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Jean-Louis Murat › Face Nord

  • 1993 • Virgin Visa 3369 • 1 CD

cd • 14 titres • 57:37 min

  • 1Entre Tuilière et Sanadoire04:16
  • 2Noël à la maison03:37
  • 3Tomber sous le charme04:05 [reprise de Louise Feron]
  • 4Le corridor humide02:15
  • 5Woman on my Mind04:06
  • 6Maîtresse03:06
  • 7N'attends rien04:41
  • 8Le lien défait (version single)03:30
  • 9Qu'est ce que tu voulais04:48 [reprise de Bob Dylan]
  • 10Cours dire aux hommes faibles (remix)06:34
  • 11Dieu me garde de vieillir03:54
  • 12Jeune pluie sur le chardon04:26
  • 13Avalanche IV05:10 [reprise de Leonard Cohen]
  • 14Ma demeure c'est le feu03:09

informations

CD promo diffusé uniquement auprès des abonnés des Inrockuptibles.

line up

Jean-Louis Murat (chant, guitares), Denis Clavaizolle (claviers, programmation, choeurs)

chronique

  • faces b

Il existe encore des objets rares en ces temps de disponibilité exhaustive et immédiate. Des raretés jamais diffusées officiellement, jalousement gardées par des bandes de fans peu partageurs. "Face Nord" pour le trouver en ligne quelque part, faut se lever tôt. Un de ces recueils d'inédits et de face B distribués en son temps avec un journal culturel, peu importe lequel, mais un de ceux qui à l'époque avait le bon goût de défendre Murat alors que la chanson française était figée dans un conservatisme variétoche peu ragoutant (on est encore à l'aube de la "nouvelle chanson française", foutoir qui aura donné entre autre Dominique A mais aussi son lot de tiédeurs d'un genre inédit). Un objet promo, comme on dit, qui en fait mélangeait surtout des morceaux déjà parus en revers de singles ainsi que quelques introuvables. Un bidule de maison de disque pour faire plaisir aux fans, du brenoï et du journal en question, qui à l'époque se confondaient encore par l'intermédiaire de Bernard Lenoir. J'ai mis le temps à enfin mettre la main dessus, fantasmant un peu sur des titres comme "Entre Tuilière et Sanadoire" (qui ne décevra pas, porteur d'un blues Auvergnat bien montagnard, respirant la désespérance de la désertification, avec une formule piquée à Cioran en guise de refrain, chiadé) ou "Noël à la maison" (fabuleux lui aussi en quelques minutes sur rythmiques de clochettes et ritournelle de synthé cheap où Murat mêle les expression "attacher au sapin des bonbons" avec "égorger de douleur le mouton", morceau où les formules amères sont contrebalancées par une chaleur familière, bercée d'enfantine mélancolie). D'autres encore, déjà connus dans des versions arrachées à la terre du Live de 1995, retrouvées ici en originelles : un "Woman on my Mind" au noir romantisme ici plus rectiligne, plus rapide (forcément, Murat ayant tendance à déplier ses champs sur scène); un "Jeune pluie sur le chardon" tout aussi brumeux et fascinant, aux inquiétantes interruptions nocturnes entre chaque couplet, cris d'animaux apocryphes accompagnant la sourde complainte; quand au "Corridor humide", il semble ici encore plus évidemment poignant, Murat avec sa seule guitare, bien sèche elle, pour accompagner ses mots désabusés. Alors c'est tout ? Rien de tellement unique sur cette Face Nord devenue presque mythique pour les vieux fans de Jean-Louis ? Ben ouais. Le désir se nourrit d'absence, d'imagination. Mais une fois qu'il est assouvi, le roi se retrouve nu. Parce que bon, la maison de disque en a profité pour coller des faces B qui ne méritaient pas de destin plus glorieux, d'autant qu'elles sont issues de la période "Le manteau de pluie", inégale si elle en est, alors qu'on voulait encore fourguer Murat à un public de minettes en chaleur. Du coup deux ou trois pistes outrageusement racoleuses font un peu tâche alors que l'Auvergnat a déjà enregistré le plus rugueux et cryptique Venus qu'il s'apprête tout juste à sortir. Remise dans le contexte, la reprise maniérée du micro-tube de Louise Feron (éphémère égérie de Dominique Laboubée des Dogs à la fin des années 80) "Tomber sous le charme" passe encore, mais l'adaptation de Dylan "Qu'est ce que tu voulais" en forme de talk-over tire sur une ficelle déjà caduque de numéro de séduction un peu éventée. Et puis ce remix absolument ignoble de "Cours dire aux hommes faibles", m'est avis qu'il n'a pas donné son aval pour une chose aussi infâme. D'ailleurs, et puisque l'objet n'existe plus vraiment que sans support physique, je ne vois pas pourquoi je garderais une merde pareille en mp3. Poubelle. Heureusement à côté de cette horreur, quelques pistes beaucoup plus dignes du meilleurs de la période synthés glaciaux et introuvables sur les albums originaux se cueillent dans les bas-côtés. A ce titre, les atmosphères délétères de "N'attends rien" et "Ma demeure c'est le feu" valent largement le coup d'être parti à la recherche de cette rareté comme on part aux champignons, à l'aveugle et en revenant souvent bredouille. Et puis y a la fameuse "Avalanche IV", reprise en français de Léonard Cohen, où cette fois Murat excelle à faire sien les mots (nombreux, très nombreux, faut croire qu'il aime les verbeux lui qui reprendrait Akhénaton avec le même éclat quelques années plus tard) des autres, exercice auquel il ne se livre finalement que très rarement. Ou en interlope, en sifflotant alors qu'il s'affaire aux travaux de la maison entre deux morceaux, les plus attentifs y entendront quelques phrases de "Mon frère d'Angleterre" jadis chantée (magnifiquement) par Bourvil. Un autre gars paysan, un de ces terriens que Murat aime pour son élégante rusticité. Du coup on regrette qu'il ne l'ait pas reprise carrément. Mais il a l'admiration discrète le père Jean-Louis, et le goût du travail au jour le jour, peu intéressé par le passé. Et c'est pour ça aussi que ce Face Nord ne sera jamais réédité nul part, et tant pis pour les quelques trésors qu'il renferme.

note       Publiée le lundi 12 mai 2014

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    Du coup, j'ai réécouté ma seule vraie relation avec Leonard Cohen, l'excellente reprise, en français, de Avalanche, tirée d'une compile-hommage où on trouvait aussi Nick Cave, les Pixies, R.E.M… Il la chantait en tournée à l'époque du Live in Dolores.