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Vajra › Śrāvaka (声聞)

  • 1998 • P.S.F. PSFD-100 • 1 CD

cd • 7 titres • 34:46 min

  • 1To Elvin Jones7:56
  • 2クラ (Kula)7:32
  • 3胡(コ (Co))5:14
  • 4アイヌ・ノート (Ainou Note)6:01
  • 5ナラ(奈良)(Nara)5:21
  • 6To Kase No Manyo1:59
  • 7To Elvin Jones0:43

extraits audio

informations

Enregistré au studio J par Takeshi Yoshida. Produit par Hideo Ikeezumi.

line up

Keiji Haino (guitare, voix), Toshiaki Ishizuka (batterie), Kan Mikami (voix, guitare)

chronique

Śrāvaka… En français, nous dirions : Disciple. Dans le jaïnisme, le mot peut désigner chaque membre de la communauté. S’étendre à elle toute entière, à la doctrine même. Dans le bouddhisme, elle désigne parfois ceux qui s’élèvent aux confins de la perfection, de l’extinction, du Nirvâna - ou bien ceux qui l'atteignent... Après la descente en fonds de suies denses du disque précédent – Sichisiki l’opaque – le trio Vajra nous appelle à l’élévation. Objet mystique sur la pochette… Montagne Sacrée sous le trait stylisé ? Formes vivantes, subtils pointillés sculptant la masse. Et puis autours : signes de l’Infini prolongeant les bordures. Haino, Mikami, Ishizuka, se posent en Écoutants, en Apprenants. En... Disciples, donc. Mais de quel maître ? La réponse donnée, au premier index est… Elvin Jones ! Le batteur magnifique, oui, le Fidèle de Coltrane. Pourtant ce versant-ci de leur musique, l’angle choisi sur ce disque, n’est pas comme ailleurs, avec eux, celui d’une forme jazz patente, donnée comme telle dans les guitares, les mélodies qui flottent. Le substrat, à vrai dire, de ce quatrième album, ne saurait s’identifier si nettement. Si Elvin, en effet, peut s’entendre aux toms multiples d’Ishizuka, par instants, ce rythme porte, par dessus des lignes autrement syncopées, d’autres trajectoires. Ce que clame l’hommage, semble-t-il, l’appel, l’invocation, c’est une communauté de quête plutôt qu'un héritage qui serait répertoire ou techniques. L’élévation, disais-je, hors des brumes. Par des moyens conçus pour nous pousser hors de nous-mêmes. Ce que cherche Vajra, qui serait commun avec Coltrane et ses compagnons de foi, ce ne sont pas des gammes, des modes, des imitations de style : c’est cette beauté rare qui n'est pas d’agrément mais d’illumination, embrasement d’âme – d’esprit si l'on préfère – qui prend à même la matière vive. Ce qu’elle doit au free – ce qu’elle veut y trouver, en n'en empruntant guère, ici, les manières – c’est une forme de choc qui veut ouvrir la perception, quitte à la fracturer, pour que tout s’y engouffre, que s’en échappent des lancées. Des timbres inhabituels viennent cisailler ici un rythme qui prenait, nous entrainait dans sont tournoiement. Une espèce de marimba – chapelet de notes dures et courtes, compactes – sonne par deux fois l'alerte aux cœur des nappes en délitement. L’élévation, sans doute... Mais la poussée est harassement. Les riffs montent, oui, nous précipitent vers ce ciel d’argent mat où se découpe le monolithe, le fer de lance céleste (une branche du vajra, justement, cette arme dont la pointe, retournée, se mue en instrument destructeur de l’ignorance ?). Vers un état aigu. L’espace est saturé, le relevé de ses points s’abolit, rendu impossible par l’incessant mouvement qui l’enfle et le rétracte. Les voix d'Haino et Mikami se mêlent ici plus souvent qu’à l'accoutumée, en faisceaux de louanges, de suppliques, en écheveaux d’émotions extatiques, ardentes. C’est l’une des occurrences, peut-être, où la musique du trio, mêlant, brouillant ses sources et ses buts en même temps qu’il les clame, se libère le plus visiblement de toute généalogie, de tout genre repérable. Mais c’est la première fois, aussi, me semble-t-il – et contrairement à ce qui se jouera sur le suivant, l’impossible Mandala, pourtant semblablement affranchi de tout champs connu – que l’effort déployé, subi par les trois hommes, se fait sentir sous la puissance, la force de propulsion et de basculement des pièces jouées. D’où cette impression, sans doute, que l’ascension épuise là où, ailleurs, son fracas nous ravit. Dans tous les cas on en sort lucide, attentif au silence, au bruissement qui suit, qu’il soit nuit profonde ou clarté en cascade. Mais ici demeure dans les corps comme la trace d’une charge qui n’aurait pas brûlé jusqu’au tout dernier grain. Le cycle se referme en une autre allégeance au même nom clamé en ouverture – Elvin Jones, encore, comme titre à l'ultime plage. On touche le ciel de la main. Sa dureté – l'œil, d'abord, l'avait bien saisi – est celle de la glace, du dur métal. Au revers du feuillet, l’objet céleste a disparu. Quatre ans passeront encore. Et puis l'Impermanence – en un instant de perfection forcément fugitif – les portera au choix de fondre les surfaces.

note       Publiée le samedi 23 février 2013

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Eh eh... Bon ben je crois que tu es prêt pour le reste de leur disco ! (Et ceci-dit oui, Ishizuka est un batteur/percussionniste incroyable et ça s'entend particulièrement sur ce disque).

Message édité le 18-05-2022 à 09:45 par dioneo

kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Et ces syncopes sur "ナラ(奈良)(Nara)" !!!!

Mon d. quel putain de disque, en fait !

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kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Et ces percussions improbables sur "胡(コ (Co))" !!!!!!

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kranakov Envoyez un message privé àkranakov

Première écoute aussitôt relancée. Craignais que cette "rencontre au sommet" ne soit que décevante. Je trouve qu'ensemble ils parviennent à frayer une voie qui ne soit pas que celle de la somme de leur style respectif. Une bonne chose aussi d'avoir confié la part du lion des parties vocales à Mikami Kan...

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