Lupine › For the people who suffer

Je me demande si les membres de Lupine n'auraient pas besoin avant toute chose d'un cours de marketing ou de graphisme car espérer vendre un album avec une pochette aussi laide requiert soit un certain culot soit une naïveté absolue. Peut-être est-ce là l'une des tâches du chroniqueur ? Savoir passer outre ? Toujours est-il que cet élément rédhibitoire dépassé, l'autre côté du miroir se révèle heureusement plus riche en bonnes nouvelles. Ces Anglais proposent un style de gothic rock assez dansant duquel le label Nightbreed s'est fait une spécialité mais ils ont le bon goût de ne pas en abuser; c'est ainsi que les programmations à consonance vaguement technoïde ne sont pas légions ('My God', 'Egyptian paradise') et utilisées avec retenue. Ensuite, le chant, profond mais pas sépulcral, est plutôt plaisant, judicieusement soutenu par une voix féminine dans les refrains, une fois encore sans indigestion et avec équilibre, le rendu est donc là aussi à la hauteur avec de vrais beaux moments ('Depression'). Le groupe cherche à donner du corps à ses mélodies, à créer des ambiances même s'il se montre parfois un tantinet maladroit par des breaks inutiles, des effets naïfs ou moyennement efficaces ('Molly Lee') mais au moins il y a de l'idée. Qui plus est, l'emploi du clavier, le mixage réussi, la durée raisonnable des compositions, sont autant de bons points à ajouter au crédit de cet album au final plus réussi que ne le laissait présager son livret. On compte même une belle poignée de hits, notamment 'Depression', 'Molly Lee', 'My religion falls', rythmés, efficaces malgré les maladresses évoquées. Dans le genre, Lupine sont loin d'être les plus mauvais et s'ils n'ont pas le profil du combo dont on souhaite suivre la carrière, on inclura volontiers ce disque dans sa collection, sans trop rougir...Il faut juste faire abstraction de cette couverture immonde.