Vous êtes ici › Les groupes / artistesGGrateful Dead › Grayfolded

Grateful Dead › Grayfolded

cd • 7 titres • 00:00 min • transitive axis

  • 1Novature 1:19
  • 2Pouring Velvet 2:58
  • 3In Revolving Ash Light 17:00
  • 4Clouds Cast 7:13
  • 5The Phil Zone 4:45
  • 6La Estrella Oscura 9:33
  • 7Recedes 1:56

cd • 6 titres • 00:00 min • mirror ashes

  • 1Transilience 0:07
  • 273rd Star Bridge Sonata 13:41
  • 3Cease Tone Beam 12:45
  • 4The Speed Of Space 8:49
  • 5Dark Matter Problem / Every Leaf Is Turning 6:42
  • 6Foldback Time 4:01

informations

Conçu entre 1993 et 1996 par John Oswald à partir de plus de 100 performances de Dark Star enregistrées entre 68 et 93. Construit, empilé et "plié" pour produire un seul grand Dark Star, nouvellement recomposé.

Chanson cachée avant la track 1 du cd2

chronique

Faut-il être américain pour comprendre le Grateful Dead ? Et pour comprendre pourquoi le canadien John Oswald, apôtre du plunderphonic (sampling élevé en art du détournement dada) et ennemi du copyright, a choisi de s’y attaquer pendant 3 ans, plutôt que de continuer son entreprise de sape des têtes de gondoles de chez Universal & co ? Peut-être est-ce parce que Phil Lesh, lui, n’a pas cherché à lui coller un procès mais a – contre toute attente – fait preuve d’enthousiasme face au projet ? Et certains fans conservateurs (pléonasme ?) de grincer des dents… Pourtant, il suffit de creuser un peu pour que tout s’éclaire… Peu le savent au final, mais deux des membres du groupe, Phil Lesh et Mickey Hart, ont un background aux antipodes de la très folk et encore bourgeonnante scène de San Francisco d’où provient le reste de la formation. Deux musiciens à la formation classique, voire jazz qui tireront le groupe vers l’expérimental. Phil Lesh en particulier, influencé par Stockhausen et la musique contemporaine de son époque tout comme les Beatles, poussera le groupe à squatter le studio de long mois durant pour accoucher d’un Anthem of the Sun d’une ambition folle. Il eut même l’idée, inouïe à l’époque sur un disque de pop music, de superposer 4 performances distinctes du groupe pour le morceau ‘That’s it for the other one’… Il faut croire que John Oswald arrive donc à point nommé, puisque son modus operandi pour déconstruire la musique du groupe sera cette fois le "folding" présent dans le titre, c'est-à-dire le fait de plier et replier la trame sonore sur elle-même, transformant ainsi ce Grayfolded en une gigantesque version de Dark Star, comme donnée lors d’un double-live imaginaire situé dans un recoin galactique du fantasme ultime d’un Deadhead. Grayfolded est donc la porte d’entrée la plus ‘gutsienne’ à l’œuvre du Dead. Anormalement dense, fourmillant d’effet étranges, de dédoublements foutrement lysergiques, ce Dark Star-là a finalement autant de quoi combler tous les fans, qui n’ont pas du garder leur grimace bien longtemps à l’écoute : non seulement l’essence du Dead est respectée, voire sublimée, mais c’est en fait le seul disque au monde sur lequel jouent tous les membres ayant fait partie du groupe, toutes époques confondues ! Oswald cherche, de son propre aveu, à faire un disque d’ambient-dub (The Orb, quelqu’un ?) avec des lives de Dark Star pour seul ingrédient. Le tour de force est réussi, puisque certains moments nous surprennent par leur lyrisme sur le cd1, tandis que 73rd Star Bridge Sonata habille la "Feeling groovy Jam" de reflets de rubis… La force de Grayfolded est donc d’être aussi probant en tapis sonore qu’en fresque post-ambient, où l’on se perd dans la profondeur du son. Mirror Ashes, le cd2, marche peut-être moins bien à cause de l’énorme trou d’air que représente Cease Tone Beam, exploration des timbres du Beam, instrument en forme de longue planche en métal inventé par Mickey Hart pour les concerts du groupe, et dont les fréquences semblent difficiles à reproduire sur disque. Transitive Axis, plus serein, fait la part belle aux lives mythiques du groupe, que le Deadhead averti peut s’amuser à reconnaître, et tisse une toile liquide et homogène, seulement interrompue en son milieu par une version chorale du refrain, où la voix de Garcia, démultipliée, s’échappe des enceintes comme la lumière d’un vitrail kaléidoscopique, jaillissant des replis du temps… Pas un hasard si le crâne totémique du groupe est repris en Vanitas sur la pochette, c’est un hommage aux limbes desquels émergent ces solos de guitare intemporels – car Grayfolded n’est au fond qu’un montage de solos freeform ininterrompus – ouroboros accompli, d’où résonnent encore les voix de ces morts reconnaissant, reconnaissant d’avoir connu l’age du verseau.

note       Publiée le dimanche 9 décembre 2012

Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

Richie Hawtin - Decks, EFX & 909

Richie Hawtin
Decks, EFX & 909

Autre canadien usant de la superposition, et proposant lui aussi une frise sonore de l’œuvre dans le livret, pour un mix… de techno pure.

