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Tori Amos › To Venus and Back

  • 1999 • Atlantic 7567 - 83242-2 • 2 CD

cd • 11 titres • 47:50 min • orbiting

  • 1Bliss03:42
  • 2Juárez03:48
  • 3Concertina03:56
  • 4Glory of the 80's04:03
  • 5Lust03:53
  • 6Suede04:58
  • 7Josephine02:29
  • 8Riot Poof03:28
  • 9Datura08:25
  • 10Spring Haze04:44
  • 111000 Oceans04:19

cd • 13 titres • 75:32 min • live. still orbiting

  • 1Precious Things07:37
  • 2Cruel06:47
  • 3Cornflake Girl06:31
  • 4Bells for Her05:42
  • 5Girl04:15
  • 6Cooling05:09
  • 7Mr. Zebra01:17
  • 8Cloud on My Tongue04:58
  • 9Sugar05:10
  • 10Little Earthquakes07:37
  • 11Space Dog05:46
  • 12Waitress10:24
  • 13Purple People04:11

informations

Enregistré par Mark Hawley & Marcel von Limbeek à Martian Engineering, Cornouailles, Angleterre. Live enregistré pendant la tournée Plugged Tour 98.

line up

Tori Amos (Bösendorfer, synthés, chant), Matt Chamberlain (batterie, percussions), Jon Evans (basse), Steve Caton (guitares), Andy Gray (programmations)

chronique

  • expériences spatiales / live en orbite

Tori Amos a toujours eu un petit côté fêlée du bulbe, perchée au sommet de l'arbre, mais cette fois-ci elle est carrément en orbite. Elle a trente-cinq ans, elle n'a jamais été aussi belle (ouais, j'étais amoureux de Tori Amos à cette époque, m'emmerdez pas) et elle n'a déjà plus rien à prouver. Donc au lieu de jouer du piano elle va jouer du studio comme d'une petite capsule spatiale personnelle. Venus, la planète Femme bien sûr, elle ne va pas se refaire, ses chansons s'immergent toujours autant dans ses relations avec la gente masculine, avec la sexualité, la religion omniprésente (fille de pasteur, tout ça), de façon bien cryptée et noyée sous des tonnes d'effets cosmiques et de nappes de science-fiction à la fois lustrées et vaguement inquiétantes. Une pop électronique sombre et bizarroïde qui ne cesse pas de dérouter les fans de la première heure, à qui elle laisse quand même le soin de déguster un "1000 Ocean" d'un classicisme Toriesque brillant, histoire de rassurer son monde. Elle sait toujours écrire des chansons simples et bouleversante, l'expérimentation de bips et de buzz n'étant pas un cache-misère pour manque d'inspiration. Car des idées, ça fourmille du côté de Venus, des morceaux hypnotiques comme le regard de sorcière d'Amos, le menaçant "Juarez" et son récit de femmes enlevées et violées à la frontière mexicaine, le délicieusement suave "Lust" dégoulinant de cyprine alien, l'étrange "Suede" à la rythmique de mécanisme évaporé. Et puis de petits bijoux de pop synthétiques comme un "Glory of the 80s" bien nommé qui revisite cette fameuse décennie d'éclats de sons étoilés et nostalgiques, et le tordu et technoïde "Riot Poof" au groove rigide et spatial. En point d'orgue, Tori balance une drôle de dérive aux rythmiques déroutantes, huit minutes quasi-improvisées en forme de fascinant inventaire horticole, traversée sonore et labyrinthique dans un jardin où pousse une plante empoisonnée et mortelle, la datura. Alors la musique s'interrompt pour laisser place à un vieux beat tout grésillant et des nappes ambiants extraterrestres comme entendus dans le poste de commande d'un vaisseau endommagé, crashé sur une planète inexplorée et hostile, où bientôt la voix d'Amos se fait entendre pour invoquer le nom de Canaan, référence biblique oblige. Arrivée à ce point de bizarrerie elle n'ira jamais plus loin dans ce sens, d'ailleurs le "Spring Haze" qui suit remet les pendules à l'heure d'une plus grande accessibilité mélodique, sans perdre pour autant ce côté flottant dans l'espace qui fait que ce premier CD "Orbiting" porte bien son nom. Avec cet opus qui devait au départ se constituer uniquement de faces B et d'essais divers, Tori Amos signe son album le plus expérimental et électronique et met un terme à une démarche qui l'a éloigné petit à petit de sa base. En revanche sur scène, c'est autre chose. Après avoir longtemps tourné (et Dieu sait que Tori tourne beaucoup, sans cesse, c'est même ce qui a participé à contribuer à la renommée de la demoiselle) seule avec son piano, elle s'est trouvée dans une formule plus rock à partir de la fin de la décennie, accompagnée de ses fidèles guitariste (Caton) et bassiste (Evans), et de l'indispensable Matt Chamberlain. Et faut bien le dire, le résultat est assez stupéfiant. Amos est une bête de scène, à la fois artiste profondément singulière et idiosyncratique capable de déplier et tordre ses morceaux à loisir, et performeuse rock tout simplement extraordinaire. Il faut la voir assise en déséquilibre précaire sur son tabouret et dans des postures disons souvent troublantes, coincée entre son Bösendorfer et ses synthétiseurs, parfois les mains caressant les deux instruments de concert, n'hésitant pas à allumer son public avec une sensualité agressive ou complice. Faut entendre le traitement violent auquel succombe le classique "Precious Things" en ouverture, flingué d'entrée par Chamberlain et enveloppé de nappes planantes de basses. Comme pour la plupart des morceaux, les interprétations live de Tori Amos défoncent toutes les versions studio. Donc voilà, un témoignage parmi tant d'autre d'une artiste qui n'est jamais plus à sa place que devant son public (parfois un peu relou et bruyant), en osmose totale avec un batteur fantastique dont on comprend très vite pourquoi la belle rousse l'a affublé du surnom de "The human loop". Une setlist qui pioche beaucoup sur les deux premiers albums, la belle sait pratiquer le fan-service sans donner dans le démago, avec au passage deux inédits dont le grave et plombé "Sugar" qui relance la machinerie après une petite série en piano-voix. Et puis voilà, pour finir aussi fort qu'elle a commencé, c'est "Waitress" qui prend cher, pendant près de dix minutes. Un long crescendo purement sexuel, avec ses piques de tension soudaines en préliminaires, avant une explosion orgasmique au terme d'une lente mais inexorable montée en puissance. Il est coutume de dire que la jouissance féminine est transcendantale, si c'est le cas alors Tori Amos ne s'en est jamais autant approchée musicalement que sur cette interprétation hallucinante, un des dix ou cinq morceaux que j'emporterais sur une île déserte, ou dans l'espace. Une force qui terrasse, qui submerge, et qui laisse à bout de souffle.

note       Publiée le jeudi 7 novembre 2013

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    commentaires

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    Dun23 Envoyez un message privé àDun23

    Le live défonce tellement que c'est clairement lui que je retiens le plus aisément de ce diptyque. Après, bien sur 1000 Oceans rappelle les vieilles heures de gloire de la belle et ce, avec une classe monumentale et faut bien avouer que le reste n'a pas a vraiment rougir du reste de la discographie de la rousse. Expérimental est le mot! 4 pour le studio, 6 pour le live, un gros 5 en somme.

    Note donnée au disque :       
    NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

    Très beau texte n°6.

    Va falloir que je choppe çà maintenant.