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Forrest Fang › The Wolf at the Ruins / Migration

  • 2013 • Projekt PRO290 • 2 CD digipack

cd • 24 titres • 115:50 min

  • 1Disc 1: The Wolf at the Ruins 65:14
  • 2The Windmill 4:42
  • 3Passage and Ascent 11:47
  • 4The Luminous Crowd 6:26
  • 5Amelia 3:01
  • 6An Amulet and a Travelogue 23:58
  • 7Karina Waits at the Window 2:24
  • 8Silent Fields 7:19
  • 9Meditation 5:24
  • 10A Quiet Place 10:09
  • 11Disc 2: Migration 50:36
  • 12Invocation 1:14
  • 13Through a Glass Landing 6:43
  • 14Comfort 3:28
  • 15Koshi 3:29
  • 16Before Sunrise 2:54
  • 17Second Impression 1:16
  • 18Peru 3:14
  • 19Gradual Formation in Sand 7:24
  • 20Lowland Dream 5:04
  • 21Sleep 4:25
  • 22White Fences 3:03
  • 23Evening Song 5:48
  • 24Arpeggiana 2:30

informations

Enregistré entre 1986 et 1989 au The Hangar

On peut avoir plus d'infos et entendre des fichiers musicaux à l'adresse Web suivante: http://www.projekt.com/store/product/pro00290/

line up

Forrest Fang (Synthétiseur, piano, effets électroniques et tapes, violon et lute)

