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The Prodigy › The Fat of the land

cd • 10 titres • 56:20 min

  • 1Smack My Bitch Up
  • 2Breathe
  • 3Diesel Power [feat. KOOL FUCKIN' KEITH]
  • 4Funky Shit
  • 5Serial Thrilla
  • 6Mindfields
  • 7Narayan
  • 8Firestarter
  • 9Climbatize
  • 10Fuel My Fire [reprise de L7]

informations

Enregistré à Strongroom, Shoreditch, Londres - Produit et Mixé à Earthbound par Liam Howlett

line up

Liam Howlett, Keith Flint (vocaux), Maxim (MCing)

Musiciens additionnels : Kool Keith (MC)

chronique

  • big beat rock'n'roll style

Fat of the land, c’est quand même l’acmé de tout un pan de la musique 90’s, course au gros beat qui tâche et à la violence verbale vers un millénaire que l’on attendait FAT, adjectif qualificatif synonyme de balèze… Leftfield, Fatboy Slim et compagnie pouvaient ranger leurs ordis, Prodigy avait enfoncé le clou jusqu’à la garde et ne laisserait rien repousser. Howlett, qui jusque alors n’en finissait plus d’étirer ses morceaux comme trop de bidouilleurs anglais de l’époque, avait injecté une grosse dose de stéroïdes Jungle dans ses bombes artisanales, et le résultat ne se fait pas attendre : ce disque d’une brutalité rare pour le mainstream saute à la gorge pour ne plus lâcher jusqu’à la dernière seconde. Déjà, Smack My Bitch Up, bon… Est-il besoin d’en parler, vraiment ? Un tel titre peut-il déclencher autre chose que pure jubilation ou dégout immédiat chez quiconque ? Disons simplement qu’en entame d’un disque, ça impressionne quand même, tant le niveau est placé haut. Bien loin de relâcher la pression, Breathe nous laisse galoper devant comme une pauvre antilope vouée à être déchiquetée, tandis que Maxim nous tance de ses crocs de platine et de ses yeux de caïman albinos, "you’re the victim", certain que nous finirons en pâture à ce tractopel supersonique, las de ricocher contre les murs suintants de ces égouts labyrinthiques. Tout le titre ne repose au fond que sur ce riff de pure Surf Music rejouée au synthé, mais quel riff ! Quel coup de génie… Et le son de fouet métallique qui semble claquer derrière nos basques, en guise d’enluminure percussive… Deuxième tube en puissance ? On dirait bien. Mais le titre de grande classe, celui qui vient rendre à Kool Keith ce qui appartient à Kool Keith (la punchline "Change my pitch up, smack my bitch up", c’est lui en 88), c’est Diesel Power. Quelle bombe. Samplé, donc, sur Outta Space comme sur Smack My Bitch Up, Kool Keith se retrouve donc, par ce renvoi d’ascenseur, exposé à un grand public mondial qui ne le connaît guère, ce morceau est le sien, rien qu’à lui, et c’est ce qu’on appelle un plan sans accroc : le MC vient rappeler à tous qui est le patron, le temps de 4 minutes parfaites, où son flow vient revêtir l’exosquelette dévastateur que sont les beats de Prodigy. On a l’impression de se retrouver au milieu d’une usine, suivant tant bien que mal cet acrobate qui sème les mines antipersonnel entre deux machines-outils d’une proportion colossale. Howlett a ici atteint une maîtrise du gros son que ni lui ni personne ne retrouveront jamais plus. C’est le seul titre dépouillé de l’attirail cyberpunk version funky, qui déçoit un peu sur certains titres comme Funky Shit. En fait, près de la moitié des pistes sont un peu vaines face aux monstres que sont celles mentionnés dans cette chro… Derrière ce boucan sur-gonflé en basses et en kicks de grosse caisse maousse comme des bastos de hooligans polonais, on remarque à peine que les délires orientalisants de Howlett n’ont pas tout à fait disparu, même s’ils sont ici bien plus digestes sous le feu nourri de Mindfields et Narayan, qui sont en fait les titres les moins bourrins du cd, ce qui reste bien brutal. En vérité, ils ne sont que le prélude, bien petit bras en comparaison, de Firestarter, alias "l’implacable purge de ta race" selon l’expression consacrée dans Télérama, qui ne manqua pas de donner à ce disque ses 4 F bien mérités (fucking festival de famas flambantes). Encore une machine à rendre sourd, à se déchaîner comme un diable, à se désarticuler férocement pendant que l’apocalypse a lieu. Oui, mais cette fois, il y a ce requin du mic nommé Keith Flint à la harangue, et le bougre donnerait des montées pyromaniaques à n’importe qui… Comme ça, gratuitement. Prodigy fait de la violence gratuite, oh oui, sans vergogne et sans coquetterie à la Eminem façon "regardez comme je suis subversif". Et à ceux que ça fait grincer ou pire, sortir les arguments moralisateurs, Prodigy a déjà une réponse, énoncée avant eux : "People like you just fuel my fire", refrain de ce titre des L7 qui se retrouve ici monté sur réacteurs, en guise de fuck off typiquement punk. Dans les moralisateurs à la con figureront tristement les Beastie Boys, probablement travaillés par leurs années de fausse misogynie, qui critiqueront les "paroles" de Smack My Bitch Up… Ou comment avouer à demi-mot que ahem, oui, ça fait mal au cul de voir qu’on se fait tataner à son propre jeu par des connards de rosbifs décomplexés. Car en vérité ce Fat Of The Land est dans la même veine de tabassage massif que des titres comme Sabotage, simplement, sur un album durant, et avec l’aide d’une technologie de cyborg. Et puis il y a l’image du groupe, de plus en plus sulfureuse au fil des singles de cet album… Devenu sans complexe un genre de Sex Pistols moderne du point de vue de son image, Prodigy avait compris que pour marquer il fallait impressionner la rétine. Pour qui considère les 3 clips dantesques accompagnant les singles de cet album, Fat of the Land mériterait presque son 6/6 en tant qu’œuvre emblématique d’une époque, indépassable au point qu’il est vain de chercher plus efficace, plus puissant, plus dansant aujourd’hui. Dans cette cour où ils venaient de faire le vide de quelques molotov fumants, seul RATM pouvait rivaliser, avec des moyens différents mais une même exhortation à l’émeute, ou à l’éclate, on ne sait plus trop. Après ce point de non-retour, mon intérêt pour Prodigy sera proche du zéro, dans ces années 2000 qui représentent tout ce qu’ils ne sont pas.

note       Publiée le mercredi 4 septembre 2013

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Note moyenne        29 votes

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commentaires

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Je n’ai pas la nostalgie de cet album, qui ne m’a jamais donné envie.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Perso il est une des preuves que la nostalgie et la découverte ne sont pas toutes-puissantes devant la réalité.

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cerealkiller Envoyez un message privé àcerealkiller

Ici c'est un gros 6 boules par nostalgie.

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Les années ont tranché : moins bon que Jilted, assurément. Un peu trop direct, exagérément punchy, peut-être, ça laisse un goût de simplisme, au lieu de simple simplicité. Ou alors pas assez techno, ni aussi abouti que The Day is my Enemy dans l'optique plus rock.

Message édité le 23-12-2023 à 18:06 par born to gulo

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nicola Envoyez un message privé ànicola

Cette musique ne m’a jamais touché…

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