L'Enfer, le Paradis et le Purgatoire, trois éléments essentiels de la vie après la mort dans la religion catholique (le dernier étant une pure invention de l'Église), une trilogie ayant inspiré l'auteur italien Dante Alighieri, lequel inspirera lui-même nombre d'autres artistes. Le duo Erszebeth en fait partie et franchement, ils rendent justice à la force quasi picturale des écrits dont ils tirent leur inspiration. La force de leur musique réside tout d'abord dans la voix de la chanteuse Audrey Bucci qui ravira les fans de Diamanda Galas, The Moon Lay Hidden Benath A Cloud et autres Jumeaux Discordants ; quelle conviction, quelle tension, quelle beauté inquiétante ! Elle glisse allègrement de la récitation pure au chant d'opéra en passant par divers stades de chants, symbolisant par ces diverses variations les stades émotionnels du narrateur, les impressions ressenties par les visions auxquelles il se trouve confronté en mélangeant le français, l'italien, l'anglais... Son collègue accompagne par une musique elle aussi en perpétuel mouvement, tantôt dark ambient tantôt plus percussive, limite industrielle ou néoclassique parfois, elle se coule dans l'ombre du chant, se colle à lui comme son âme qui en double l'inquiétante présence. Exercice périlleux et parfaitement réussi, la fusion entre les deux étant totale, qui plus est servie par une excellente production. Autre qualité, et non des moindres, la variété des climats ; jamais on ne s'ennuie tant on a l'impression de suivre un film sonore, sa trame et ses multiples rebondissements. Si le thème et la démarche ont déjà été tentés à plusieurs reprises, Erszebeth s'en tire la tête ceinte d'une couronne de laurier. Intense, inquiétant et jouissif.