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The Slits › Cut

  • 1979 • Island ILPS 9573 • 1 LP 33 tours

cd • 12 titres • 40:35 min

  • 1Instant Hit
  • 2So Tough
  • 3Spend, Spend, Spend
  • 4Shoplifting
  • 5FM
  • 6Newtown
  • 7Ping Pong Affair
  • 8Love Und Romance
  • 9Typical Girls
  • 10Adventures Close To Home
  • bonus tracks
  • 11I Heard It Through the Grapevine [reprise de Marvin Gaye]
  • 12Liebe And Romanze (Slow Version)

informations

Enregistré et produit par Dennis Bovell au Ridge Farm Studios, sauf I heard it through the grapevine

line up

Viv Albertine (guitare), Ari Up (chant), Dennis Bovell (effets sonores), Budgie (batterie), Tessa Pollitt (basse)

chronique

  • crossover dub / post-punk / expé

« J’aime les fentes, pas vous ? ». C’est un peu ce à quoi était condamné le jeune ponque anglais qui désirait, en cette fin de décennie 70, exprimer son goût et son admiration pour ce trio de jeunes amazones aux protubérances mammaires fièrement pointées vers le futur. Une blague à peu près digne du « J’écoute les Who – T’écoute les Qui ? – Les Who…. Etc ». Voilà voilà. Est-ce ce qui explique que ce groupe, assez peu populaire en son temps, soit devenu culte sur le tard ? Toujours est-il que ces filles tiraient ici la scène post-punk vers une sorte de sophistication, vers un art faussement brut et tribal, le tout sans sonner faux une seconde. Leur idée, explique Viv Albertine dans le livret du cd, était de rejeter la domination du rythme 4/4 masculin pour jouer des rythmes « féminins », c'est-à-dire décontractés et déconcertants, accélérant et ralentissant selon… Selon quoi en fait ? J’éviterai de placer une énième blague plus lourde qu’un Titanic, pour me borner à dire que cette vision pour le moins originale de ce que doit être une section rythmique est partagée, 20 ans plus tard, par un certain Tom Zé, dans une dialectique qui oppose cette fois l’hégémonie rock & pop anglo-saxonne aux diverses musiques brésiliennes. Là, le truc émane d’une vraie « incompétence » (je cite Viv Albertine) - les 3 ayant commencé à jouer à l’heure du punk et pas avant - mais se retrouve tourné en arme, en originalité. Et ça marche. Et ça sonne sincère et franchement galvanisant. Décontract’, on vous dit. Comme sur la pochette : au naturel. Je parie que celle du milieu aura inspiré une certaine Ayla, héroïne préhistorique de Chrono Trigger. On arrive donc avec ce disque au terme d’une évolution constante du groupe depuis ses BBC sessions, dans les confins du genre post-punk ; confins qui se cristalliseront dans les années suivantes, et grace à des groupes comme Talking Heads, vers ce qu’on appellera la World Music. Toute la mode galopante des rythmes « afro » et frénétiques dans la new wave du début des années 80 trouve son origine ici. L’autre grosse tendance dominant ce disque racé, c’est bien sûr le dub. Les ribaudes en ont compris l’essence. Comme le dira Buzz Osbourne, c’est un « Studio Trick », un truc de studio, et les Slits l’envisagent comme tel, sur ce ‘Cut’ ultra-produit et riche de moult effets et d’une profondeur de son incomparable pour l’époque. Merci Denis Bovell. De tous les groupes ayant lorgné sur ce genre dans la scène punk/post-punk, les Slits sont les plus futées et rapides à assimiler le truc. Et pour cause, celui-ci n’a pas été découvert par ricochet avec le reggae, alors en vogue sur les scènes d’Albion mais bien dans un club, le Roxy, où un DJ nommé Don Letts faisait tourner les imports Jamaïcains de King Tubby et Lee Perry. Très différent de ce qu’en feront les groupes du nord du pays, moins portés – par la force des choses – sur les artifices studio, qui ici annoncent Siouxsie & The Banshees. A dire vrai, il n’a manqué que la reconnaissance de leurs pairs aux Slits pour qu’elles démarrent une carrière énorme. Ce premier jet avait de quoi augurer d’un parcours passionnant en tout cas : fantaisiste, débridé, drôle et au style bien affirmé. Bémol, cependant, les meilleures chansons sont celles écrites à l’époque où Palmolive, batteuse d’origine, était dans le groupe (77-79), c'est-à-dire celles figurant aussi sur le Live at BBC dans des versions généralement plus pêchues et plus jouissives. FM et Newtown restent des classiques, menaçantes et affutées, mais le rush d’énergie a disparu. Palmolive rejoindra donc les Raincoats et leur fera jouer sa compo Adventures Close to Home sur leur 1er lp, dans une version à l’opposé de celle présente sur ce ‘Cut’. Même si pour le coup, la version des Slits, si elle n’a pas le charme des Raincoats, gagne en clarté. Les Slits, considérées aujourd’hui comme le groupe roi du punk féminin (enfin, le groupe-reine), ont donc embauché un certain Budgie pour la remplacer… Un mec ! Et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du futur mari de Siouxsie Sioux, batteur au sein des Banshees. Un batteur techniquement à l’aise qui vient épauler un jeune groupe de chien(ne)s fous (folles) pour leur premier LP studio, ça vous rappelle pas Sonic Youth ? En tout cas chaque chanson est ici une perle de féminisme « joyeux », irrévérencieux mais délicieux, à l’image de ce I heard it through the Grapevine, sommet du disque, reprise hilarante et équivalent du Lola joliment travesti par les Raincoats, mais en plus dansant. Il leur fait remonter la note d’un point, c’est dire tant cette reprise est l’une des plus inventives et nécessaires qui soient.

note       Publiée le mardi 21 mai 2013

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Note moyenne        3 votes

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

Toujours aussi frais, aussi curieusement, hétéroclitement ( si je puis dire ) homogène quarante années après.

Note donnée au disque :       
Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

non je parle bien du dernier Trapped animal. Pire que terrible. Il y a du reggae mediocre, mais aussi du dancehall avec autotune à achever quiconque a connu leurs grandes années.

Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Il y en a un nouveau ? O_O. Si c'est 'Trapped animal', effectivement, c'est pas terrible :0(

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

J'ai malheureusement écouté leur dernier album et ça fait très mal. Même prévenu, ça fait mal au coeur.

salida Envoyez un message privé àsalida

On apprend plein de choses dans cette chronique ! J'écoute rarement l'album, mais la reprise d'"I Heard It Through the Grapevine" passe souvent. A quand Marvin Gaye sur d'ailleurs ? Peut-être pas très gutsien mais totalement indispensable...