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Dub Syndicate › No Bed Of Roses

1cd • 13 titres • 55:05 min

  • 1No Bed of Roses4:15
  • 2Private I4:49
  • 3Jamaican Proverb4:16
  • 4Fire Burning4:12
  • 5Hard & Tuff4:03
  • 6Uplifting4:08
  • 7Nothing Comes Easy4:19
  • 8Adam & Eve3:56
  • 9Kingston 144:00
  • 10Kingston 14 (Version)4:00
  • 11Fire Burning (Version)4:12
  • 12Adam & Eve (Mix 2)4:06
  • 13(Nuttin Naw Gwaan)4:49

informations

Enregistré au studio Tuff Gong, Bell Road, Kingston, Jamaïque. Mixage et overdubs faits au Nomob Studio, Londres. Ingénieur du son à Kingston : Anthony Graham, assisté par Andrew Hamilton. Ingénieur du son à Londres : Adrian Sherwood. Produit et arrangé par L.V. Scott et Adrian Sherwood.

La chanson Nuttin Naw Gwaan est en fait un morceau « caché », audible après un blanc à la suite d’Adam & Eve (Mix2), sur la même piste, et non crédité sur la pochette.

line up

Style Scott (batterie, percussion), Adrian Sherwood (samples), Earl "Chinna" Smith (guitare), Steely (Anthony Johnson aka Steely (piano), Delroy Cooper aka Pow (basse), Daniel Thompson aka Danny Axe Man (basse), Winston Bowen aka Bopee (guitare), Lloyd Denton aka Obeah (piano), Paul Crossdale (claviers)

Musiciens additionnels : Cedric Myton (voix sur 1), Yasus Afari (voix sur 3 et 5), Lloyd Forrest (voix sur 4 et 11), Cornell Campbell (voix sur 7), Gregory Isaac (voix sur 9 et 10), Ca$h (voix sur 13), Uplifter (voix sur 13)

