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K.Hand › On A Journey

cd • 10 titres • 67:25 min

  • 1On A Journey4:33
  • 2I Can See6:29
  • 3Dance6:55
  • 4Starz8:02
  • 5Psycho World5:43
  • 6Numbers8:11
  • 7Computer5:20
  • 8Gotta Make You Move6:38
  • 9I Remember When9:14
  • 10Feel6:18

informations

Produit, mixé et arrangé par K.Hand (Kelli Hand).

line up

K.Hand

chronique

La musique de K. Hand, c’est entendu – à la première seconde, d’ailleurs – est toute d'électronique, circuits, appareils… Techno, tout simplement. Programmations, boîtes à rythmes, synthétiseurs, séquences, boucles. Techno de Detroit, indubitablement. Minimale. Les motifs courts et répétés longtemps, assenés ; la mesure binaire, les textures inquiétantes, moirées ou granuleuses, les nappes qui s’infiltrent, pénètrent ; une présence physique du son, prenante immédiatement, saisissant en son flot nos pouls et battues de fluides, sous son apparence d’abord désertée, vide, acharnée. Machines et corps, certes. Et Detroit, Michigan, oui. Mais ce que continue Kelli Hand, en ses œuvres d’une exactitude impressionnante, parfois presque effrayante, ce qu’elle prend à sa ville pour nous le restituer intact, compact, ça n’est pas un quelconque décor de science fiction, un vague prétexte à peindre la désolation. C’est le groove. Pas austère, désincarné comme on dit souvent – car encore une fois, on le ressent dès l’entame qui prend les viscères et entre dans les moelles, ici – mais réduit sans merci à ses déclencheurs. Les traits de chaque rythme, où qu’elle les emprunte, K. Hand en saisit l’architecture en mouvement, simple, essentielle, l’imprime à la perception, épurée, renforcée, en même temps. Avec cette manie qu’ils ont dans sa cité – manie souvent miraculeuse – de ne rien égarer dans l’opération, de nous le rendre plus fort, au contraire, évident jusqu’au choc, indéniable aux sens, système nerveux central et tous organes ou bien réseaux périphériques. Musique brute, scandée, mais jamais figée dans sa rigueur. Pulsation vitale, frontale, énigmatique. On A Journey s’empare – les transforme, les retourne : à l’essentiel, aux origines et aux possibles éclatés – des musiques… De danse. Au sens précis, même, des PISTES de danse. Depuis Detroit, donc, puise aux racines et fragments appropriés. Chez Kraftwerk sans doute, en effet, pour cette fois – pas pour rien que des plages s’appellent Number ou Computer, pas seulement une coïncidence des noms, un même goût pour le titre littéral autant qu’en indice sibyllin. Au cœur de son propre espace-temps (Detroit Tek, vous dit-on), de son présent, de son passé encore chaud – Kelli Hand semble parfois répondre directement – en pair – ci au funk dopé au spleen de Cybotron, là aux hallucinations drastiques et plastiques de Kevin Saunderson… D’autres index s'attaquent – et sans pitié, sans manières, en général – à la Trance telle que Berlin, en prenant les germes ici même, à Detroit, se l’était appropriée, essaimant de là vers l’Europe, le monde. Séquences acides captivantes, obsédantes… Un morceau comme Starz, stupéfiant de simplicité, semble taper directement – et sans le moindre défaut dans sa montée, la tenue de l’apogée, le basculement perceptif – aux récepteurs chimiques, diffuser sa substance dans les nerfs, investir les métabolismes à la vitesse du flux, des impulsions, tous intermédiaires court-circuité. Musique foutrement psycho active, oui, autant qu’indéfectible pouls d’acier. Quand Kelli Hand fait main basse sur le disco, les violons du Philly Sound, ce sont de gros bouts de son anguleux qui nous pleuvent sur la carcasse, tranchés et réarticulés avec un sens de la cassure et de l’entraînement irrésistible qui tient de l’humour féroce, dans son incroyable et imparable contraste. Et partout sur le disque, c’est ainsi, c’est ce qu’elle nous instille et nous assène : matières amplifiées, densifiées, expurgées de toute anecdote, de toute scorie narrative, du décorum. Des structures basiques. Mais lorsque l’on s’y plonge, un sens parfait des proportions dans les ensembles et les détails, le relief d’abord imperceptible – écoutez donc I Remember When au casque, en poussant bien le volume... Un voyage, oui. Fulgurant, contrasté, étendu, sans étape qui soit temps mort. Journey, donc, en anglais. On aurait pu dire Trip, aussi. Celui-là, d’un bout à l’autre, captive neurones, synapses, surfaces et tréfonds irrigués des tissus frémissants. Une plongée plus sourde, mate, viendra bientôt nous absorber.

note       Publiée le mercredi 15 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ouais, à voir ce que tu as chroniqué/ce dont tu causes en terme de techno, Detroit et ailleurs, y'a moyen que tu accroches bien. Celui-là, en tout cas, ou Ready for the Darkness. C'est "minimal mais pas vide". (Toujours pas fan de son The Art of Music, par contre, de mon côté).

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    C'est passé au dessous du radar à l'époque où je creusais un peu les vieux classiques de Detroit. C'était pas si évident de trouver le CD non plus il me semble. Depuis c'est sur Bandcamp, donc facile de se laisser tenter... hum...

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    'Starz' oui, quel titre ! Numéro six, au rapport ! À caser entre entre Beaumont Hannant et Planetary Assault Systems, qui en 1993-1994 retournaient et trituraient eux aussi le son de Detroit dans tous les sens. Beaumont le mélangeait avec le son post-rave anglais et Slater le durcissait pour en faire un truc implacable, pas étonnant qu'il ait fini par déménager à Berlin. D'ailleurs K.Hand savait elle aussi arracher des têtes, il n'y a qu'à écouter 'XTC' pour s'en convaincre.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Eh eh... Et donc oui : celui-là - déjà bien minimaliste mais plus funky (si) que Ready for the Darkness - est sans doute plus "représentatif" de la disco de la nana, en effet. Bon, ça reste roide aux angles et le groove pas "smooth" pour un copek hein... Mais parfois dans une optique presque voire carrément "disco" justement, en tout cas Philly soul, trucs pris directement aux sources proto house/tek. "Detroit as fuck", en vrai, et pile entre la partie robots-qui-tapent-dur et la partie mélancolie-cosmique de ce que peut impliquer l'expression. (C'est à dire géométrique mais jamais caricatural là-dedans, et spleeneux mais pas au sens chochotte ou éthéré au point que ça estomperait la "matérialité" du truc).

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Il est temps que je remette des lunettes, je n'avais pas vu la chronique. Ouf !

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