Le précédent album d'Ehnahre était une horreur. Une abomination. Qui réussissait son objectif, dans la douleur. L'auditeur, lui, on ne savait pas trop où le mettre. « Old Earth » répare cette omission. Old Earth coule. Il coule comme un album sans prétention de Kayo Dot. Un Kayo Dot un peu plus crade, quand même. Un Kayo Dot Khanate, avec qui il partage le goût des mains propres. Old Earth est un album de free doom, comme on fait du free jazz. Rien à voir avec Brötzmann ceci dit. Le free développé par Ehnahre est contenu. Maîtrisé. Calculé. Restreint. Il ne va plus dans tout les sens. Il se contente d'être imprévisible. L'ambiance s'en ressent peut être un peu. C'est moins fin du monde, c'est moins entrailles de David Nebreda. On sent que les types se sont marrés. J'irais presque jusqu'à dire qu'il y a un peu de Portal, là dedans. Du Portal lent. Fondamentalement, y'aurait rien à ajouter. Il réussit là où Toby Driver s'enfonce dans l'arrogance : se faire léger. Solide, mais léger. Compact, mais souple. Ehnahre continue de tâtonner, sans réellement trouver sa formule. Au vu de sa discographie, on peut parier qu'il en sera toujours ainsi. Tant mieux. J'aime pas avoir ce que je veux. Ça m'ennuie.