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The Warlocks › The Mirror Explodes

cd • 8 titres • 43:12 min

  • 1Red Camera
  • 2The Midnight Sun
  • 3Slowly Disappearing
  • 4Standing Between The Lovers Of Hell
  • 5There Is A Formula To Your Despair
  • 6You Make Me Wait
  • 7Frequency Meltdown
  • 8Static Eyes

informations

line up

Bobby Hecksher (chant, guitare, claviers), Jana Suzanne Risher (basse), Bob Mustachio (batterie), John Christian Rees (guitare), Ryan McBride (guitare)

chronique

Si The Warlocks savaient faire autre chose que des albums pour les après-midis qui s'étirent à l'infini, ça se saurait. Mais ils étaient quand même plus sains à leurs débuts que sur cet album, y a pas à tergibouler : on tient peut-être là encore leur album le plus difficile derrière ses airs fades de post rock un peu saturé, et peut-être, aussi, le plus collant, derrière ses airs d'ombre, mais après tout l'expression dit "coller comme une ombre" je crois (non, vraiment ?), et puis tous les albums de Warlocks sont des ombres - et celle-ci est la plus grise, la plus terne. Même un titre comme "There Is a Formula to Your Despair", qu'on imaginerait sans problème résonner à la fin d'un Sofia Coppola, n'est qu'une putain d'ombre, grise, grisâtre... grisissime. J'ai jamais trop compris le semi-mépris dans lequel baigne ce groupe chez certains amateurs de shoegaze, genre qui flirte quand même plus souvent avec la literie qu'avec le danger des vastes contrées désertiques, la soif, la perdition. The Warlocks eux, sentent la perdition. Quand ils sont bons, car quand ils sont mauvais ils sentent la mèche. Mais sur celui-ci, ils sont perdus. Ils engourdissent nos sens de leur immense et molle peur engourdie. La reverb sur le millefeuille de cendres et de squames des guitares n'est qu'un des composés, ils tablent pas que sur ça contrairement à d'autres. Ils dégagent une aura à part. Une déprime sourd sous cet écho étiré, on me fera pas croire le contraire. C'est pas étiré pour faire matelas sonore, duvet audio, ou nuage de buée. C'est du neo-psychédélique de gothiques qui ne disent pas leur nom, voilà tout. Piloté par la soif, par un mince filet de survie, ce sont les ballades que se chantent les deux protagonistes de Gerry dans leur tête. Le remake de Gerry pour être plus précis, imaginé en plein milieu du Salar. Y a pas vraiment de riffs... ni de tubes... on est pas chez les Black Angels. L'accroche se fait par le tout, et non par une somme de petites accroches. Le précédent chroniqué par mon collègue Dariev Stands (Heavy Deavy Skull Flower) avait peut-être un semblant de côté plus "ouvertement déprimant", je ne sais plus trop, j'en ai retenu les vibrations morbides et rien d'autre. Réécouter The Warlocks épuise, en général. Et avec The Mirror Explodes on est dans la matière vibrante, qui tient jusqu'au bout de ses forces, desséché et qui te dessèche la bouche encore plus que du US Christmas, le gros album sans début ni fin, avec des secondes qui semblent minutes, avec ce Bobby Hecksher en emo lessivé, ce chant de jeune homme à cheveux ébouriffés qui ne sait plus son nom, et qui a tout de même derrière sa totale banalité néo-psyché ce timbre capable de te pousser le vice jusqu'à évoquer Brian Molko sans perdre une once de beauté trouble. Toute la matière en-dessous est vaste. C'est sec, c'est oxydé. Tout ça est sec oui, et pourtant tout ça fuit, c'est la menstruation de sable dans le gros sablier, ça fuit de façon ample, précipitée, c'est la frustration. C'est quelque chose d'inexorable. Hautement agaçant pour l'analyste du titre par titre, c'est certain. Mais ces albums-là ne s'analysent pas vraiment... si analyse il y a, elle n'est que sanguine. Genre dépistage VIH interminable, dans un couloir de laboratoire plus long et froid que trois sous-marins, avec un adolescent un peu lunaire aux cernes plus expressives que ses yeux qui attend, attend... et sait. Court de trois quarts d'heure mais comme long du double, s'étirant comme la chambre de Renton, baignée par la lumière blafarde qui filtre entre les rideaux. Aussi gavant et gavé que mes métaphores, quand arrive le gratouillage désespéré "Static Eyes", pour vous situer à quel point c'est pénible, et comment ça laisse la langue en gant de toilette. Mirages d'eau, de femmes moites, très loin. Tiédeur caniculaire. Déshydratation morbide. Sexe sans envie.

note       Publiée le mercredi 21 mai 2014

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Comparativement aux autres albums néo-psyché/shoegaze de la même époque écouté récemment (Black Angels, Place to Bury Strangers), celui-ci à quand même ce truc en plus, qui le démarque du côté rétromaniaque bien de son époque : il dégueule littéralement l'anti-dépresseur, il transpire la sortie de route et le yaourt "Rien à branler". Si faire "comme dans le temps" ne mène à rien, autant être lucide sur le sujet et mener le truc droit dans le mur (du son). J'ai écouté tous les albums de psyché et la chair est triste, un truc du genre, mais sans même prétendre en avoir quelque chose à foutre au fond. Même Sofia Coppola s'emmerde sans plus aucun chic (comme la chro, pil-poil, le suggère). Whatever-core.

Message édité le 21-07-2023 à 14:38 par (N°6)

Gouzi Envoyez un message privé àGouzi

"J'ai jamais trop compris le semi-mépris dans lequel baigne ce groupe chez certains amateurs de shoegaze, genre qui flirte quand même plus souvent avec la literie qu'avec le danger des vastes contrées désertiques, la soif, la perdition. The Warlocks eux, sentent la perdition. "

tu connais pourtant la réponse puisque tu l'as donnée ! ( je suis un impitoyable moqueur, Parrain)

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Vu sur scène à l'époque‚ grosse impression.