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Momus › Timelord

cd • 8 titres • 36:12 min

  • 1Platinum04:44
  • 2Enlightenment04:30
  • 3You've Changed03:43
  • 4Landrover05:06
  • 5Rhetoric05:10
  • 6Suicide Pact03:35
  • 7Christmas on Earth05:07
  • 8Breathless04:17

informations

Enregistré et produit par Nick Currie

Pochette par Pierre & Gilles. Nick Currie a mis à disposition l'album Voyager en téléchargement sur Ubu.web : http://ubu.com/sound/momus_timelord.html

line up

Nick Currie

chronique

  • électro-pop au bout du rouleau

Y a des jours comme ça où plus rien ne va. On aimerait avoir une seconde vie, retourner dans le passé, reprendre les choses à zéro. Où l'angoisse de se retrouver seul pour toujours au milieu de l'univers nous pousse à délirer, à prêter des serments d'amour insensés. Qu'il paraît loin le Nick Currie des années quatre-vingt, ce dandy sarcastique et pervers, ce chanteur de cabaret synthétique et interlope. Aujourd'hui Nick Currie ne va plus très bien, la boule au fond de sa gorge l'empêche d'avaler correctement la sale couleuvre que le destin vient de mettre en travers de sa route. Une histoire d'amour contrariée, c'est vieux comme le monde. Et pourtant. A ce moment précis où il achève son dernier album pour Creation Records, qui depuis bien longtemps ne se préoccupe plus guère de son sort, l'écossais se dit que ça pourrait bien être la fin. Et ça s'entend dans sa musique, toujours cette électro-pop minutieuse, une dentelle aux sonorités spatiales qu'il affectionne tant, mais plus mélancolique que jamais, qui respire la tristesse et une urgente angoisse de vivre encore. Et dans ses paroles, à des années-lumière des récits hilarants et salaces du tendre pervers d'avant, des introspections profondes et graves encore un peu marquées par un sens du cynisme grinçant qui se manifeste par exemple dans le sinistre "Enlightenment", aux ondulations de trip-hop cosmique, où une sorte de prescience morbide lui fait dire "Tell me you will be there when I've only got one eye.". Nick Currie perdra effectivement son oeil droit quelques années plus tard à la suite d'une infection... On n'est jamais trop prudent avec ce qu'on écrit. Il finira pas perdre aussi sa compagne Shazna, qui alors était retenue dans sa famille indienne et très orthodoxe au point de vouloir la marier de force à un homme du pays et surtout pas à cet écossais extrêmement louche. L'album est hanté par cette situation impossible, Momus séparé de son amour, prisonnière de l'autre côté de la planète, un sentiment d'isolation et d'incertitude lancinante qui pèse sur l'écriture et les compositions de Momus, ex-dieu du sacarsme devenu un Don Quichotte du sentiment amoureux. Les mélodies flottent dans un espace vide, tellement éthérées parfois qu'elles en deviennent insaisissables, d'où un effet légèrement comateux. Il émerge quand même de cet horizon infini de déprime le magnifique "Rhetoric", déclaration sentimentale aux métaphores pleines d'oxymores, sur un écrin de beats lo-fi et de synthés stellaires. Mais l'affaire retombe vite dans les affres et les gouffres de la paranoia et de la crispation du coeur, on n'écrit pas un "Suicide Pact" sans raison. Les anglo-saxons appellent ça un "downer", un album à ne surtout pas écouter en période dépressive, trop sombre, trop glaçant de sentiments écrasants. Il s'achève sur le terrible "Christmas on Earth" où littéralement la pesanteur de l'isolation totale dans une station spatiale en dérive si loin de sa planète évoque la distance peut-être plus jamais réductible entre Nick et Shazna, une pure chanson crève-coeur où la période de Noël prend les teintes les plus insupportables de la solitude. Sans doute une des plus belles de Momus, un truc absolument déchirant, à tirer des larmes malgré son absence de tout pathos déplacé. Elégance avant tout, malgré tout. Et l'astronaute perdu d'échouer dans un pauvre bar, peut-être sur la face cachée de la Lune, à siffler un alcool de marin de l'espace alors qu'un orchestre un peu miteux, un peu ringardos, fait claquer des doigts sur un slow aux arrangements cheap de boite à rythme et de synthés de contrebande. Histoire de noyer le chagrin y a rien de mieux que ces petites mélodies un peu désuètes : "There are clouds at the end of the rainbow." dit le crooner fatigué. Ca ne respire pas la joie de vivre, mais survivre en attendant mieux, c'est déjà ça.

note       Publiée le dimanche 22 septembre 2013

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Enjoy the ride. La période post-Creation recèle aussi des perles, qui devraient être chroniquées…. euh, un jour.

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    pas encore tourné la page du maoist intellectual mais je devrais bientot continuer la disco en ordre chrono

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Y a vraiment pas que la pochette qui est glauque. Cette fin d'album me plonge dans des abîmes de mélancolie, non, de pure tristesse dégueulasse.