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Burning Spear › Hail H.I.M.

cd • 9 titres • 38:34 min

  • 1Hail H.I.M.4:17
  • 2Columbus3:37
  • 3Road Figgy3:37
  • 4Follow Marcus Garvey4:27
  • 5Jah See And Now3:36
  • 6African Teacher4:03
  • 7African Postman4:28
  • 8Cry Blood Africa5:03
  • 9Jah A Guh Raid5:37

informations

Enregistré au studio Tuff Gong Recordings, 56 Hope Road, Kingston, Jamaïque, par Dennis Thompson et Errol Brown. Mixé par Errol Brown.

line up

Aston "Family Man" Barrett (basse), Burning Spear (Winston Rodney) (voix, percussion, congos), Tyrone Downie (claviers), Egbert Evans (trombone), Earl "Wire" Lindo (claviers), Herman Marquis (saxophone), Nelson Miller (batterie), Junior Marvin (guitare)

chronique

En cette année mille neuf cent quatre vingt, on diagnostique à Marley trois tumeurs. Au sortir d’un de ces concerts tout de triomphe, d’une des grands-messes à Jah devenues coutumières. Le reggae sera bientôt – l’année suivante – en deuil. La Jamaïque, même, et les cohortes par le monde qui avaient pris celui-là en guide et en héros. Les formules, elles – autrefois magiques par grâce de la foi, de l’invention, de la folie de ceux qui en étaient les artisans – commencent à s’épuiser sans qu’on s’en rende forcément compte, depuis un moment. La gloire des producteurs, leurs styles incroyables, se fanent loin des regards portés déjà ailleurs. Lee Perry a chassé ou épuisé tout le monde. Rares sont ceux qui passent encore par son studio Black Ark. Plus aucun n’en sort l’inattendue merveille tenue toute chaude sous le bras. D’autres sons viennent, de nouvelles mains les manient – je vous parlerai ailleurs d’un certain duo nommé Sly & Robbie, de ce qu’ils firent, eux, de la chose électronique passée dans l’arrière cour. Les pionniers – les King Tubby, les Augustus Pablo – ne savent trop qu’en faire qui serait vraiment neuf, où se logerait leur génie. Les phraséologies, aussi, se ressassent, à force d’années et de disciples – Jah, Sélassié, Babylone, Zion, Lion etc. Au pays, le verbe est passé dans d’autres gorges, un moment – plus celles des chanteurs mais plutôt des grondeurs, des tchatcheurs, des excitateurs de scansions. Les riddims – c’est-à-dire les instrumentaux – tournant en fond, de plus en plus recyclage. Revers de l’inespéré succès, sans doute : le reggae, alors, tourne en rond ; après avoir insufflé l’impulsion, les artistes du cru cherchent des bribes au dehors, dans ce qu’on leur avait pris, qui leur feraient lit ou piédestal. Burning Spear, lui non plus, ne tardera pas à lâcher "le truc" – à moins que ce ne soit l’inverse. À délayer, à voir trop grand, à compenser par le nombre de pupitres dans l’orchestre – cuivres voire guitares voire basses et batteries – une inspiration devenue chiche, dispensée en filet mince, sous peine de tarir. Cette même année, pourtant, l’homme sort… Un autre gemme. L’un des derniers, sans doute. Assez inexplicable, d’ailleurs. Car tout disposait cet album, d’abord, à tomber du côté des disques de genre, justement, destinés à finir aux seuls mains de collectionneurs avides de tout posséder, la vie s’en fut-elle retirée. Le choix de la thématique, déjà – encore ce ressassé Négus, empereur d’Éthiopie. Ces claviers synthétiques glissées, coulées dans les mailles du tissage rythmique serré, entre les interstices où s’articulent et s'emboîtent les cuivres. Seulement voilà… Ici – allez savoir – ça prend. Comme cette pochette qui pourrait rebuter, le son, à la place, attrape l’attention, tout de suite. Les teintes trop vives, retouchées, le halo électrique : tout ça fait vibration sympathique. Les partis pris, tout de suite, sont acceptés – parce qu’ils rendent l’atmosphère idoine à leur objet. Parce qu’on ne réfléchit pas encore, au moment où l’iris attrape le signe. La présence même du fameux Junior Marvin – le guitariste de Marley, justement, pourvoyeur de ces fameux soli miaulés, tels qu'entendus sur le Live Babylon By Bus – ne tire pas encore le son vers le duplicata, l'exercice (à vrai dire, on ne le reconnaîtrait pas à l'oreille nue, sans lire les crédits, ici). Dernier coup en finesse, donc, avant longtemps au moins, pour Rodney et son groupe. Enchantement dont il est difficile de dire ce qui y fait touche, différence, consistance préservée. Cette voix, peut-être – plus en relief que jamais sur ce tapis apaisé. Ce sens exceptionnel des fréquences intriquées en surfaces attirantes et écheveaux qui font puissants motifs. Difficile de dire pourquoi la suite – sur des bases semblables – semblera fin de course interminable, perpétuel coup pour rien ou presque. Question de conviction, peut-être, qui là semble encore intacte. Le genre n’allait pas – les genres font-ils ainsi – mourir, vraiment s’éteindre. Son époque, simplement, devait s’éparpiller.

note       Publiée le mercredi 29 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Ah tiens, j'avais zappé ton com', Twili... Et oui - je viens de me le réécouter, ce qui n'était pas arrivé depuis un moment et en effet - il a une couleur particulièrement mélancolique, celui-là. Je trouve les deux dernières chansons - Cry Blood Africa et Jah A Guh Raid - spécialement poignantes et réussies, avec leurs claviers "modernes" encore plus mis en avant que sur les autres mais parfaitement mêlés au son "roots" (et une très belle partie de guitare sur Cry Blood, où pour le coup on reconnaît bien le jeu tout en wah de Junior Marvin, mais où là aussi le son traité "synthétique" lui donne une teinte inattendue - et magnifique).

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    C'est simple, je possède trois disques de reggae: une compile de Bob et deux Burning Spear, 'Marcus Gravey' et celui-ci qui est mon favori tant il est empli de mélancolie. Entre quête et apaisement. Magnifique à écouter le soir à la lueur des bougies...

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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    Connais point ledit, pour ma part. Pas mal décroché de ce qu'il a pu faire à peu près à partir de ce moment là.

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Tiens, on m'en a fait écouter il y a pas si longtemps. "Jah is Real", que c'était, sorti vingt-huit ans après celui-ci ; du coup j'ignore la taille du fossé qui les séparent.