'Ni Dieu, ni maître', tel est le motto des groupes anarcho-punk; 'Un seul maître, Dieu', pourrait être celui des musiciens de Headnoise. Si le discours de ces Américains ne laisse planer aucun doute quant à leurs opinions religieuses, niveau musique, orchestrations, manière de poser le discours, attitude envers la société, on pourrait aisément confondre avec une formation de l'âge d'or de l'anarchisme keupon britannique. Surpris ? Pas moi. Logique. Bien que n'étant pas particulièrement expert es foi, j'imagine facilement le désarroi et la colère d'un chrétien véritable (pas l'un des ces illuminés auquel on a retiré le cerveau en quête d'une illusoire croisade pour étancher sa soif de violence) face au monde contemporain. Pas de demi-mesure chez Headnoise: 'Never surrender', 'No compromise' ! L'Etat, l'Eglise sont corrompus, ne se soucient guère des démunis, l'argent gangrène les rapports soucieux, mais il subsiste un espoir, une énergie pour relever la tête et sécher ses larmes: l'amour du Christ. Message 'peace and love' asséné au turbo sur des structures en rafales sans péjorer la mélodie. Edie, la chanteuse, assure brillamment derrière son micro, soutenue par les choeurs masculins. On reconnaît beaucoup de CRASS, Conflict ou Lost Cherees dans cette manière d'agencer le chant comme des discours pour informer. Pas de garrot non plus, le groupe ménage toujours des passages plus calmes ou plus martiaux pour reprendre son souffle et méditer les enseignements. Que l'on adhère ou non aux convictions de ces drôles de punks, on appréciera 'No compromise' pour sa diversité, sa cohérence, sa fougue convaincante et convaincue, que ce soit dans les passages les plus appuyés ou dans les chansons axées sur la récitation. A l'image des textes, les dessins du livret ne laissent aucunement placer les doute quant aux ennemis à combattre: capitalisme, pauvreté, Vatican, violence domestique, crime, drogue, Ku-Klux-Klan, la guerre... Avec ce slogan, plutôt profond, en évidence: 'Stop the murder of human souls, end the war within'... Effectivement, pourquoi ne pas commencer par là ?