Lonesome Wyatt est un sacré gaillard. Déjà maître dans l'art de conter les vieilles épidémies avec l'organe tout chantant et ménestrel d'un Bowie guéri aux sangsues, ou au choix apprécié pour son charisme de technicien de grande roue d'antan - haut-de-forme et œil de verre compris - on le redécouvre quelques années avant animé par la vision de quelques anciens fantômes, et qui relance de dix dans la gothic country pour nécromancien. Plus baroque, plus dark cabaret, plus acid que jamais, sur Sabella on découvre les facettes les plus givrées du loner goth'n'dandy, à coup d'instrus qui pourraient passer pour des contines si elles n'étaient pas ciselées par des vocaux aussi insaisissables, chantonnés puis brutalement borborygmés au détour de l'un ou l'autre chat dans la gorge. Tout y passe, des harmonicas aux accordéons, pour une joyeuse messe noire en souvenir d'un monde où les derniers bouts de cette grande carrière que sont les Appalaches on les entrepose dans des musées.