The Terminals › Last Days Of The Sun

Notre jeunesse est à sens unique, notre ignorance tout autant. Chacun s'est frayé bon gré mal gré un chemin vers la vie adulte (mouahaha) avec en parallèle une route musicale qui bien que malléable définit en quelque sorte un axe autour duquel les autres musiques ne peuvent qu'orbiter plus ou moins près, suivant de nouvelles inclinaisons ou des évènements récents. Par exemple, dans mon cas, j'ai loupé le coche avec le rock, dans sa définition la plus large. J'ai dû manquer à l'appel lorsque me furent enseignés l'enseignement de ses multiples subtilités ; ainsi, lorsqu'il me parle aujourd'hui, il doit le faire clairement, lourdement et avec emphase. J'entends les excès de Jesus Lizard, de Foetus, de Nick Cave, de Crime & The City Solution. Et j'entends The Terminals, obscur groupe de rock plombé de Nouvelle-Zélande. Nick Cave, on l'entend directement dans la voix de Cogle, pas besoin d'aller chercher bien loin. Le plombage, c'est dans un équilibre constant entre orgue Hammond et les riffs garage gentiment noisy mais surtout violemment retenus qu'on le ressent. J'ai toujours l'impression d'être assis sur un volcan en écoutant ce Last Days of The Sun. Et jamais il n'explosera – ils laisseront couler la lave par de brûlants filets fissurant le magma, dans un Enfer comme le blues ou l'americana savent en dessiner ('In Your Mind', 'Creepers' !) pour s'assurer de cuire tout le monde à la même température. Les hymnes sont noirs, parfois hantés ('Undertows', là où le Der Blutharsch psyché aimerait parvenir) ou en suspension grâcieuse sur les pièces les plus calmes ('Whichever Way She Runs', 'I Saw My Ghost'). Peut-être entend-on trop l'orgue. Peut-être entend-on trop les influences. Peut-être un jour entendrai-je aussi Jesus And Mary Chain, voire Sonic Youth. En attendant, j'en suis là, avec quelques bandages à resserrer. J'aurais pu aussi parler des Swans, mais vous auriez fini par me prendre pour Saïmone.