Inanna › Not.hing

On en parlait justement tout à l'heure, de la première guerre mondiale... On y raconte que ce qu'il y avait de plus terrible, c'était les odeurs. On pouvait fermer les yeux, on pouvait se boucher les oreilles... mais l'odeur, elle pénétrait les tissus, les vêtements, les casques. Et à défaut de pouvoir la sentir à nouveau il est possible, à travers certaines oeuvres, de la ressentir. Voyez par exemple le tryptique "La Guerre" d'Otto Dix : immonde, sanguinolent, sentant la mort à des kilomètres à la ronde. Ce Not.hing est un champ de bataille abandonné à la pourriture et à la vermine. C'est un long travelling dans un paysage morne, encore fumant, encombré de cadavres en pièces détachées. Parfois ressurgit dans un cauchemar la guerre qui a eu lieu ; les squelettes reprennent leur position et la bataille reprend ('A.z. 3', 'A.z. 5'), sans but ni objectif, sans raison d'être et sans vainqueurs. Autant de petits automates déshumanisés et engagés dans un grotesque concours de destruction jusqu'à ce que le Temps, éternel vainqueur, recouvre à nouveau leurs traces et les enterre dans les sédiments du passé. Pour citer ce bon vieux Lao-Tzu, Tao Te Ching, verset 31: "Every victory is a funeral; when you win a war, you celebrate by mourning". Et déjà sur ce champ dévasté, la végétation commence à repousser.