Lorsque From Ashes Rise sort son premier et unique album en 2003, le groupe est déjà considéré comme une pointure de la scène crust/hardcore de Portland car fort de près de huit ans de carrière et plusieurs maxis dont les premiers épuisés. Bien que ces derniers aient les éléments pour satisfaire les codes du genre, ils font bien pâle figure face à 'Nightmares', oeuvre beaucoup plus dense et riche témoignant d'une volonté d'exploration, de renouvellement, sans pourtant trahir la violence originelle. L'élément que l'on retiendra d'emblée est ce besoin de varier les ambiances et de créer des climats sombres grâce à une écriture mélodique soignée. Comme bien des formations du style, c'est dans ses moments les moins ouvertement violents que From Ashes Rise marque la différence, par exemple dans la superbe intro mélancolique de 'The final goodbye' enchaînant sur un mid-tempo lourd et menaçant jusqu'à l'accélération plus typiquement d-beat. Une mélancolie que l'on retrouvera d'ailleurs sur une autre compo, l'instrumental 'Black granite', avec un ton même légèrement plus triste. Les roulements tribaux, les guitares grinçantes de 'On the fray' flirteraient presque avec le deathrock si les vocaux hurlés ne nous rappelaient vite à l'ordre, impression identique pour le superbe 'The mandate' qui en vient presque à nous faire regretter la suite jouée avec le pied sur l'accélérateur. Voilà le noeud du problème, le combo prouve sa capacité à travailler des mélodies intenses conférant par instant à son agressivité une forme de mysticisme selon moi bien rendue par la magnifique pochette mais se heurte aux exigences/barrières de son propre style. Ne vous méprenez pas, nos Américains sont très bons dans les passages à 100 à l'heure mais on les sent capables de se frotter à tellement mieux. Remarque similaire quant aux vocaux, le hurleur est plutôt capable mais sa manière de tirer sa voix en haut de gorge crée une forme de 'linéarité' pas forcément en adéquation avec la volonté mélodique affichée dans la musique, surtout que la dualité avec le timbre d'orc du collègue Brad Boatright n'est, à mon sens, pas assez exploitée. Une fois encore, pas de méprise, c'est un disque ambitieux et réussi que nous livre le combo de Portland, une oeuvre fidèle à ses racines mais qui démontre sa capacité à aller bien au delà. Peut-être pas assez d'ailleurs. Paradoxe ? J'en viendrais à souhaiter que From Ashes Rise ne donne pas dans le crust/d-beat alors que ce sont justement des formations de cette trempe qui permettent au genre de ne pas s'asphyxier et de rester passionnant. 4,5/6