Kill Il This › Deviate

Il y a ce film que j'aime beaucoup, un truc de la fin des années 90 vous vous en doutez, ambiance fin de siècle, anticipation, science-fiction cyberpunk et sexualité cheloue. Ce film, c'est bien sûr Strange Days. Dans un monde idéal, cet album de Kill II This (le seul de bon) en serait la bande originale. Car tout y fait penser : les riffs urbains qui appellent au meilleur du « power metal » de l'époque (en gros, la diagonale de Pantera à Machine Head, ici en version rouille et rasoir) ; les morceaux d’électroniques complètement dépassés façon Nirvana avec Christophe Lambert ; l'intervention du gros Barney de Napalm Death sur deux titres (dont un qui s'apparente à une sorte de rap metal vénère absolument génial) ; l'intervention de voix de femmes sur des refrains mielleux ; des paroles vénères qui font l'apologie de la quen... euh qui sont anti-système ; bref, un pur produit de cette époque atroce pour laquelle on ressent néanmoins de la nostalgie. Là où Kill II This frappe fort, c'est niveau guitare. C'est inventif et frais (comme la sensation du métal sur ta peau, oui). Pas vraiment comme la voix, qui fait son office, mais qui sonne comme l'étrange fusion entre un Robb Flynn, un Mike Patton (de loin) et un James Hetfield constipé. Si Machine Head c'est du metal de soirée pour headbanger, Kill II This c'est de la musique compagnon, de la musique de Walkman par temps pluvieux sur béton. Y'a un vrai côté prolo qui sent mauvais (Angleterre oblige), qui sent poindre la bagarre. Une tentative quasi désespérée d'enjoliver l'affreux metal de cette époque, en quelque chose de charnel, d'angélique, de puissamment terminal, dans une optique « la seule chose qu'on ait pas encore vu c'est la fin du monde ». Quelque part c'est raté, et j'ai bien envie de mettre la note maximale rien que pour les souvenirs que ça engendre (y'en a peu des disques amis comme celui-ci), même si objectivement il ne la mérite pas (et puis le deuxième titre a toujours été pourri, même à l'époque). J'ignore ce que ça doit faire de découvrir ce truc aujourd'hui. Peut être que ça a ridiculement vieilli. Peut-être pas. Écoutez-moi le troisième morceau, après je pourrais plus rien pour vous.