Bérurier Noir › Macadam Massacre

'Tchak tugudugudu tchak tchak dugudgudu tchak', noir le bitume, sale la ville, sèche la boîte qui déboule de son galop improbable dans les rues de cette jungle urbaine...Sale aussi, cette guitare rugueuse qui égrène seule quelques accords tandis qu'une voix de barjot scande des trucs incompréhensibles: 'Baloum boua leum bébé, baloum boua leum bab' hum baloum'...Etrange visage que se donne l'anarcho-punk made in France et pourtant, c'est fait, les Bérus ont tombé la cagoule ! Dorénavant, à l'image de Crass en Grande-Bretagne, la société et la politique de l'Hexagone vont devoir compter avec eux pendant presque une décennie. La suite, vous la connaissez, une boîte à rythmes à deux sous, une guitare, un saxo parfois, des masques de clown...Pas encore une tribu, un modèle pour la jeunesse, Bérurier Noir n'est encore qu'un trio mais les graines de la révolte sont semées, ce premier album inclut pas mal de titres qui resteront cultes jusqu'à la fin: 'Macadam' massacre', 'Noir les horreurs', 'La nuit noire'...On reste admiratif de tout ce que le groupe peut tirer de sa formule si limitée même si ces premiers enregistrements manquent de pêche dans la production. Et il y a ces chansons dont on parle moins, 'Frères d'arme', 'Baston', 'J'ai peur', 'Bûcherons', efficaces elles-aussi. Bien sûr, le ton est très sombre, pessimiste, l'humour grinçant est moins présent qu'il ne le sera ensuite mais pour ma part, je ne peux m'empêcher de chérir ce disque, véritable bombe sociale, même si en 1983, personne ne s'en rend vraiment encore compte. Les Béruriers sont des Tistous aux pouces noirs et les fleurs de la révolte ne demandaient qu'à germer. 4,5/6