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Toots & The Maytals › Funky Kingston

  • 1973 • Dragon DRLS 5002 • 1 LP 33 tours
  • 1973 • Island L 35776 • 1 LP 33 tours
  • 1975 • Island ILPS9330 • 1 LP 33 tours
  • 1975 • Mango Records MPLS9330 • 1 LP 33 tours
  • 1976 • Island 9101 686 • 1 LP 33 tours
  • 1976 • Island ILPS 19508 • 1 LP 33 tours
  • 1976 • Island 9101 664 • 1 LP 33 tours
  • 1981 • Trojan TRLS 201 • 1 LP 33 tours
  • 1990 • Mango/Island RRCD 21/846 580-2 • 1 CD
  • 1991 • Trojan CDTRL 201 • 1 CD
  • 1996 • Mango/Island 210 865 • 1 LP 33 tours
  • 1999 • Trojan CDTRD 420-Z/CDTRD 420 • 2 CD
  • 2000 • Simply Vinyl SVLP 189 • 1 LP 33 tours
  • 2001 • Trojan 06076 80203-2 • 1 CD
  • 2013 • Get On Down Records GET 54056 LP • 1 LP 33 tours

cd • 8 titres • 37:18 min

  • 1Sit Right Down4:42
  • 2Pomp And Pride4:30
  • 3Louie Louie5:45
  • 4I Can’t Believe3:29
  • 5Redemption Song4:12
  • 6Daddy’s Home5:44
  • 7Funky Kingston4:55
  • 8It Was Written Down3:40

informations

Enregistré aux studios Dynamic Sounds (Kingston, Jamaïque) et Island Studios (Londres, Royame Unis) en 1973. Mixage : Chris Blackwell et Dave Bloxham. Produit par Chris Blackwell, Dave Bloxham et Warwick Lyn.

L’édition chroniquée est la version CD Island de 1991, qui reprend le premier pressage – sorti sur Dragon en 1973. Nombre d’autres versions– dès l’édition Island de 1975 donnent les titres suivants : 1/ Time Tough ; 2/ In The Dark ; 3/Funky Kingston ; 4/ Love Is Gonna Get Me Down ; 5/ Louie Louie ; 6/ Pomp And Pride ; 7/ Got To Be There ; 8/ Country Road ; 9/ Pressure Drop ; 10/ Sail On.

line up

Frederick « Toots » Hibbert (voix), Raleigh Gordon (voix), Jerry Matthias (voix)

