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Detlef Keller › Behind the Tears

  • 2011 • SynGate CD-R MR41 • 1 CD

cd • 8 titres • 77:52 min

  • 1Tears 1 13:24
  • 2Tears 2 3:42
  • 3Tears 3 6:18
  • 4Tears 4 6:03
  • 5Tears 5 13:55
  • 6Tears 6 21:58
  • 7Tears 7 5:14
  • 8Tears 8 6:55

informations

Composé, mixé et enregistré entre 1997 et 1999. Réalisé sur étiquette Manikin en 1999 (MRCD 7041) et remasterisé en 2011 sur SynGate.

Pour plus d'informations sur Behind the Tears et entendre des extraits sonores, on peut visiter la page de SynGate avec ce lien: http://www.syngate.net/002_syngate/SynGate_MR41.htm

line up

Detlef Keller (Synthés Access Virus et Quasimidi Polymorph)

chronique

Un des gros désavantages d’aimer une musique plus marginale est de constater la disparition pure et simple de joyaux qui en ont ennoblit sa couronne. Réalisé en 1999 sur le label Manikin (MRCD 7041), ce “Behind the Tears” de Detlev Keller est un très bel album discontinué depuis des lunes. Grâce au label SynGate, qui se spécialise dans la réédition des grandes œuvres de MÉ perdues dans le manque de ressources financières, cette superbe fresque d’un art électronique minimaliste est à niveau disponible dans une version qui respecte la profondeur sonore de son originalité.
D’entré de jeu Detlev Keller démontre toute sa maîtrise de l'art minimaliste Teutonique avec "Tears 1" qui étend ses 13 minutes avec des éléments rythmiques et harmoniques qui se juxtaposent dans une envoûtante structure minimaliste forgeuse de vers d’oreille. L'intro s'amorce avec une ondoyante nappe métallisée qui étale un intense voile mélancolique. Glissant sur des brumes ocrées, elle débauche une timide ligne de piano dont les limpides notes sautillent dans l’incertitude avant de suivre le doux galop forgé dans les pulsations d’une ligne de basse. Tranquillement "Tears 1" prend forme. Les lignes de synthé insufflent une approche dramatique à la Vangelis, enveloppant un canevas harmonique qui s’amplifie sur une vélocité accrue par des sautillements de la ligne de basse. Et le tout bascule finement vers la 4ième minute lorsque le piano élabore son approche harmonique avec de subtiles variances dans le mouvement et la tonalité, alors que le rythme devient plus lourd, plus pulsatoire avec d’hypnotiques frappes de percussions. Des lignes flûtées s'approprient la mélodie pianotée alors que des percussions de style Bongos enjolivent une cadence parfumée de ces lignes de synthé apocalyptique de Vangelis. Et le rythme explose vers la 6ième minute. Plus lourd, sec et soutenu, il sautille avec fermeté conservant jalousement les lignes harmoniques de sa genèse qui engraissent un vers d’oreille perdu dans d’innombrables couches aux ambiances patibulaires. "Tears 2" offre une douce berceuse comme on entendait avec ces ballerines qui tournoyaient dans les boîtes musicales de nos jeunesses. L'enveloppe musicale est très poignante avec sa ligne de flûte acuité, ses chœurs rêveurs et ses nappes orchestrales qui emmitouflent une superbe comptine innocente qui étend ces ramifications harmoniques jusqu'aux prémices de "Tears 3" qui prend des airs rythmiques de Chariots of Fire. Un autre très beau titre qui démontre une excellente emprise des mélodies poignantes de Detlev Keller. "Tears 4" présente une splendide structure cinématographique avec de violents coups d'archets dont les nappes hachurées forgent une structure échoïque. Lignes flûtées et piano nostalgique s'accrochent à un mal à l'âme finement dépeint sur une musique des plus dramatiques. Et de son doigté sériel, Keller étend ses armements musicaux qui intensifient une structure devenue aussi lourde que le chagrin qu'elle transporte.
"Tears 5" nous transporte dans une sphère un peu plus expérimentale de “Behind the Tears” avec une approche plus près des improvisations de studio que d’un cohérent montage minimaliste. L'intro est remplie d’une brume épaisse où fredonne un synthé de sa ligne fantomatique. Des riffs de guitare structurent un rythme latent qui s'organise en arrière-plan alors la ligne de basse est plus directe en libérant des accords pulsatoires. Le manteau minimaliste perce cette introduction cérébrale avec une structure rythmique qui s'installe peu à peu, élaborant une cadence furtive qui pulse sous de suaves solos torsadés et de brèves lignes de séquences. Ce rythme timide sert de base à une structure qui explosera un peu après la 6ième minute, offrant un rythme nettement plus homogène où séquences et percussions sautillent avec fermeté sous les brises et intenses solos d’un synthé aussi harmonique qu'acrobatique. "Tears 6" continue l'exploration de structures musicales plus progressives et plus près des terroirs d'une improvisation calculée. L'intro est d’éther avec la guitare de Bernd Franz Moritz Braun (Arcanum) qui éparpille ses notes et sa mélodie évasive dans d’épars souffles de flûtes et des brises de synthé qui projettent une noire ambiance méditative. Une ligne de séquences limpides agite ses accords qui chatoient comme un mouvement circulaire prismique, alors que "Tears 6" sort peu à peu de son atonie rythmique pour tournoyer dans les sillons argentés des séquences. Ces séquences étirent leurs portées, ciselant l'ambiance de coups de ciseaux dont les enjambées entrecroisées papillonnent autour de percussions et cliquetis de cymbales qui sont aux aguets. Ils surveillent ce rythme lent qui s'amplifie sur la danse rotative des séquences. Et "Tears 6" sort de sa torpeur à mi-chemin. Pilonné par des percussions pulsatrices, le rythme est linéaire et hypnotique. Il couche les bases d’un mouvement Teutonique que des séquences nerveuses amplifient d'une mesure frénétique, donnant libre cours à un synthé et une guitare qui s'échangent de superbes solos, comme dans un jam de bleues électronique. "Tears 7" bouscule l’ordre des choses et est le témoin de la très grande versatilité de l’autre moitié de Keller/Schonwalder. Le rythme est fougueux, penchant nettement vers les technos de Jean Michel Jarre avec des martèlements intensifs d’un bass-drum hypnotique, d’agiles roulements de percussions et des séquences vivantes dont les mouvements entrecroisés s’acoquinent très bien aux vertigineux arrangements orchestraux qui ont fait les délices des planchers de danse. Attention aux murs et lattes de plancher. Ces influences de Jarre se retrouvent aussi sur "Tears 8", qui est par contre pas mal plus tranquille, quoique très intense, avec de lourdes et ténébreuses couches d’un orgue noir qui me rappelle la période Revolutions. La structure est sombre et dramatique. Elle est bâtie dans le moule de la larme 4 mais avec une approche plus noire et intensément plus mélancolique. Une tendre mélodie y tournoie. Flagellée par des nappes ténébreuses, elle s'isole pour se perdre dans d'intenses couches d’un grand orgue noir qui en avale toute sa délicate fragilité.
Aux nombres des excellentes initiatives de Syngate, “Behind the Tears” gravite en tête de liste. Ce superbe album de Detlev Keller a droit à une 2ième vie. Ses structures minimalistes, ses rythmes de plomb, ses mélodies arrache-cœur et ses ambiances de mystères cérébraux en font un incontournable dans l'univers électronique Teutonique. Très bon!

note       Publiée le samedi 1 décembre 2012

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