Encore une devinette, quel lien peut-il exister entre Juliette Greco, le Musée du Louvres, l'Allemagne et la démonologie ? Un nom, celui de Belphegor, ici orthographié avec un 'f'. Je ne reviendrai pas sur la série en noir et blanc, avec un Yves Renier débutant, qui berça mes jeunes années pour entrer d'emblée dans le vif du sujet. Fondé par un ex-Nichts, Meikel Clauss, Belfegore (nom choisi en hommage à la fameuse série) n'exista que peu de temps mais suffisamment pour se tailler un statut culte notamment en raison de son second album qui inclut pratiquement tous les tubes du groupe. S'éloignant de la new wave de Nichts, Belfegore paraît un réceptacle pour les aspirations les plus sombres de Clauss qui opte pour un son plus dur, plus sombre que l'on a parfois rapproché de Killing Joke avec une légère torsion dark wave. C'est à dire ? Que le batteur n'hésite pas à recourir à des toms électroniques et qu'il affectionne une touche tribale dans son jeu, que le bassiste développe un groove spécial, que les guitares ont un aspect tranchant. Si la voix peut revêtir une certaine gravité gothique, Clauss n'hésite pas à se laisser aller à des envolées plus décadentes comme sur l'excellent 'Love' ou à adpoter un ton plus inquiétant (les chuchotements de 'Wake up with sirens'). Quand je vous parlais d'usine à hits, le trio commet l'exploit d'aligner ses trois plus grand morceaux en entrée: 'All that I wanted' (dont se servira David Fincher pour sa version filmée du premier volume de la trilogie 'Millenium'), 'Questions' qui frise le deathrock synthétique et un 'Love' complètement barré et fascinant avec ses boucles répétitives. Le reste ne démérite pas pour autant, ce croisement typique des 80's entre rock gothique dur et sonorités électroniques, évoquera tour à tour The Neon Judgement ou les Américains de Executive Slacks en moins industriel. C'est d'ailleurs à un label du Pays de l'Oncle Sam que l'on doit cette réédition en cd avec des versions alternatives en bonus. L'intelligence de Belfegore est d'avoir su, sous la houlette de Conny Plank, se tailler un son répondant à certains critères des années 80 sans s'y laisser piéger pour autant grâce aux influences plus noires, d'où cette capacité des chansons à bien vieillir. Un vrai plaisir pour moi de me replonger dans ces compositions dont j'ai toujours été friand ainsi que de me revisionner la série.