chronique

Encore un cas à part, tiens, paradoxale : complètement typique de son espace-temps mais également unique, singulier. On finirait par croire que le lieu et l’époque s’y prêtaient… Frederick "Toots" Hibbert – avec son groupe, les Maytals – prétend avoir inventé le reggae. Le mot, d’abord – avec Do The Reggay, en 1968. Et puis par extension, le genre – jolie filouterie dialectique ! Ça peut, ça doit se nuancer. Les genres, de toute façon, sont rarement l’affaire d’un seul individu. James Brown n’a certainement pas – si belle puisse sembler la légende – sorti funk et soul du néant, comme création sans prémisses, maturations, processus, ébauches etc. Pas plus que – onze siècles auparavant, à Cordoue – le dénommé Ziryab n’avait, seul aussi et ex-nihil, inventé d’un bloc toute la musique arabo-andalouse. (Ce ne sont que deux exemples, on pourrait à l’infini les multiplier). Toots and The Maytals, pourtant, pourraient presque, quant à eux, passer pour une branche du reggae à eux seuls. "Pourraient" : conditionnel. Et puis, voir. Un surgeon poussé directement des bases, en tout cas – le ska, le rocksteady – des musiques modernes du cru, mais nourrie d’autres sources, continuant cette tradition en ignorant presque les mutations autours. C’est à dire qu’aux racines et influences américaines du genre – James Brown, justement, Otis Redding, Sam Cooke, toute la soul et le funk naissants, bouillants, eux-mêmes en plein mouvement ; Motown, Stax, le Doo-Wop en sus ; on pourrait sans doute remonter même sans passer pour complètement délirant au rhythm and blues de Louis Jordan ou Huey "Piano" Smith – Hibbert et son groupe continuent de coller, beaucoup plus près que bien d’autres, passé le milieu des années soixante. Les Maytals – comme nombre d’autres en ces jours et ces parages – impriment certes à ces musiques, eux aussi, le rythme, l’accent, l’accentuation locale. Le fameux contretemps – ledit skank – en premier. Mais moins que d’autres, ils ne s’empressent d’oublier l’idiome repris. Comme la plupart de ses modèles – c’est un point notable – Toots, en chant, a grandi, appris à l’église. Et la ferveur de son chant – sans parler de son timbre, très proche dans ses graves virils et grondés, des "shooters" de la soul sudiste, là où nombre de ses contemporains s’emparaient plus volontiers du falsetto de Curtis Mayfield – semble intouchée par l’autre foi qui en même temps, sur l’île, fleurissait. Hibbert, en effet, n’est pas un rasta. Son reggae – à l’époque où ceux-là en devenaient les tenants presque exclusif, où se développait la variété "Roots and Culture" du style – s’en ressent. Ses envolées vers le Céleste, lui ne les ancre pas dans la terre des arrières cours, limons d’Afrique rêvés, fantasmés, symboliquement consacrés. Le rythme en est plus propulsif, sans ce côté planté-au-sol qui partout alors faisait florès. Les roulements et figures de la batterie, d’ailleurs, diffèrent. Eux aussi doivent plus au gospel étasunien – c’est à dire, par la bande : au jazz, au rhythm and blues, encore – qu’aux tambours d’autres cultes. Aux lumières divines qu’il entend clamer, Toots ne mêle pas, lui, les ombres du Secret et des mots d’initiés, l’herméneutique mystique de nombre de se pairs et contemporains. Une branche à part, oui. Sauf que ceux-ci, aussi, sont des Jamaïcains. Et que leur histoire – la quotidienne comme celle de leurs aïeux – ne saurait faire complètement voie parallèle. Eux comme les autres se heurtent aux mêmes lois et misères – 54-46, autre tube de Toots, présent sur un autre disque, raconte après tout son incarcération pour possession de mariejeanne, par exemple… Thème commun, récurrent, qu’on croirait presque contagieux, à force. Lui, eux, aspirent aux mêmes ascensions, à de semblables libérations, clament les mêmes changements qu’il faudrait bien saisir. C’est bien la même histoire. C’est un autre angle – d’une autre pertinence, par là. C’est une manière que ce disque nous rend solide et accomplie.

note       Publiée le lundi 27 janvier 2014

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Khyber Envoyez un message privé àKhyber

Un bien chouette album qui donne la pêche!

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ah ah ! Je me doutais bien qu'y'avait un truc de cet ordre dans ton com ! (Bon... T'as peut-être simplement eu une vision, en fait... Qui sait).

dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
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eh bé, les chroniques de Prince Far I ont disparu? ou c'est moi qui suis tombé dans la matrice?

EDIT: c'est bien moi qui suis tombé dans la matrice après une courte nuit. J'ai pris deux posts de forum pour des chroniques. Chapeau l'artiste.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Fank you ! (Non : ce n'est pas une crasse déguisée...).

Hum, disons que toute cette partie de leur disco est quand-même bien cohérente ! Bon, c'est leur premier disque Island - même si sorti d'abord sur le label Dragon, sous la présente forme, le truc était déjà produit par Blackwell - je trouve que pour eux ça ne change pas aussi profondément le son que pour d'autres. Et puis là on trouve à peu près toutes les facettes de leur style, aussi (la ballade Daddy's Home...). Sans dire que comme pour Desmond Dekker on pourrait quasiment permuter les albums, y'a une constance d'un disque à l'autre qui fait qu'on s'y retrouve, en dehors des préférences pas toujours explicables (et c'est pas forcément plus mal, hein, je dis pas) pour l'un ou l'autre album.

(Par contre oui : je garde un souvenir nettement moins marquant de la période où ça devenait un peu plus "du reggae normal", clair...).

Horn Abboth Envoyez un message privé àHorn Abboth

Cool, les Maytals sur Guts ! Personnellement, c'est pas l'album que je vais me passer quand j'ai envie d'un Maytals. Mon choix se portera plutôt sur leurs albums allant de Never Grow Old à Monkey Man. A partir du suivant Slatyam Stoot, il y a un certains virage qui s’opère dans la discographie du groupe. On passe à un truc "plus" reggae et moins rocksteady, moins nerveux au niveau de la syncope. Mais en tout cas très belle chro !