Ça a finit par se savoir au court de la décennie écoulée, boulimique en redécouvertes : oui, les 4 adipeuses blacks de E.S.G. sont les reines incontestées du Mutant Disco, en un mot, du post-punk qui fait danser, de la basse qui ondule et de la rythmique qui frétille… 81 était l’année où les ex-Joy Division rebaptisés New Order ont décidé de radicalement changer de direction après avoir pris une claque face au melting pot de New York lors d’un séjour qui allait avoir des répercussions sur toute l’Europe… Visiblement, Tony Wilson, qui était venu avec eux écumer les clubs, n’avait pas oublié ses oreilles à Manchester City. La preuve : son label Factory se targue la même année d’offrir leur toute première sortie à E.S.G. ! Et ça dépote soigneusement. Plus proche d’A Certain Ratio que de tout autre artiste Factory, les 4 new-yorkaises sont surtout les dépositaires d’un son qui fait souffler un vent de révolution sur les pistes de danse. Moody et UFO sont tellement en avance qu’elles sonnent directement comme de la techno de Detroit, avec les mêmes effets électroniques cheapo-abrasifs. Si UFO menace, voire agresse par sa rigueur sonore et sa dissonance digne de Can, Moody, lui, est une machine à danser à la ligne de basse monolithique digne du Cavern de Liquid Liquid. C'est-à-dire un morceau qui définit une époque, un genre, un son. Même le soulful et bricolo You’re No Good est d’une évidence qui renvoie un groupe comme Blondie à un autre siècle. Allez, inutile d’en rajouter : ces 10 minutes cultes sont l’un des plus gros coup de génie du décidément éclectique label Factory, ce qui en fait un bon gros indispensable qui tâche. De toutes façon, c’est impossible de ne pas aimer ça, impossible.