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Ruthless Rap Assassins › Killer Album

cd • 14 titres • 58:09 min

  • 1Crew From The North
  • 2Law Of The Jungle
  • 3And It Wasn't A Dream
  • 4Go Wild!
  • 5Just Mellow
  • 6Here Today...Here Tomorrow
  • 7Justice (Just Us)
  • 8Posse Strong
  • 9Jealous MC
  • 10That's My Nigger
  • 11To The Other MC's
  • 12Yakety Yak
  • 13B Line
  • 14Three The Hard Way

informations

L'album a été réédité en 2010, après 20 ans sans pressage. La réédition anniversaire comporte trois remixes en guise de bonus.

line up

Kermit La Freak, Dangerous Hinds, DJ Dangerous C

chronique

  • alternatif > madchester style

Les Anglais ont toujours été grassement membrés pour ce qui est de taquiner les Américains dans leur propre domaine, sur leur propre terrain. Le hip-hop a fait exception, à l'exception de Ruthless Rap Assassins. Un bel exemple d'humiliation, fait d'autant notable étant donné le millésime et les gabarits de cette époque de pachydermes carnivores, où le flow et le beat étaient massifs et intimidants... ou restaient cachés. Killer Album, sorti en 1990 (roooh, mais bien sûr que vous savez lire les détails techniques!), n'est pas seulement le meilleur album de hip-hop sorti de chez les Rosbiffs. C'est probablement l'un des meilleurs albums de hip-hop européens jamais torchés. Et pour vous achever : au moins au niveau des Beastie Boys en termes d'audace expérimentale et d'efficacité (la comparaison est pas gratuite : écoutez la reprise de "Yakety Yak", vous comprendrez que ces rappeurs pur jus savent faire du punk à l'arraché; normal, eux c'est leur patrie, et l'originale est tout ce qu'il y a de plus américain !)... Bref un album qui dès sa pochette-collage s'affiche odieusement moderne et avant-garde, sans pourtant s'être dépareillé de ce charme typiquement early 90's et un brin kitschos, d'ailleurs par moments c'est comme si on retrouvait devant une vieille compile dance machine... qui aurait été retravaillée par le Bomb Squad !!! En parlant de ça : Fear of a Black Planet et Amerikkka's Most Wanted ont mis le feu en deux points stratégiques des States cette année-là. Et De La Soul sont là pour assurer la crème du Cool. Les U.S.A. sont sous le choc, et comme ces enclumes capitalistes libéraux dominent l'économie au sortir de la guerre froide, le Monde n'a pas entendu ce qui provenait de la Perfide Albion. L'Histoire dans sa grande injustice ne retiendra le nom des Ruthless Rap Assassins que dans les cercles très fermés des amateurs les plus pointilleux... double injustice car Killer Album est un des disques les plus réclameurs de public, les plus "pop-friendly" et bigarrés du hip-hop, tout en restant farouchement expérimental, patchworkesque, zébré de scratches haute-couture et de samples de dialogues à donner des leçons de classe à la horde Wu-Tang avant son éclosion. Gutsien ? Mais... bordel de minitel en béchamel, y a pas un album sorti par un groupe hip-hop de l'Âge d'Or qui soit plus gutsien que celui-ci, ne pose pas la question lecteur lointain ! On pense pop comme je disais, mais encore plus house. Lolologique : Kermit La Freak (lolahah) et les frangins Hinds sont passés par la Haçienda, comme Happy Mondays, Primal Scream... Loooogique ! Manchester est leur bastion, et ce lieu de nuits caméléones (en deux mots ça marche aussi) a laissé des trucs house flashy collés au mic de ces aliens totaux du hip-hop : "Go Wild" avec son sample arraché de Easy Rider et son beat techno-tronic de MALADE GENIAL, vous donnera l'exemple le plus explicite, mais l'album en recrache tout du long, de cette flashy/nocturne attitude, même si le jeu de mic tente toujours de dominer, la matière à la base de ce skeud c'est pas le crack comme Outre-Atlantique, mais l'ecsta... Inutile alors de préciser que les architectures des morceaux sont souvent aussi dingues que pondues dans la désinvolture la plus défoncée mais contrôlée. Le contrôle dans la défonce ouais, imagines-toi en train de graffer des quetzals sur un container rouillé à six heures du mat' en sentant les flics à moins de trente mètres mais t'en as rien a cirer c'est trop beau, faut finir, ksssshhhh... Les effets sur les samples et les voix, ça pue le psychédélisme, la tech urbaine ("Here Today...Here Tomorrow")... La reverb' est souvent d'un niveau pornographique. Les beats à la Eric B. aussi monstrueux que des pets de cargo. Des beats qui bifflent nos baffles avec rigueur. Sans parler de tout l'attirail instrumental convié ("Justice (Just Us") qui écrase absolument tout ce qui a pu sortir à l'époque en hip-hop, en termes de richesse hertzienne fourmillesque (quequejdis?). Après cette turlute aussi détaillée qu'imparfaitement informative pratiquée par votre serviteur sur le sensuel et sublime massacre perpétré par les productions, reste à causer des MC's : les flows, relativement classiques pour l'époque, n'en sont pas moins gavés de gouaille, de charisme et de piquant, façon Slick Rick et dégommeurs de wack MC's musclés à la LL Cool J, et savent allier egotrip bienveillant, délires ludiques et mental politico-social d'acier. Ils se collent comme des rémoras aux reflets d'opale contre les nageoires maouss de ce hip-hop d'Outre-Rave aussi fluorescent que monolithique... Un des hybrides les plus cools de son temps, au sortir duquel le mental chamboulé d'un jeune parvenu de mon acabit reste étendu comme une flaque honteuse dans laquelle ses certitudes éclatent définitivement telles des bulles. This Is British goddamn' Hip Hop, you stupid roudoudou, so KNEEL DOWN.

