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Abbey Lincoln › Straight Ahead
- 1961 • Candid CJM 8015 (album mono) • 1 LP 33 tours
- 1961 • Candid CJS 8015 (album stéréo) • 1 LP 33 tours
- 1972 • CBS records S 64655 • 1 LP 33 tours
- 1972 • Barnaby Records KZ 31037 • 1 LP 33 tours
- 1981 • Jazzman JAZ 5043 • 1 LP 33 tours
- 1985 • Candid CS 90115 • 1 LP 33 tours
- 1985 • Candid CCD 79015 • 1 CD
- 1988 • Candid CCD 79015 • 1 CD
- 2006 • CANDID/Pure Pleasure Records 9015/CJS 9015 • 1 LP 33 tours
cd • 7 titres • 39:14 min
- 1Straight Ahead5:23
- 2When Malindy Sings4:04
- 3In The Red8:30
- 4Blue Monk6:37
- 5Left Alone6:46
- 6African Lady3:44
- 7Retribution3:48
extraits audio
informations
Non renseigné.
line up
Walter Benton (saxophone ténor), Art Davis (basse), Eric Dolphy (anches), Coleman Hawkins (saxophone ténor), Abbey Lincoln (voix), Booker Little (trompette), Julian Priester (trombone), Max Roach (batterie), Mal Waldron (piano)
Musiciens additionnels : Rogers Sanders (congas sur 6), Robert Whitley (congas sur 6)
chronique
Encore le blues. Toujours cette violence retournée. Cette force et cette souplesse – car c’est Abbey Lincoln. Encore du jazz qui veut fuir les dogmes, cherche la forme compacte autant qu’ouverte ; les racines ; et l’au-delà de ce qui le tient captif – de l’histoire, des commerces… Straight Ahead est comme un disque jumeau du We Insist ! – devenu lui bien plus célèbre – sorti l’année d’avant sous le nom de Max Roach. Même label. Dates d’enregistrement probablement proches. Mêmes musiciens, pour la plupart. Le nom en haut sur la pochette change mais pas les motifs, l’élan, l’énergie. Mêmes inspirations et visées : les Études Noires, les poètes de l’affranchissement, de sa proclamation légale jusqu’aux révolutions en marche sous le jour. Non pas tirer un trait mais jeter un pont, tailler la voie. Un disque frère de l’autre, disais-je. Avec pourtant, une différence d’approche, une autre allure, en somme. C’est que – là où We Insist ! voulait tracer une histoire nette, une courbe tranchée, des chapitres horribles de l’esclavage au retour à l’Afrique, avec des musiciens de cet autre continent invités pour sceller l'alliance – Straight Ahead puise librement aux sources sans chercher à faire un cycle. Aussi, disais-je, le disque replonge au blues ; cette fois-ci Droit Devant, direct. Il en épouse les métamorphoses, et c’est parfois terrassant de puissance plastique – et douloureux, presque toujours. Ça plonge dans l’affreuse Misère, pour la restituer aussi brute, aussi laide que possible ; presque telle quelle s’il se pouvait – et où entendra-t-on, ailleurs, tension plus angoissante que sur In The Red, blues du compte à sec qui vous écrase les tempes et se plante sous vos côtes ? Le groupe, aussi, emprunte aux plus curieux anciens, aux passeurs singuliers. À Monk – Abbey Lincoln posant sa parole, son timbre d'acier doux, sa diction détachée sur le Blue Monk de l’enchapeauté ; les cuivres y égaillant leurs lignes ; l’anguleux du départ se mue en pure sinuosité. Et puis chez Holiday – encore toi Billie ! … Et là, ce sont nos cages thoraciques qui se fendent et se libèrent. C’est cette voix qui nous prend et nous plonge vifs aux feux de l’absence et du désir à blanc, des élans de vie qui mordent jusqu’aux tréfonds des jours sans rien, et aux sommets des plus hautes gloires. Avec ce solo de sax – Coleman Hawkins – d’une désarmante simplicité : thème repris à la note mais avec dans le phrasé, dans la matière du souffle, cette expressivité poignante qui dénude chaque note jusqu’au point aveuglant, brûlant, impossible… Il est certain qu’après cela, la tentative afro-caraïbe d’African Lady – avec cette étrange flûte en trajectoires folles, en volières brisées qui par dessus viennent danser à même nos nerfs – peut sembler d’une rudesse un peu maladroite, moins dégrossie. Que Retribution, ensuite, avec ses dissonances dans les lignes chantées, les harmonies des cuivres, ses soli tout en fluidité d’un tradition passée par le bop, si elle fait essai réussi, sera bien moins immédiatement touchante. Peu importe : elle ouvre la sortie. Disque frère, je le dis encore, de We Insist ! Mais pas un "petit" frère. (Et la couleur s’ébranle encore et aspire et exhale toutes les périphéries).
note Publiée le mardi 21 janvier 2014
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- WZX › Envoyez un message privé àWZX
Je me le repassais il y a peu, et quel disque ! Qui me saisit nettement plus que We Insist ! La manière n'est pas du tout la même certes, bien que les forces en présence sur l'un le soient presque toujours sur l'autre. Là où le cri de We Insist ! était tout entier rythme et saillances, Straight Ahead concentre la tension, la focalise - comme on prendrait une loupe pour faire converger les rayons lumineux - dans ces lignes chantantes, dans ces harmonies saisissantes. Faut dire qu'avec Waldron, Dolphy et Booker Little, la chose n'est peut-être pas si étonnante, quelques mois avant leur fameux live au Five Spot. Mais c'est surtout Coleman Hawwkins qui sidère, par son phrasé si naturel et pourtant si personnel, à contre-courant des canons classiques... Enfin, c'est surtout l'alchimie entre tous qui donne à cette musique son aura unique !
- Warsaw › Envoyez un message privé àWarsaw
Album magnifique. Tout dans le touché et la sensualité...
- Note donnée au disque :