Þórir Georg, infatigable touche-à-tout, du hardcore de Gavin Portland aux errances cold wave de Bömmer en passant par les passages indie folk de My Summer as a Salvation Soldier, à décidé pour son troisième essai solo de délaisser provisoirement les labels ultra indépendants qu'il affectionne d'ordinaire pour s'offrir une distribution à peine moins confidentielle hors de son pays, le temps d'un disque hanté par la mort...Son 'Memento Mori' à lui ? Ouais, 'Je mourrai et tu mourras et tout ira bien', c'est bien lui, ça, cette poésie masquée par un apparent cynisme pour ne pas trop se mettre à nu. Les atmosphères évoquent une forme de dark folk à la In my Rosary sauf qu'en Islande, ce genre de chapelle n'existe pas. Guitare sèche, orgue vaporeux, basse, percussions basiques, une larme de piano et cette voix un peu fragile qui semble hésiter à poser ses questions métaphysiques...Surtout que notre Islandais brouille volontiers l'équation par quelques fugaces incursions shoegaze brumeuses ('You know') et des touches plus expérimentales, voir bruitistes (le final funèbre et grinçant de 'The thing is' où c'est au Death in June de 'All pigs must die' que l'on songe). On sent une certaine urgence de la production, les fins sont coupées net, sans le moindre 'fade out', certaines basses fréquences frisent la saturation, mais l'écoute reste bonne malgré tout et surtout, le disque s'écoule sans réel temps mort. Ceux qui trouve le dark folk ennuyeux n'auront pas ce genre de problème car le musicien parvient à varier et équilibrer ses ambiances pour maintenir l'intérêt intact jusqu'au bout malgré des orchestrations minimales. Un bel album gris, mélancolique mais également plein de l'espace des ciels islandais.