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Gustaf Allan Pettersson (1911-1980) › Symphonie n°2

  • 1995 • CPO CPO 999 281-2 • 1 CD

cd • 2 titres • 57:11 min

  • 1Symphonie n°2 (1953)46:23
  • 2Mouvement symphonique (1973)10:53

informations

Enregistré en juin 1994. Producteurs executifs : Burkhard Schmilgun. Ingénieur : Tony Kime. Producteur : Ann McKay 1995

line up

BBC Scottish Symphony Orchestra; Alun Francis (direction)

chronique

"L'œuvre à laquelle je travaille est ma propre vie, celle qui est bénite, celle qui est maudite...". Celle qui est bénite, c'est celle qui m'a amené ici, à Paris, pour suivre des cours de compositions ; c'est celle, oui, bénite ! qui m'a donné les moyens d'affronter pour de bon cette forme superlative, par laquelle je suis enfin à même d'exprimer la grandeur noire et puissante de mon témoignage, dans le calme et l'implacable lenteur de longues plages d'insondables ténèbres et de menaces aux aguets. Maintenant j'ai des cuivres, des bois et des percussions. Celle qui est maudite c'est celle qui m'a foutu Leibowitz comme professeur, son diktat est un enfer et son allégeance aux formes anciennes est absurde. Là encore je ne plierai pas. Ni mon père, ni mon professeur de violon, ni mon chef d'orchestre, ni Leibowitz ni personne. La musique est un flot, mes symphonies seront des océans. Ma musique est la vie, et la vie est un tourment. C'est une longue traversée, sur une embarcation fragile. Depuis les tréfonds d'un silence que seule habite l'inquiétude. Je n'ai plus besoin d'opacité, de vacarme ni de labyrinthe, je veux juste attrister le néant, tendre des atmosphères sombres, tapies et menaçantes, et parsemer la route de lueurs illusoires, et de coups de couteau. Alors le néant s'anime... au fin fond du silence veillent les cordes sombres, lugubres ; la lourde chape de la fatalité s'amincit au son des flûtes et les violons aigus, effilés et glacials, nous ouvrent l'éclat d'un ciel immobile et gelé ; si bien que l'on préfère encore se terrer au fin fond des ténèbres, dans ce premier silence que seule habite l'inquiétude, dans ce qui semble chaleur des contrebasses funèbres. Mes symphonies seront des océans... un seul bloc de tempêtes, une longue traversée. Les cuivres y surgiront comme surgissent les coups du sort qui piétinent notre vie déjà morne... comme le destin refuse de nous laisser en paix dans le déroulement gris de nos propres existences, et nous maltraite encore, violant la torpeur lourde où l'on s'anesthésie, les cuivres viendront saisir le silence par en dessous pour décoller nos culs de leur mort cérébrale et nous rappeler que nous sommes encore en vie. Et que la vie est un tourment. Je sais que je suis dans la justice, la compassion et la vérité. "Je dois défendre mes propres valeurs. Elles sont indispensables à mon œuvre artistique." Au diable Leibowitz : voici mon premier monstre, mon premier bloc, un océan. Mes symphonies seront de longues traversées, trois quart d'heure c'est un minimum, des étendues immenses de tensions et de silences, sur les ténèbres desquelles ramperont des clarinettes, serpenteront des hautbois et piailleront quelques flûtes, et dans le cœur desquelles, dans la nuit et la solitude, je ferai entendre le soupir attristé, la souffrance et la peine de celui dont la vie a interdit les larmes. Je passerai juste au bord d'un étang de sanglots, j'irai jusqu'à mêler mes doigts aux roseaux qui le bordent, je jetterai un coup d'œil à l'oiseau qui s'envole, mais je ne tournerai pas la tête et continuerai mon chemin... gare à celui qui préférera plonger ses yeux dans cette eau que j'aborde sans jamais la toucher, moi je ne tournerai pas la tête, je ne suis pas ici pour pleurer. Et puisque cette enfance de bruits et fureurs, de fracas et de coups n'a pas été soignée, puisque les pauvres sont encore les légions écrasées d'un monde de saloperies, je ferai se tisser depuis les sombres ridules de la mer infinie sur laquelle nous errons des crêtes aiguës de cuivres, et la force ascendante de leurs dissonances qui s'accouplent et s'enchevêtrent terrifiera les craintifs, et fera vomir les autres. Et partout l'inquiétude, sans cesse la menace, toujours l'effroi qui veille. Car ma musique est la vie. "Le compositeur, l'homme, se barre la route : ses lignes mélodiques ressemblent à des courbes de fièvres. Mais au fond de lui, tout au fond, se trouvent les forces qui le guériront. C'est l'extase qui peut délivrer le compositeur. Le jour où l'on m'appela "compositeur" je fermai mon piano et sortis dans la forêt. J'y rencontrai un cheval sans race. Nous nous sommes regardés, lui contemplant mes lunettes, moi ses grands yeux bruns et sages. Je n'y voyais pas mon reflet, mais une âme de bête stupéfaite - émerveillée par l'homme."

note       Publiée le lundi 11 novembre 2013

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