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Gustaf Allan Pettersson (1911-1980) › Symphonie n°7

  • 1992 • CPO CPO 999 190-2 • 1 CD

cd • 1 titre • 44:35 min

  • 1Symphonie n°7 (1967)44:35

informations

Enregistré au Outsider Schallplatten, Hambourg, Allemagne, le 6 mai 1991. Wolfgang Köhnsen (superviseur).

line up

Philarmonisches Staatsorchester Hamburg, Gerd Albrecht (direction)

chronique

"Ma musique est la seule chose qui me permette de supporter mon destin infernal. Si je peux cependant indiquer la voie à suivre à quelqu'un qui s'est vu échoir le même destin que moi, alors c'est bien". Et comme cette maladie qui déforme mes os, je continue ma voie. Descendre les escaliers pour sortir de chez moi est devenu si pénible que je ne quitte presque plus mon appartement. Il me reste la musique. Celle-ci continuera de sonder les ténèbres. Plus littéralement que je ne l'ai encore jamais fait, je veux peindre la longue et triste marche de ceux qui ne vivent qu'en route vers la mort, sous un ciel noir et lourd. La lumière que l'on croise est pire que la pénombre ; comme un déchirement dans le voile charbon des nuages ; une lumière aveuglante à la blancheur sans vie, une purulence d'énergie brute qui s'amoncelle sous la peau malade du tapis des cordes mortuaires, le boursoufle, le craquelle, le déforme jusqu'à l'ultime laideur avant de s'en échapper en coulées toxiques ; des cuivres aux dissonances impitoyables se répandront depuis le cratère qu'ils ont percé, sur les flancs abrupts et lisses des violons effrayés, se répandant comme du pus dans les vallées glaciales, désertiques et sans lumière où l'on erre depuis que l'on est entré, là, inconscient, dans le déroulement avachi et incoercible de ma 7ème symphonie. C'est pourtant bien de beauté dont je rêve. Je ne veux pas pleurer, mais si je devais le confesser aujourd'hui, je le dirais sans détour : je suis habité par les larmes, la tristesse, et l'amour des pénombres sublimes qui errent sur ce pays aux cieux noirs dont je suis l'habitant. Alors, quand nous aurons finalement abandonné la marche et serons à genoux, vaincus par le désespoir, j'ouvrirai la plus intense des mélodies, les violons s'élèveront vers une clarté blafarde dans le chant le plus douloureux, et le plus poignant qui fut jamais. Car c'est bien de beauté dont je rêve. Et puisque mes symphonies sont des océans, je veux que le voyageur accablé puisse finalement trouver le réconfort d'une île, perdue dans la nuit, et à la surface de laquelle ne souffle ni vent ni pluie... juste la blancheur de la lune, juste la douceur et la peine de courbes de violons, des voiles tristes et sages de cordes ralenties... une "île lyrique". "L'art est irrationnel, personne ne saurait le nier. Quelque chose s'ouvre en vous, et on commence à chanter". Hier, la jeunesse de Stockholm m'a applaudi debout. Il m'a fallut plus d'efforts et de douleurs que je n'en avais encore jamais supporté pour pouvoir me rendre au concerthall, à la création de ma 7ème. Il y a fort à parier que cette œuvre se répande sur le monde ; jamais je n'avait été si clair, si audible, si bienveillant. Je ne suis pourtant pas sûr que cette beauté évidente, cette splendeur triste et sombre, la sagesse des longues plages de ténèbres par lesquelles je me suis une nouvelle fois fait le porte parole des opprimés, soient les formes les plus vraies pour leur rendre justice. Bien sûr que ces éclosions progressives et suffocantes de cuivres sont désagréables, mais le parcours affligé qu'elles agitent nous a tellement familiarisé à la beauté des ombres, que l'on se sent capable de tout encaisser. Ma musique est la vie. Il en va dans ma septième symphonie comme il en va pour ceux dont l'existence est un combat constant contre la résignation, galvanisés par le miracle permanent de la beauté qui se loge en toute chose, jusqu'au cœur de l'horreur. Serait-ce donc ça ? Voici la morne explication à l'engouement du public pour cette œuvre ? Comme je l'avais pressenti, l'enregistrement discographique de ma partition rencontre, parait-il, un succès dans le monde entier. Ils n'étaient donc pas capables de compassion, de compréhension, d'amour... ils n'ont pas su saisir l'humanité des miens, dont je n'ai pourtant jamais cessé de raconter l'histoire... il leur aura fallut un langage et une complaisance par laquelle réussir, enfin, à s'identifier à ceux que nous sommes, pour pouvoir nous aimer. Piètre consolation... tiède réconfort. Que va-t-il advenir de ça ? Rien évidemment. Le souvenir de ces applaudissements s'estompe à mesure que les semaines passent. J'ai bien arrangé un peu la disposition de mon appartement, et ma chère épouse m'aide constamment ; mais où cette tendre femme trouverait-elle la force pour pouvoir me porter au bas de ces quatre étages d'escaliers ? Je suis désormais, inexorablement, prisonnier de ces quelques murs, bloqué entre ce plancher et ce plafond, avec mon corps pour geôlier. Un corps de douleurs. Cette douleur, aiguë, sans répit, sans pitié, sans raison, et qui est devenue ma principale nature. Et il y a définitivement quelque chose d'infâme dans le fait que le monde tende enfin l'oreille à ma parole, uniquement parce que je commence à lui plaire. "Avec le zèle d'un missionnaire, on croit pouvoir sauver l'humanité par la musique. Mais j'ai bien dû constater qu'aucun être humain ne devient meilleur par la musique. Les pires fumiers que j'ai rencontrés étaient très doués pour cet art."

note       Publiée le lundi 11 novembre 2013

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