Crachez dans la soupe tant que vous voudrez : pour moi, les compiles D-Side, c'était que du bonheur. Parce que comme le plus souvent avec les compilations, on vient pour son artiste préféré mais on repart avec plein de bonnes choses sur lesquelles on n'aurait jamais posé l'oreille. Nomenklatür (à ne pas confondre avec La Nomenklatur, vieux groupe d'indus francais) fait partie de ces découvertes, via leur très froid 'Close To The End' qui tenait autant de la pâleur de Hypnotizer que de la noirceur de Remote mais avec une retenue telle qu'elle le ferait presque passer pour aguicheur au premier abord. Je me suis donc jeté sur 'Fascinated By The Chaos' qui comme son vilain titre ne l'indique pas respire bon les clubs post-mortem, certains salons privés voués à l'obéissance, ou une piste de danse bleutée, perdue au fond de la nuit, où seules les dernières ombres dansent et s'évaporent dans les méticuleux détails de cette electro aussi langoureuse que pernicieuse. Car oui, la première approche est doucereuse. Il y a quelque chose d'un Hypnotizer féminin dans lequel les drogues sont substituées pour la strychnine de November Növelet, qui sortirait ici son album clubbing à l'occasion de l'ouverture d'un nouveau lieu de rencontres entre aristos désanchantés. Who do you want to be ? L'immarsescible jeu des masques prend ici une saveur particulière, bercée entre les grosses cylindrées de l'analo (Korg, Yamaha, ARP, particulièrement présents sur 'Uncertain Square ' et 'That's All') et une ambiance cuir parfois délétère, parfois évidente ("Master & Slave"...) qui se faufile sous les innombrables subtilités et variations au niveau des effets, des basses, des hi-hats mutant à l'envie tant et si bien que le dance-floor se change en tue-mouche grésillant où les crépitements électrisent un à un les danseurs venus s'y risquer ('Under The Light'). Leur son est parfois si oppressant que c'est avec soulagement que l'on accueille les mélodies, même lorsqu'elles se réduisent à deux notes ('Personal Diary', qui tient sous pression avec presque rien, maintenant sa tension au maximum par un subtil jeu de renvoi entre une voix sussurrante et lépidoptères mécaniques virvevoletant incessamment entre nos oreilles). Un long moment entre folie pénétrante, orgueil BDSM et techno pour une nuit sans étoile, avec en parachèvement le titre éponyme qui rassemble tous ces aspects en une seule chevauchée mi-organique mi-électronique au travers de ses courbes langoureuses desquelles on ne pourrait -ni ne voudrait- ressortir.