Sparkle In Grey › Thursday evening

Qu'est-ce que c'est que ce truc qui débute de manière aussi lancinante que du Portishead les beats syncopés en moins ? Et ces violons, ils ont quelque chose de Tuxedomoon dans leurs gémissements...Plus, ça évolue, plus c'est du côté du post rock que l'on louche. La réponse à l'énigme est originaire de Milan et a pour nom Sparkle in Grey, un projet démarré comme électronique avant l'adjonction d'instruments acoustiques et de structures plus complexes. Dès lors, le collectif va multiplier les collaborations inattendues: Maurizio Bianchi, Matt Shaw...'Thursday evening' n'est rien de moins que le fruit de la collaboration de quatre petits labels, deux suisses (dont Show me your wounds) et deux italiens. Pas évident de décrire cette musique nonchalamment rythmée par ses beats électroniques sur lesquels se posent des montées progressives de violon (un travail remarquable), laissant cohabiter en son sein mélancolie et dynamisme, modernité et influences psychédéliques. Exclusivement instrumentale et, selon mes sources, parfois improvisée, la musique de Sparkle in Grey charme et hypnotise par sa fluidité un peu floue, ses harmonies subtiles et discrètes qui raviront également les nostalgiques de progressif ouverts à une audace futuriste. Pas d'esbroufe gratuite pour autant, malgré le talent des musiciens, le projet axe sa démarche sur des arrangements dépouillées, des orchestrations planantes et aérées où chaque instrument peut assurer sa part sans étouffer. Trois reprises quand même et surprenantes (Bourbonese Qualk, God Machine et Empirical Sleeping Consort), voilà qui en dit long aussi, non ? Goûtez la mélancolie de 'Of swift flight', cinématographique en diable, 'Song for Arch Stanton' avec sa rythmique club défiée par des tentations post punk qui ne vainquent jamais, sans oublier certains passages plus exprérimentaux mais jamais trop. Complexe et décomplexé, diurne et nocturne, triste et punchy, classique et novateur, électronique et acoustique, cet album porte tous ces paradoxes en ses sillons et les assemble en quelque chose de totalement fluide. Aussi énigmatique que sa pochette.