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Bardo Pond › Set And Setting

  • 1999 • Matador Ole 364-1 • 1 LP 33 tours
  • 1999 • Matador Ole 364_2 • 1 CD

cd • 8 titres • 49:13 min

  • 1Walking Stick Man11:01
  • 2This Time (So Fucked)4:00
  • 3Datura8:03
  • 4Again6:33
  • 5Lull2:16
  • 6Cross Current6:36
  • 7Crawl Away9:26
  • 8#31:15

informations

Enregistré à la Lemur House, Philadelphie. Produit par Michael Gibbons et Bardo Pond. Masterisé par Jim Salamons au studio Sigma Sound, Philadelphie.

line up

Joe Culver (batterie), John Gibbons (guitare, synthétiseur, percussion, feedback), Michael Gibbons (guitare, synthétiseurs), Isobel Sollenberger (voix, violon), Clint takeda (basse, snake guitar)

Musiciens additionnels : Ed Farnsworth (batterie sur 1 et 4), Dan Wittels (harmonica sur 1)

chronique

Cette fois-ci ça s’ouvre sur un boogie qui s’étire. S’étend en fils et filaments de caoutchouc fondu, de marshmallow passé au feu de l’esprit embrasé par l’ingérée substance. Canned Heat, lassé de tracer parmi les cactus du désert, a recueilli les boutons et concocté la décoction. Peyotl est le nom. La figure de l’hallucination est pour ce coup un homme qui claudique, sa canne en troisième jambe portée en avant de son pas. L’harmonica est un long trait rêche en allers et venus, retours, replis et déplis ; dépenaillé, qui frotte contre les strates. La voix d’Isobel Sollenberger, plus nue que jamais au cœur des textures détrempées et fumantes, fore sa plainte, disparaît sous le flot, ressurgi, vrille sa percée, sa présence incroyablement proche, au-delà de l’hébétement stupéfié… Pas facile, encore une fois, de parler de cette musique sans taper dans le cliché de la bande-son générique pour hippies complaisants, un peu indifférenciée, qui jouerait au hasard sur l’empilement de fréquences et les collisions de timbres. Le piège serait de donner à entendre tous les disques de ceux-là, Bardo Pond, comme équivalents, interchangeables. Alors que le dosage, les jeux de mixture, de mixage, de mélange, les trafics moléculaires, ne sont jamais vraiment les mêmes. Qu’ils changent de places, aussi ; et partant : de vitesses, de proportions, d’intensité, épaisseur de l’air et des autres fluides, températures. "Set and Setting", oui – le titre définit en fait parfaitement le jeu, l’approche, l’art du groupe. Sa maîtrise et son abandon dans l’exploration des altérations, des états lestés (ou délestés – certaine conscience est parfois le poids dont on s’allège en gobant tel ou telle). L’expression avait été piqué par Tim Leary – le marchand de chimères scientistes-spiritistes – à un certain Norman Zindberg dans les glorieuses soixante en leur début, l’époque des acid-tests, du LSD encore légal. Set : il s’agit de l'état – d'esprit, de santé, de fatigue... – de l'absorbant au moment de l’absorption. Setting : l’environnement, les lieux, la compagnie dans laquelle se fait l’expérience, l’essai, la partie ou le rituel selon l’intention qu’y mettra chacun. Cette variation là, cette variété – Set and Setting, l’album – est d’ailleurs comme un surgeon pris à ce temps là – à toute la décennie partie de là – mais muté dans l’air de cette fin de siècle, vingt, vingt-cinq ans plus tard. Avec ce côté blues dans les riffs, parfois, plus sensible et direct que sur d’autres disques – sur le Walking Stick Man d’ouverture donc, de toute évidence, mais c’est une résurgence au fil des plages, aussi, cette couleur, cette inflexion. Une sorte d’alentissement, de montée aux chaleurs où tout devient liquide des moments les plus défoncés des groupes les plus défoncés d’alors – le Grateful Dead ou Quicksilver, le Canned Heat de Woodstock, disais-je avec son bassiste hagard et son gros gars qui dandinait sur scène – sauf qu’ici chaque vacillement et chaque seconde s’étendent comme au fond des fatigues extrêmes ou des rêves où plus rien n’offre prise… Sans l’angoisse afférente, toutefois, puisqu’ici les récepteurs sont trop occupés, affairés, excités pour que s’y glisse cet attentiste affect… Singulièrement, pourtant, la matière, la lumière, sont ici plus opaques qu’ailleurs – translucide toujours dans leurs bases, mais des bouffées ou des flots poudreux s’y infusent, troublent. La densité des sons abrasifs, parfois, se fait si serrée qu’on s’y sent pris comme dans une gangue, le temps ralentissant encore jusqu’à presque s’arrêter alors même que le tempo s'est emballé. Avec toujours ce point d’incandescence – il est orange, là, au centre du vortex anthracite, sur la pochette – qui guide le regard et empêche qu’on trébuche et se retrouve collé au fond, largué de la trajectoire. De toute façon avant cette accélération – Again, tiens, prenons ; ou bien est-ce après, le Nord ici fait souvent la bascule – ça se délite tellement que tout se relâche et qu’on s’envole comme un éther. Nous voici papillon en découpe négative ; c’est à dire, sur ce fond suie : en forme immaculée… Allons bon. Me voilà qui donne encore dans la métaphore de sonnet patchouli. Jetons la dans le mix : eux la font concrétion ou bien la vaporisent.

note       Publiée le dimanche 23 mars 2014

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