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Shannon Wright › Dyed in the Wool

cd • 12 titres • 34:00 min

  • 1Less Than a Moment03:00
  • 2The Hem Around Us03:18
  • 3Hinterland02:05
  • 4Vessel for a Minor Malady01:56
  • 5You Hurry Wonder02:54
  • 6Dyed in the Wool05:14
  • 7Method of Sleeping03:22
  • 8Surly Demise03:12
  • 9Colossal Hours02:44
  • 10The Path of Least Persistence (Figure II)02:54
  • 11The Sable01:27
  • 12Bells01:51

informations

Enregistré à Zero Return, Atlanta par Jim Marrer et Rob Delbueno; Electric Audio, Chicago par Steve Albini; Chase Park, Athens par Andy Baker; à la maison d'Andy Baker

line up

Shannon Wright (chant, piano, guitare, harmonium, orgue, basse, claviers, batterie, bruits), Brian Teasley (batterie, percussions, bruits), Andy Baker (basse)

Musiciens additionnels : Kyle Crabtree (deuxième batterie 5), Christian Frederickson (alto 4), Jeff Mueller (chant 2), Jason Noble (basse 10), Heather McIntosh (violoncelle 8, 12), Ryan Hembrey (contrebasse 6, 9), Chris Lopez (chant 7)

chronique

  • traumatisme post mortem

Malaise. Y a un malaise là, non ? Si. Ca tranche sec, dans le vif, la batterie, les riffs de guitare, le martèlement acharné sur le piano qui demande grâce. Et la voix, hantée, douloureuse. Ca tranche des morceaux courts, concis, sans un poil de gras, la plupart entre deux et trois minutes. C'est suffisant. Sauf un, au milieu, long comme une procession funéraire, puisqu'il s'agit bien de ça. Shannon chante auprès de son amie mourante, ses mains tremblent, son élocution aussi, qui se perd dans des formules élaborées de culpabilité, de dégoût et de colère, de colère avant tout. Ca ne sert à rien de se taper la tête contre les murs, elle n'y peut rien, on n'y peut rien, la mort c'est comme ça, inéluctable. Mais la maladie, si jeune, merde, c'est vraiment dégueulasse, injuste, inacceptable. Alors elle frémit, elle voudrait hurler, faire souffrir ses instruments jusqu'à ce qu'ils en claquent, eux aussi. Mais la force physique pour ça, elle ne l'a plus. Epuisée, mais pas encore assez pour la faire taire, la violence étouffée qui transpire par tous les pores de sa peau. Et le malaise devant cette douleur-là, impudique, frontale, auquel elle se confronte avec ce qui lui reste de vocabulaire, précieux et torturé. Des instruments serpentins, louvoyants, des mélodies réduites à l'os, de la musique de chambre de veillée mortuaire. Des harmoniums sinistres, des cordes tragiques, des guitares acoustiques sans folklore, juste pour expurger quelque chose de trop grand pour soi. Des soli de guitares qui ressemblent à des zébrures sur la peau, celles que laisse la maladie du Lupus, qui emporte bientôt la fille dans les ténèbres. Vas-y Shannon, tu peux gueuler, encore, plus fort, à en perdre ta voix, à cracher dans les dissonances, tes arpèges d'ivoires en miniatures ratiocinant une rage absolue, tu peux pleurer aussi, mais c'est pas ton genre. Chercher à comprendre serait bien inutile, il n'y a rien à comprendre, juste à accepter. Mais comme accepter c'est pas possible alors quoi ? Ramper à terre en se griffant les ongles sur le parquet, embrasser la terre qu'on jettera dans la fosse, s'user les poings à cogner contre une boite close à jamais. C'est horrible mais il ne reste plus qu'une cérémonie pour te calmer les nerfs, pour un peu de soulagement, si bénin soit-il, si absurde soit-il, comment être soulagé d'avoir perdu un être si cher si tôt ? "Dyed in the Wool" prend son temps pour enterrer ton chagrin, mais ne pas se faire d'illusion, au final tu hurleras ta douleur malgré tout, ta guitare tu lui feras vomir des caillots de sang à peine séchés, ça accrochera de partout, ce sera rugueux et pénible, ça fera infiniment mal. La morte reviendra te visiter dans ton sommeil incertain, tel un sample lugubre d'orchestre pour très vieux film d'horreur, en noir et blanc, comme ton esprit est gris. Joue, joue encore ton mal d'être à ce monde qu'elle a du abandonner, filtre sur ton piano tes idées noires de berceuses pour les jeunes filles mortes, et n'aie pas honte de ton angoisse ni de ta violence. Ce qui en sortira ne te détruira pas, aussi brutal que cela puisse-t-être, aussi mal à l'aise puissent-être ceux qui te prêteront une oreille. Ils trembleront, ils frissonneront, ils seront mal, eux aussi, ils souffriront peut-être de ta voix déformée par ce trop d'absence. Et ils trouveront sans doute quelque part une soeur avec qui partager la leur, d'angoisse, de difficulté à supporter ce truc qu'on appelle la vie.

note       Publiée le vendredi 29 mars 2013

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Non seulement elle est prévue, mais elle aurait du être postée à la suite des autres. Reportée pour raisons indépendantes de ma volonté. Et elle sera raccord avec ton ressenti, "Over The Sun" aura droit aux six bouboules, chef d'oeuvre torturé, en effet, on en ressort pas indemne (je sais, ça fait cliché, mais c'est vrai dans ce cas).

    pokemonslaughter Envoyez un message privé àpokemonslaughter
    avatar

    aucune chro d'"over the sun" prévue ?? je serai curieux, c'est son chef d'oeuvre à mon sens. Aussi sensible et nocturne que le premier portishead mais avec une sensibilité et un désespoir si palpable qu'on en devient mal à l'aise.

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Superbe chronique, ça donne envie. je vais aller écouter.