chronique

Le Dub Syndicate n’est pas un groupe : c'est un Sound System, plutôt et pleinement. Un collectif ouvert, gravitant autours de quelques individus déterminés – en l’occurrence Style Scott, batteur et percussionniste des stakhanovistes Jamaïcains Root Radics, et l’Anglais Adrian Sherwood, pas moins prolifique, tête pensante et active du Label On-U Sound. Autour de ceux-là, les invités viennent en amis. Mais les mains pleines, toujours, et toujours pas pour chômer. En retour – et sans que pour ça les hôtes aient besoin d’abdiquer quoi que ce soit de leur son bien spécifique – ceux qui passent peuvent poser leur voix, leur contribution, eux, sans que soient rabotés sens ou manières, dilué le propos, la matière. Sound System en esprit, en substance, ce disque-ci l’est particulièrement. Et Jamaïcain, ô combien ! Jamaïcain de la Diaspora – ce qui ne veut pas rien dire, quand on sait combien les gens de là–bas voyagent, véhiculent, sortent et reviennent, insatiables et attachés. Quant on se rappelle à quel point l’île fut toujours le centre de trafics, contrebandes, lieu clé, avec ses baies cachées, des chemins parallèles où passaient marronnages et butins. No Bed Of Roses – avec son titre combattant précisé, confirmé une fois sortie de sa pochette à pompe de CRS ou d’émeutier, dès la première chanson : la vie n’est pas un lit de roses ; il faut courir, cogner, trimer – convie des vocalistes de tous les âges, décennies variées, styles alternés. Toast de Dancehall posé, chaleureux, par de quasi inconnus – Yasus Afari ; parlé-chanté sur rub-a-dub noyé d’écho par d’autres carrément repérés nulle part ailleurs – Lloyd Forrest ou le dénommé Ca$h ; ou… Timbres bien plus connus qui viennent filer leurs mots en mélodies vives ou douces, ou les deux – Cedric Myton des Congos, Cornell Campbell, Gregory Isaac. La musique où se loge ce beau monde – et le son : quand on parle de dub, impossible souvent de distinguer les deux – fait mieux que suivre les supposées tendances historiques, les mouvements de quoi chacun est sensé faire blason. Comme d’autres – au hasard, Sly and Robbie – Scott, Sherwood (et leurs acolytes du moment… on constatera en parcourant les crédits que ce ne sont pas là que d’anonymes cachetonneurs des studios – de la guitare d’Earl "Chinna" Smith au piano de Steely, moitié du duo de producteur Steely & Clevie – encore une histoire de générations qui se croisent, tiens) offrent à ceux qui entrent avec eux en studio des contextes inédits, de prendre les choses à des vitesses pour eux inhabituelles, de mêler leurs textures et tessitures singulières à des sons qu’ailleurs on n’oserait pas. De fait, en terme de tempo, l’ambiance est souvent à la vélocité. La section rythmique, à ce titre, est assez incroyable : la batterie de Style Scott, lourde et aérienne en même temps, frappe métallique sur les cymbales et la caisse claire, grosse caisse profonde, battue aiguisée, compressée par les effets ; et cette basse à la fois ronde et compacte, pleine, chantante, obsessionnelle. Les rares moments où le rythme ralenti – Private Eye et son sax (Dean Fraser ?) qui sinue en chromatismes orientalisants, comme le mélodica chez Augustus Pablo ; Jamaican Proverb et ses claviers scintillants comme des copeaux d’argent ou d’acier – c’est pour nous plonger plus loin dans l’espace du son, plus profond. Où s’intensifie la fournaise. Car en effet, ce qui fait tout de suite évidence – et toujours mystère ? – sur ce disque-ci plus que sur d’autres, c’est cette façon unique de faire exsuder aux machines ce climat de touffeur tropicale enclavée dans les cités modernes aux cieux en gris plombés. De pousser les robots – de leur faire concurrence en exactitude – pour que leur surrégime en vienne à faire fondre le béton, à le couvrir au moins d’une couche de condensation comme si les murs eux-mêmes respiraient et suaient. Les motifs répétés à l’envi, hypnotiques, obsédants – et ce sont parfois des éclats de voix qui portent le verbe (Down here in the Ghetto we know the horror of the Guns/We wear the scars of Violence (Violence-ence-ce-s-s-s…)) – cette frappe infatigable, la succession des voix contrastées… Tout, ici, crée un climat à la fois alangui et fébrile, stressé, urgent ; matières épaisses et opaques, sensuelles, sensibles ; angles nets et arrêtes marquées ; dynamique musclée mais sèche ; artères battantes et engrenages. Ce disque est bel et bien – au sens jamaïcain et décentralisé, on y revient – ce qu’on appelle un Showcase. Opération éclair ou se concentrent techniques et savoirs faires, parole à délivrer, à passer. Objet qui doit impressionner, surprendre mais jamais trahir l’intention première, refaire servilement ce qui serait en vogue. N’y manquent même pas les inévitables "versions" – c’est à dire les déclinaisons dubs – de morceaux chantés plus tôt, ou la voix disparaît, rejaillit par fragments de sous la masse des sons, les basculements de fréquences, les effets dissolvants. N’y fait pas défaut cette piste cachée, en fin de disque – sidérante collusion de lignes synthétiques et organe presque rapé, ragga moderne parasité dans la violence du mix, échos hallucinés palpablement électroniques. Ce disque file, en fait, assez incroyablement – ses cinquante cinq minutes et quelques ne paraissant qu’une poignée de moments bousculés et quelques rares relâches. Ce disque – comme en réalité pas mal des leurs, comme nombre de sorties où ceux-là apparaissent – est insidieusement puissant, traitreusement subtil sous son aspect premier de course à l’arrachée. C’est un beau point d’entrée pour qui voudrait s’y engouffrer, aux foisons sortis portant les noms de ceux-là. Eux, sans doute, le jour d’après, couraient à d’autres agitations.

note       Publiée le jeudi 11 juillet 2013

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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... tout en parlant principalement de ça (les angoisses de la vie, la et les misères...) ou en tout cas, en en faisant l'un des sujets récurrents. Mais oui, il y a cette "magie" du truc, de ce dub là : c'en est une variété bien urbaine et urgente, plus rapide et plus dure que les souches d'origines Jamaïque/seventies mais n'empêche voilà, c'est une musique qui fait du bien. Il manque un paquet de Dub Syndicate sur guts, tiens, en passant. (Et je continue à trouver celui-là à part, ceci-dit).

Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Voila une équipe qui sait y faire et qui maitrise son style. Du Dub, du Dub, rien que du Dub et que du bon en plus. Basse et batterie comme il faut et des effets de son comme de petits gags pour confirmer que rien n'est sérieux ici. Si vous avez un doute sur mon avis écoutez "Nothing Comes Easy". Pas de prise de tête, cet album a un effet relaxant et il éloigne les angoisses de la vie.

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