Der Klinke › Square moon

Il fut un temps où la Belgique était une véritable référence en matière d'electro sombre, il suffit de se souvenir que ce petit pays a engendré Front 242, A Split Second, Poésie Noire, The Neon Judgement, à;gruhm, Absolue body control (et tous les projets de Dirk Ivens and friends) et j'en passe. Si tel n'est plus le cas de nos jours, elle n'a pas dit son dernier mot pour autant et il arrive toujours qu'une découvert vous tombe sur le coin du museau sans crier gare. Avec son premier album, Der Klinke nous replonge avec délice dans ce genre d'ambiance. Si l'on pense tout d'abord à une forme de Front 242 (époque 'Front by front') au ralenti, on remarque vite que la portée du groupe va plus loin. Il n'est pas réellement question d'ebm ici, même si les compositions sont rythmées, le ton est plus sombre, voir mélancolique lorsque la voix féminine complète les parties vocales (la pochette ne trompe pas). En quelques morceaux, le combo nous propose l'éventail de ses possibilités du superbe 'Perfectly dead' aux beats glacés, chant grave, au plus désenchanté 'Surrender' où la complémentarité entre timbre masculin et féminin illustre à merveille le propos d'une relation amoureuse fusionnelle mais aux allures de duel, sans oublier un 'You' obscur mais laissant plus d'espace dans ses sonorités; je ne puis m'empêcher de songer ici à un Clan of Xymox première époque version plombée. Et ça se poursuit sur le magnifique 'Square moon', autant la musique est hivernale et claire, autant le chant est noir. C'est à partir de '3AM' que le propos s'essouffle un brin, ce dernier est un titre plus axé sur les ambiances angoissantes, plutôt réussi sans passionner à fond non plus car trop linéaire. 'Radio' enchaîne avec une approche ebm old school assez efficace mais un peu creuse quand même, c'est dansant mais manque de la profondeur émotionnelle caractérisant les compositions précédentes. Comme si les musiciens l'avaient pressenti, c'est le chant féminin qui prédomine sur 'The voice', ce qui redonne un peu de pep avec une touche Anne Clark agressive. Sans que 'Where it ends' soit réellement mauvais, je le trouve faible en terme d'écriture et facile, tant dans ses sonorités que sa rythmique, le seul intérêt réside dans les voix mais le problème est que sa durée dépasse les six minutes là où trois auraient suffi. Comment définir 'Clear mind' ? De l'ebm hypnotique ? C'est un peu ça, cette chanson est plus planante et triste sans se départir d'un rythme tranquille mais dansant néanmoins. Peu de variations cependant et ce sur plus de cinq minutes; quatre auraient suffi même si des échos de Clock DVA embaument l'esprit à son écoute. Une vilaine impression de fourre-tout commence à se faire sentir mais le combo la compense en renouant avec des climats dark wave pesants; un petit quelque chose s'est néanmoins perdu en route et pour ma part, je peine à renouer avec l'enthousiasme que me procurent les cinq premiers titres même s'il m'est impossible de parler de mauvaise musique. Globalement, ne soyons pas amers, voilà un bon disque derrière lequel on sent des musiciens avec de la bouteille même s'ils n'évitent pas quelques travers de débutants (durée parfois excessive, abondance de directions nuisant à l'équilibre de la galette). A découvrir pourtant.