Une subite bouffée de nostalgie me saisit soudain, souvenirs de mes dix-huit ans, de certaines virées en concert avec des potes, des bouteilles de bière bon marché planquées dans la neige, des nuages de laque planant dans les wagons après notre passage, nos looks de Robert Smith, ces moments magiques où plus rien sur terre n'a d'importance quand résonnaient les morceaux de nos artistes...Parfois, comme une bande-son du film de ma vie, des noms se détachent associés à des souvenirs précis. Invisible Limits, formation allemande qu'on n'entend plus assez souvent en soirée, y figure parfois. Leur premier album avait emporté bien des suffrages, éclipsant l'aura du second pourtant fort plaisant. Comme sur le précédent, l'accent a été porté sur l'aspect synthétique de la production avec un synthé mixé en vedette, une rythmique sèche et une guitare dont on restreint au maximum l'écho. Invisible Limits écrivent des tubes, des morceaux dansants mais rien de péjoratif dans cette remarque car on sent le soin apporté dans le travail expliquant pourquoi il est possible de s'écouter ce skeud des années après avec le même bonheur. Ceux qui sont allergiques aux sonorités 80's trouveront la production un brin surannée mais pour le reste, les mélodies tuent, l'optique de mixage est clair, le son assuré. Des chansons telles que 'Golden dreams', 'No tears', la reprise de Joy Division, 'In a dream' avec une Marion s'essayant à des accents orientaux dans son chant, 'Kill me dearly' tiennent toujours la route avec brio. Impossible d'éviter le parallèle avec Invincible Spirit vu leur genèse commune et l'emploi des sonorités mais niveau diversité des ambiances, les Invisible Limits se montrent plus efficaces. La voix de leur chanteuse, version soft de Siouxsie, est un atout majeur dans la balance. Ce plaisir d'écoute pleinement pop mais sans facilité de mauvais aloi, avec la touche triste pour corser le menu, sont de précieux atouts pour une telle formation et ils s'en servent. Comme pour 'Demand for supply', les musiciens ont choisi de conclure par une compo plus calme, réussie et moins naïve, 'Natalie's', que j'ai toujours appréciée. Les grandes heures de la dark wave allemande...