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Grayfolded" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Grayfolded".

    notes

    Note moyenne Aucune note pour ce disque pour le moment. N'hésitez pas à participer...

    Connectez-vous ajouter une note sur "Grayfolded".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Grayfolded".

    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    HS/ @Darkmagus : Je n'avais même pas vu l'intégralité de ta dernière remarque, à laquelle j'ai répondu par M.P. pour ne pas plus envahir la page du Shepp...

    Jean Rhume Envoyez un message privé àJean Rhume

    @ Darkmagus (rapidos) : aucun problème dans le fond, tu peux bien envoyer les Who paître (...), je critiquais juste la forme, le ton du post, ambiance je te réduis tout un pan de la musique à quelques chansonnasses inoffensives, ce qui me paraissait aller un peu vite en Bourgogne. Pour le reste, point d'animosité, tu as bien le droit de t'en taper le Marion Cotillard (t'as vu, je te donne l'autorisation, c'est pas prétentieux du tout de ma part :)

    Pour revenir à l'album, j'ai écouté une grande partie de la face A suite à la chro, puis je suis ensuite allé écouter une des versions live de "Dark Star" par le Grateful Dead et je me demande ce que cela apporte, au delà de l'exercice de style et du boulot considérable que ce travail a dû représenter, puisque "Dark Star" est déjà une longue pièce erratique en elle-même. Je ne sais pas si je m'explique bien... En bref, je me demande si l'intérêt ne réside que dans l'idée (le concept quoi) car formellement, peu de différence à l'écoute du montage et de l'original, au delà du fait que le morceau est du coup, cinq ou six fois plus long... Je ne me poserais pas la question si par exemple, il n'avait pris que les différentes versions d'un couplet ou d'un pont, ce qui aurait donné un résultat franchement différent de l'original.

    The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

    Un groupe que je devrais creuser, je n'en connais pas grand chose. J'ai plus lu de choses à leur sujet que je n'en ai entendu. Canned Heat, c'est quand même un cas différent dans la mesure où ils ont toujours été un groupe de blues et de boogie, pas de rock psychédélique ; leur seule incursion dans "l'expérimental" se limitant au morceau "Parthenogenesis" sur le double album "Living the Blues".

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    L'accroche de chro était surtout une façon de dire que ce groupe restait assez mésestimé voire méconnu en Europe, surtout comparé à leur culte aux US... (ils sont tellement "sacrés" que Oswald-le-déconstructeur a radicalement changé d'approche pour eux, il ne les voie clairement pas comme darkmagus). En vrai je ne pense bien sûr pas ça. Même si pour ma part, au moment de les découvrir, j'ai eu une réaction allergique à leur côté "cowboy tranquille" (en apparence) qui m'a longtemps repoussé. Et que ce disque dilapide contre un espèce de fluide de notes ininterrompu... de la méta-guitare ? en tout cas ils ont ce côté très "campagne US coupée du monde", bien plus que l'Airplane ou Canned Heat, qui sont déjà pas du tout faciles d'accès en album (mais voilà, eux ont 2-3 "tubes" connus)... vu que chez le Dead ce sont les voix qui m'ont longtemps rebuté, je conseille donc ce disque en porte d'entrée pour le gutsien qui aurait peur de la lumière. On y accède direct aux passages instrumentaux free, sans les riffs qui pourraient - à première vue - paraitre presque fm aujourd'hui - meme si évidemment, quand on creuse un peu...

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
    avatar

    (Bizarrement ceci dit, je supporte très bien des gens comme Country Joe, qui n'y allaient pas précisément avec le dos du gros sabot sur la question, non plus, mais alors vraiment pas plus... C'est surtout qu'ils m'ont toujours donné plus que n'importe qui - exceptée peut-être Joan Bez - l'impression d'être complètement dénués d'humour, de recul - même pour cette époque ou comme tu dis, c'était souvent "avec nous ou contre nous" - les Gens de l'Avion.

    Mais bon, oui, je vais re-jeter une voire deux oreilles à tout ça bientôt, je pense, voir ce que ça me fait si j'oublie un peu ce côté-là de l'affaire).