Bauhaus › Shadow of light

Avec le recul, il n’y avait aucune place pour Bauhaus dans le paysage musical, il fallait qu’ils se la créent eux-mêmes. Ni punk, ni encore moins heavy, ils étaient autre chose. Seul les Genialle Dilettanten, à Berlin, auraient pu les assimiler, puisqu’ils accueillaient en leur sein Crime & The City Solution, proches de ce style-là. Mais, à l’image de ce genre si méconnu et ostracisé, Bauhaus n’en a fait qu’à sa tête, il fallait qu’ils tracent leur route seuls, loin des regards obliques. Bien sûr, on sait que l’image et le flair esthétique du groupe (et de 4AD) en fera le tête de file du mouvement goth. Leurs clips, au menu ici, sont donc formidables : Telegram Sam est complètement déjanté et aussi crapoteux que l’original était berçant, les très cinématographiques Bela Lugosi’s Dead et Spirit sont ce que Scott Walker aurait fait s’il avait été de la génération du clip, Mask est un genre de monstre qui va pour le coup assez loin dans une esthétique "steampunk" qu’il restait encore à creuser à l’époque (on sait où Manson a piqué son attirail dans Beautiful People), quant à She’s In Parties, que dire… Quand arrive ce morceau terminal – dans tous les sens du terme pour le groupe – à la fin de Shadow Of Light, on est totalement bouche bée, subjugué, à ce stade, par le talent du groupe. C’est une chanson-attila, qui ne laisse rien repousser derrière, implacable, à l’image de Are Friends Electric de Gary Numan. Et le clip vaut totalement la claque, avec ses lumières violettes et sa mousseline noire qui évoque la longue litanie des "goth nights" du monde entier à venir… Elles allaient ressasser ce même titre pour l’éternité, tant c’est là la définition même du rock gothique au sens le plus noble.