains, et avec lui la culpabilité. Moment épique, solo épais, retour sur soi, remise en question, menottes aux mains. En tant que grindcore, ça n'a pas inventé la poudre, se situant vaguement dans le courant moderne de l'écurie Relapse façon début 00's, des choses complexes et des changements de registre à la technique folle. Mais, au delà de cet aspect volontairement foutraque et délirant, et malgré les quelques longueurs du milieu de l'album, album d'une densité folle, vous imaginez bien, c'est bel et bien en tant qu'il n'a peur de rien que Cattle Decapitation se surpasse lui-même. Le chant, qui semble vomir et bramer en même temps, ne s'embarrasse d'aucuns scrupules quant aux mélodies aberrantes et autres divagations éhontées. Tout ça, bien entendu, dans une brutalité aussi épique que fatigante. C'est assez rare de caler sur du végétarien, mais là, gare à l'indigestion. Reste que si on fait attention à pas se gaver de pain ou à ne pas surestimer notre capacité à s'enquiller l'entrée en libre service, par petites touches, bien choisies, ce groupe est quand même la bouffée d'air frais que le style attendait depuis longtemps.