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Desmond Dekker & The Aces › Action! + Intensified

2cd • 81:44 min

cd1 : action ! • 16 titres • 41:44 min

  • 1Mother Pepper2:21
  • 2Don’t Blame Me2:24
  • 3You’ve Got Your Troubles3:13
  • 4Personnal Possession2:55
  • 5Unity2:21
  • 60072:38
  • 7It Pays3:00
  • 8Young Generation2:08
  • 9Mother Long Tongue2:09
  • 10Sabotage2:44
  • 11Mother Young Gal2:56
  • 12Keep A Cool Head2:01
  • 13Shing A Ling Ling*2:21
  • 14Unforgetable*2:31
  • 15Gimme Gimme*2:12
  • 16Fu Manchu*3:07

cd2 : intensified • 15 titres • 40:00 min

  • 1Ah It Mek1:40
  • 2Too Much Too Soon2:38
  • 3Coconut Water3:27
  • 4Sweet Music2:29
  • 5My Lonely World3:16
  • 6Rude Boy Train2:16
  • 7Poor Me Israelites2:47
  • 8It Is Not Easy2:13
  • 9Intensified2:43
  • 10Nincompoop2:11
  • 11Tips Of My Fingers3:27
  • 12Wiseman2:15
  • 13Writing On The Wall*2:17
  • 14Problems*2:25
  • 15Pretty Africa*2:30

informations

Albums enregistrés en 1968 en Jamaïque. Produits par Leslie Kong.

L’édition double CD Culture Press de 2000 regroupe - sous le seul titre d'Action! - les albums Action! Et Intensified, sortis tous deux en 1968 (et possiblement issus des mêmes sessions d’enregistrement). Les titres suivis d’un « * » sont des bonus à cette édition, absents des disques vinyles d’origine.

chronique

Je vous en parlais à propos de la compilation Dance Crasher : Ska To Rocksteady… Le rocksteady, justement – et toute cette époque – fut un moment spécial de la musique jamaïcaine. Moment d’affranchissement, d’un côté, où le rythme local, en particulier, s’affirmait, marquait sa syncope propre, littéralement à contretemps. Mais en même temps – l’indépendance du pays acquise (en 1962) et les frontières virtuellement ouvertes, désormais, à d’autres échanges qu’aux stricts flux d’exploitation, de gestion coloniale – moment où ladite musique devenait exceptionnellement poreuse. L’Angleterre, théoriquement dépossédée de sa puissance impériale sur le pays et sur ses habitants, devenait lieu provisoire, destination d’un voyage qu’on referait, d'une île à l'autre, dans les deux sens, y portant et en ramenant ce qu’on voudrait autant que ce qu’on pourrait. La défiance, aussi, envers elle, changeait sans disparaître. Encore plus volontiers, l’Amérique – les États Unis voisins – devenait un modèle, une terre de passage également. D’autant qu’il s’en passait, au même moment, là bas. Côté musique et pas que, et intimement liés : agitations, luttes sociales, guerres au dehors – le Vietnam, encore – et guérillas larvées sur les territoires nationales ; Luther King, Malcolm X, bientôt les Black Panthers ; et les fantômes de plus anciens meneurs qui commençait à ressurgir par leurs voix à tous : W.E.B. Dubois ou un certain Marcus Garvey dont on reparlerait, dont on reparlera… ; simultanément, des entrepreneurs – noirs, eux aussi – tentaient d’audacieuses percées sur le marché des loisirs, de la fête, du populaire – un certain James Brown, singulièrement ; un certain Berry Gordy, aussi, à Detroit, qui créait en 1959 cette fabrique à cartonner (dans les classements des ventes de disques) nommée Tamla Motown. En Jamaïque, donc, dès le début des années soixante, on s’emparait de tout ça : mouvements de révolte, fierté noire, stratégies volontaristes ; pêle-mêle et sans restreinte ; et de la soul music naissante, donc, tout pareil, et du plus ancien Doo-Wop – Platters, Drifters, Coasters etc., de toutes leurs voix en harmonies célestes – plutôt que de ces Beatles qui bientôt allaient visiter Buckingham. Très vite, aussi, le pays allait déchanter. La misère ressurgir, pas résolue par le nouveau drapeau ; plutôt cachée et méprisée par les nouveaux régimes. Et la musique d’ici, forcément, devait résonner de tous ces mouvements, de ces voix tiraillées. De cette forme contradictoire – forcément transitoire, qu’est-ce qui pourrait ne pas l’être, et qui serait vivant ? – que fut donc le rocksteady, Desmond Dekker reste un cas aigu, exemplaire autant qu’unique. Un type dont l’art – et celui de son groupe, The Aces – ne cherchait pas à résoudre toutes ces contradictions ; qui préférait toutes, d’un geste, les embrasser. Car ce qu’on entend sur ces deux albums enregistrés en 1968, dont l’unité de son, de ton, est telle qu’on les soupçonne tous deux issus des mêmes sessions, ce sont tout autant les influences exogènes – doo-wop et soul, disais-je, rendue ici bien plus directement qu’ailleurs ; dans les arrangements, les lignes de guitares rhythm and blues, dans ce timbre haut-perché qui rappelle Curtis Mayfield (alors chanteur principal des Impressions, groupe essentiellement ancré dans le doo-wop, justement) – que ce pli indéniablement local. Dans le rythme imprimé, je le répète, à tout le matériau : marqué sur le deuxième temps, toujours, avec cet infime décalage qu’on nommera bientôt "skank", ce pouls d’acier partout reconnaissable qui scande la battue au cœur même des velours en nappes. Dans les thèmes abordés, aussi – révoltes et appels à la paix dans les quartiers familiers, parce qu’on est loin de Watts ou d’Harlem et que les noms changent autant que la manière de les dire. Dans la façon même d’articuler, de prononcer : rarement en langue vernaculaire, ici – bien moins souvent que chez d’autres, Alton Ellis ou The Rulers, à peu près à la même époque – mais avec un accent jamais contrefait, jamais dissimulé. Tout ce qui s’importe ici du cinéma des Autres – James Bond l’espion de Sa Majesté, Fu Manchu (ou le péril jaune… joli retournement de cette fiction xénophobe, pour le coup) – est ramené aux points de mire locaux, métaphores d’événements survenus la veille, pas encore éteints. Les héros et méchants du cru – la figure du Rudeboy, ambiguë, qui de ces deux là fait un seul – la mythologie endémique, traversent et hantent ces plages. Des croyances – ou traits de spiritualité, on appellera ça comme on voudra – affleurent. Ou débordent carrément, même : Poor Me Israelites, triomphe inattendu au-delà de son berceau même, l’un des premier en Angleterre à émaner de là ; l’un des rares en patois du coin, pourtant, et qui parle sans ambages oppression et vertus bibliques. Afro-centrisme naissant mêlé sans logique apparente aux romances et affaires de jalousie obnubilée, aux airs à danser tête légère. Ça peut, vu d’ici, n’avoir l’air de rien. C’est un peu plus, quand on s’y plonge, que l’écho désuet d’une époque innocente – qui croit encore, de toute façon, qu’il y en eu jamais de telles ? C’est toujours autre chose, au fait, ce plaisir d’écoute qui perdure, que l’intérêt qu’on prend à vérifier des thèses.

note       Publiée le lundi 27 janvier 2014

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