Peut-être si vous l'avez lue, aurai-je réussi à titiller votre curiosité avec ma chronique de la bande-son de 'Children of Nature' composée par Hilmar Örn Hilmarsson, figure incontournable de la musique islandaise mais également internationale suite à ses collaborations (Current 93, Halfer Trio, Psychic TV), sans compter son rôle prépondérant en tant que haute éminence de la religion Asatrú. 'Children of nature' a été mis en scène par le réalisateur Fridrik Thor Fridriksson (à qui l'on doit le documentaire 'Rokk i Reykjavik') avec lequel Hilmarsson travaillera à plusieurs reprises. Du fruit de ce partenariat, le label Smekkleysaa tiré cette magnifique compilation groupant des morceaux tirés de cinq films ('Children of nature', 'Movie days', 'Cold fever', 'Devil's island' et 'Angels of universe'), lesquels témoignent d'une vision globale expliquant probablement le plaisir de deux hommes à travailler ensemble. Hilmarsson fait montre d'un goût particulier pour les cordes qui lui permettent d'évoquer l'ampleur des images de son ami mais également de développer une mélancolie poignante lorsque le besoin s'en fait ressentir; on le sent à l'aise dans les tons frais qui lui permettent de s'adapter aux émotions du moment, tant dans la légèreté ('Homage to the Scream Queens') que l'inquiétude ('Ars moriendi'). L'homme est également un pionnier dans l'art de la musique électronique, il la fait donc cohabiter en pleine harmonie avec les instruments acoustiques et électriques, usant judicieusement de la programmation pour plomber l'atmosphère ou renforcer le cristal de certaines pièces. Peu évident de discuter bande-son sans le support des images mais les gens de chez Smekkleysa ont bien fait leur boulot en s'assurant d'une vraie cohérence sonore qui permet à l'auditeur de déguster ce cd comme un album de dark ambient. La musique de Hilmarsson dégage une impression hivernale mais également d'espace; même les passages les plus sombres ('Summing up') ne bâtissent pas de murs, toute obscurité garde sa lumière aussi lointaine soit-elle et ce sentiment de non-enfermement s'apparente au final à celui de liberté. Je ne suis pas étonné des tons bleus et flous pour le livret car c'est exactement ceux qui me viennent à l'esprit mais de manière naturelle: le bleu de l'eau ou du ciel, le gris de la brume auxquels se mêleront l'ocre de la terre, le vert boueux des prés, le noir charbonneux de la roche volcanique...Une efficace manière de voyager les yeux fermés ou de faire ses propres films dans sa tête.