chronique

  • tribal, minimaliste

La toute première fois que j'ai entendue la musique de Forrest Fang fut avec l'album Unbound en 2011, paru sur l'étiquette Projekt. J'avais été assez séduit pour retenter l'expérience. Et c'est avec l'aimable collaboration de Sam Rosenthal que j'ai pu mettre la main sur cette très belle édition spéciale de deux œuvres que plusieurs considèrent comme majeures dans la carrière du multi instrumentaliste américain de descendance chinoise. Originalement réalisées en 1989 et 1986, en édition limitée de 1000 pressages vinyles sur le label Ominous Thud, “The Wolf at the Ruins” et “Migration” sont deux albums qui démontrent la volubilité d'un artiste fébrile qui refuse toutes formes de catégorisations de ses œuvres. Des œuvres qui redéfinissent la musique abstraite et ambiante, qui repoussent les frontières du folk traditionnel et tribal vers des territoires néoclassiques où des spirales minimalistes et des arrangements orchestraux à la Philip Glass croisaient des ambiances plus séraphiques, plus méditatives. L'audacieux label New-Yorkais Projekt dépoussière les archives de Fang et confie la remasterisation de “The Wolf at the Ruins / Migration” à Robert Rich qui insuffle littéralement un second souffle à ces deux albums qui sont maintenant disponible en un beau coffret de 2 CD qui inclus 5 titres en prime.
La nouvelle présentation débute avec “The Wolf at the Ruins”. Nous sommes plus près des arômes acoustiques qu'électroniques avec "The Windmill" qui fait chanter ses fragiles accords du lute chinoise dont les notes pincées engendrent une turbulente danse statique dans les caresses soporifiques d'un violon abstent. Si l'intro est d'ambiances, la seconde partie offre une délicieuse ballade acoustique qui débouche vers un beau duel harmonique où les ambiances folkloriques claniques étourdissent un violon chinois larmoyant. Ce court titre dépeint tout l'univers de contrastes, tant dans les tons que les harmonies, qui guident “The Wolf at the Ruins”. Entre ses ambiances éthérées et ses rythmes saccadés, "Passage and Ascent" amorce sa virée contemplative avec une une nuée de nappes de synthé dont les mouvements font danser les prismes et font résonner les délicats gongs. Tranquillement, cette ambiante masse sonique se dirige vers une structure de rythme qui prend sa source avec des nappes plus saccadées qui juxtaposent leurs essoufflements en une violente cascade miroitante. Ce rythme sec et hachuré, comme un violent staccato statique, reçoit les caresses d'un synthé dont les vents musicaux valsants et les souffles de trompettes, qui sonnent comme les nostalgies de Patrick O'Hearn, arriment "Passage and Ascent" à un port de tranquillité où tournoient des réverbérations menaçantes et des nappes de synthé oscillatoires. Un bref moment d'accalmie avant que le rythme ne revête sa structure de Babel aux polyphases cacophoniques et ne se repose dans les carillons des gongs méditatifs. Cette dualité entre les rythmes claniques orientaux, les ambiances folkloriques et les escalades cacophoniques imbibe à “The Wolf at the Ruins” un charme aussi troublant que déroutant. "The Luminous Crowd" est une belle incursion dans les rythmes tribaux avec une panoplie d'instruments, dont d'étonnantes percussions aux origines métissées. Des percussions qui dessinent un genre de transe sereine où s'accouplent instruments à cordes, xylophones et violon chinois tisseur de rêves. Si à prime abord serein et convivial, le rythme laboure sa fureur après un bref passage méditatif. Et quand je dis fureur, je fais plutôt référence à cet esprit de corps Babelinien qui entoure le désordre des rythmes qui finissent inéluctablement à se souder en une symbiose allégorique hors du commun. On aime? Le trop court "Karina Waits at the Window" saura tout autant vous séduire. C'est assez spécial, tout comme "An Amulet and a Travelogue" qui, après le très paisible "Amelia" nous fait passer par toute la gamme des émotions. L'intro est très cinématographique. Il y a un mélange de tension et de passion qui flotte sur les 5 premières minutes. Une tendre mélodie éthérée accepte les accords chantants d'une guitare acoustique alors que le rythme s'anime peu à peu tout en restant dans un cadre assez méditatif. Une essence tribale s'empare des ambiances paisibles où Fang empile ses sonorités en un dense tapis ambiosphérique plus bruyant qu'éthéré avec un acharnement à faire résonner ses cordes dans une violence centralisée dans un vase clos. Ensuite le titre épure ses bruits orageux pour accepter les fins riffs qui furètent avec des gongs. Et "An Amulet and a Travelogue" tergiverse entre ses ambiances et ses rythmes concassés qui sont éparpillés sur une structure dont la constante mutation des gènes soniques et des ambiances paradoxales nourrissent son ambigüité. "Silent Fields" n'as pas besoin de présentation. C'est aussi doux, aussi ambiant que son titre l'indique avec de lentes vagues de synthé très musicales qui transportent des délicats arpèges aux pouvoirs magiques. Et la magie est cette fusion des tons et des voix qui en découlent. C'est divin! "Meditation" et "A Quiet Place" sont les deux titres en prime sur “The Wolf at the Ruins”. Si "Meditation" est un ruisseau de prismes qui scintillent avec cette fusion de guitares dont les tonalités argentées chantent dans de denses lignes de synthé aux couleurs irisées, "A Quiet Place" est nettement plus lyrique. Plus musical avec des souffles aux voix d'oracles qui apaisent la turbulence des vents sombres mais un brin translucides.
Réalisé 3 ans auparavant, “Migration” offre une vision plus ésotérique de Forrest Fang. C'est un album plus acoustique et nettement plus poétique où l'on entend, l'on sent les structures de rythmes babéliens qui se pointeront dans “The Wolf at the Ruins”, je pense notamment à "Through a Glass Landing", à "Peru", quoique très acoustique, aux la spirales horizontales très musicales et très inspirées de Philip Glass en "Gradual Formation in Sand" et "Second Impression", finalement à "Arpeggiana" qui semble s'en être échappé. La suite est une collection de courts titres aux approches aussi baroques que romanesques. "Comfort" déroule de lourdes et menaçantes nappes d'orgue noir avant d'offrir une délicate berceuse carillonnée. "Koshi" est une belle ballade chevauchée par une guitare acoustique qui cherche constamment l'explosion. Explosion qui surviendra avec le violent "Peru". "Before Sunrise" est un court titre ambiant avec un amoncellement de nappes flottantes dont les courbes oblongues tracent des sillons soniques imbibées de voix séraphiques. C'est assez intense, tout comme "Lowland Dream" et ses carillons chantant dans des vapeurs de flûtes et de trompettes. "Sleep" clôturait la première version de “Migration” avec un intense titre ambiant qui s'est détaché des élans contemplatifs de "Before Sunrise". "White Fences" est l'un des 3 titres bonis sur “Migration”. C'est une belle ballade lunaire, sans rythme mais avec beaucoup d'harmonies qui restent suspendues dans le temps alors que très pensif et hyper mélancolique, "Evening Song" traîne ses accords de piano dans des ambiances sibyllines. C'est très beau et assez poignant par moments.
“The Wolf at the Ruins / Migration” est une belle initiative de Projekt qui s'adresse à ceux pour qui la musique est une porte d'entrée dans un univers sans frontières. Et là, il ne faut pas prendre le côté péjoratif d'une telle citation, parce que la musique est aussi belle qu'elle peut-être dérangeante. Mais l'un dans l'autre, on finit par apprécier toute la dimension artistique, et croyez moi que sa vision est assez large, de Forrest Fang. Si je peux faire un parallèle, cela serait sans doute avec Vangelis et son album Earth à cause de l'éclectisme et de l'esprit de bohème contemporain qui entoure la personnalité de Fang et qui rejaillit sur sa musique. Je vous conseille de débuter avec les petits bijoux de “Migration”, ainsi “The Wolf at the Ruins” vous deviendra plus facile à apprivoiser. Mais si vous aimez Steve Reich, Philip Glass et Terry Riley, vous serez en agréable compagnie.

note       Publiée le vendredi 22 novembre 2013

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    content de lire une revue, j'ai beaucoup entendu parler de ce projet mais j'ignorais qu'il oeuvrait dans ce registre...