Dark Lotus › The Opaque Brotherhood

Pour ceux qui ne seraient pas au parfum de Psychopathic Records, écurie du Michigan regroupant la frange la plus douteuse de l'horrorcore (et ayant signé Vanilla Ice l'an dernier, preuve s'il en fallait que la drogue a fait son nid en profondeur chez eux aussi), Dark Lotus est un groupe réunissant principalement les gros lards de Insane Clown Posse - paternels du label - et Twiztid, deux des groupes de Detroit pour lesquels ressentir une aversion naturelle est signe de bonne santé mélomane... et pourtant, malgré son casting de couillons notoires et de rappeurs trentrenaires qui lisent probablement Goosebumps, Dark Lotus ressemblent sur leur troisième skeud à un truc nettement plus trouble, et instable, que n'importe quel album des deux précités généralement confondus dans des absurdités beaufs rigolardes insupportables, bien qu'il reprenne quelques effets-signatures et aie en commun ces croisés de flows abrutissants au possible qui devraient je pense mettre vos nerfs à rude épreuve. Reflux d'un conglommérat de MC's aux peurs infantiles et aux fantasmes typiquement américains, dépeignant divers états de ruine mentale et de distorsion psychique avec des intonations de gros débiles - ouais on parle bien des beaufs maquillés que vous savez - évoluant dans une cohorte de prods electro-dark oscillant entre le burlesque le mystique et le glauque, maniant divers décorums rappellant Esham ou pour être parlant à plus d'entre vous les ambiances de vieux Velvet Acid Christ... On hésite en permanence entre horrorcore manufacturée bourrées d'effets de drogués, et un vrai album de hip-hop cramé du citron... et en fait on est en équilibre entre les deux, dans un rap désagréable et tordu, une version achevée des efforts poussifs de l'embarrassant Tech N9ne. Dark Lotus cherche sans cesse à déstabiliser, à provoquer une inquiétude, un sentiment d'inconfort, et il faut dire que s'ils frôlent souvent les cîmes d'un hip-hop malade, en témoignent "Follow The Leader" (évoquant curieusement... Project Pitchfork), "Can You Keep A Secret", l'hallucinogène et synthétique "Keep Up", "Witch Trapped In This Song" ou encore "Trapped Inside", il en reste surtout, sous cette pochette dépeignant l'armée d'argile de l'Empereur Qin et ses dorures nobles incrustées, un album exigeant, tortueux, larvé et noueux... qui vise plus en profondeur que de simplement plaire à ces abrutis de Juggalos. Un truc de racailles gothiques sous-alimentées, de loose en pleine soirée d'Halloween avec la gerbe qui te monte au nez dès la première moisson de réglisses.