note       Publiée le samedi 17 août 2013

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    cyprine Envoyez un message privé àcyprine

    Justice, Justice ! Musique de film. Prépare tes meilleures poses mon garçon !

    Note donnée au disque :       
    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    "Vivre avec son temps / rapide", voilà qui est approprié avec ce que je constate encore régulièrement dans nos coms ; je compte donc sur un max de monde pour venir se précipiter afin de livrer son avis et si possible le plus frais possible, voire pendant l'écoute - et pourquoi pas avant. Cet album est le contraire d'une lubie jetable, ressorti régulièrement depuis trois ans avec autant de mandales redécouvertes avec la banane, de petits sons que j'avais pas captés les fois précédentes et de pumping beat fatal - l'écorchure à nos Beastie chéris est pas totalement gratuite même si c'est surtout pour appâter en salaud évidemment (l'exercice me manquait) ; chro 100% racoleuse et subjective assumée mes loulous... mais avec recul et mûre réflexion en amont. Ce RRA vous smacke tous depuis l'outre-espace des MC's, que vous soyez dubitatifs comme bayrou ou pas sur la justesse de mon avis c'est quoi qu'il en soit le gros smack toxique bienveillant, SMACK!

    Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

    Babah, cette chro qui racole en panoramique. Madchester + hip hop (ce genre de description me fait penser à Pop Will Eat Itself d'ailleurs), c'est amplement suffisant pour que je m'intéresse à ce truc oublié.

    Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

    Je découvre, du coup, et si c'est clairement pas mal, les mettre au dessus des BB, ça me parait un peu rapide. Mais bref, ce que je trouve étrange, c'est qu'en France on a souvent pointé du doigt le hip hop anglais comme étant incapable de rivaliser avec celui produit aux USA, le trip hop (puis Roots Manuva et le grime) étant jadis vu comme les réponses tardives et nécessaires... Mais pourquoi personne ne parle jamais de Criminal Mind, London Posse, Hardnoise ou (!) ces RRA ? Voilà des groupes qui surbuttent et qui sont 100% hip hop !

    Damodafoca Envoyez un message privé àDamodafoca

    Yep, mais pas que, le sieur Batista est aussi très bien calé et d'excellent conseil en reggae, en dance/techno des années 90 et en rock indé de la même époque.