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The Residents › Demons Dance Alone
- 2002 • Euro ralph CD 027 • 1 CD digipack
cd • 28 titres
- I. Tongue
- 1Tongue 1:12
- Loss
- 2Mr. Wonderful 3:47
- 3The Weatherman 3:03
- 4Ghost Child 2:53
- 5Caring 3:47
- 6Honey Bear 4:11
- 7The Car Thief 3:56
- 8Neediness 4:08
- 9Untitled 0:26
- 10Untitled 0:44
- 11Untitled 0:06
- Denial
- 12Thundering Skies 2:51
- 13Mickey Macaroni 2:41
- 14Betty's Body 3:28
- 15My Brother Paul 3:04
- 16Untitled 0:18
- 17Baja 2:29
- 18Untitled 0:27
- 19Untitled 0:32
- 20Untitled 0:04
- Three Metaphors
- 21The Beekeeper's Daughter 2:50
- 22Untitled 0:09
- 23Wolverines 2:45
- 24Untitled 0:04
- 25Make Me Moo 2:51
- 26Untitled 0:35
- 27Untitled 1:03
- II. Demons Dance Alone
- 28Demons Dance Alone 3:43
extraits vidéo
informations
Digipack + booklet.
line up
The Residents
Musiciens additionnels : Nolan Cook, Toby Dammit, Desmond Shea, Isabelle Barbier, Molly Harvey, Carla Fabrizio
chronique
- blues d'un millénaire
Les Residents n'ont jamais été particulièrement sensibles aux évènements politiques, préférant railler de loin toute la post-modernité et s'intéressant plutôt aux grandissantes possibilités d'expressions à travers les nouveaux mediums que les progrès technologiques nous apportent à la chaîne. Cependant, tout antisociaux qu'ils se prétendent, ils restent – et s'assument – aussi en tant qu'américains. Or le 11 septembre 2001, aux Etats-Unis, quelque chose s'est brisé à jamais. Quelque chose de l'ordre d'une naïve sensation d'invincibilité, qu'ils tentent tant bien que mal de recoller depuis lors, bien souvent en vain et les plongeant alors dans une lente spirale de déni, de paranoïa et d'inquiétude. C'est le deuil du rêve américain. Demons Dance Alone ne parle pas directement des évènements qui l'a précipité mais plus généralement de deuil, et de ce désir pour les choses perdues qui nous rongent et nous engloutissent. C'est un disque noir (dans le sens film noir), encore plus sordide que The Gingerbread Man car ici le fond est, bien qu'aussi métaphysique, encore plus palpable de par l'urgente nécessité de la part du groupe de nous envoyer ce message de condoléances et qui propulse le disque dans des sommets rarement atteints dans leur discographie. N'allez pas chercher ici la bouffonnerie qui les caractérise d'habitude : Demons Dance Alone n'est qu'un trou noir, assurément l'oeuvre la plus mature que leurs yeux ont pu pondre depuis God in Three Persons (qui lui aussi méritera sa chronique fleuve, mais laissez-moi en venir à bout), et ce tant thématiquement que formellement. Il y a une intelligence manifeste, presque sadique, à ne présenter qu'en pointillés l'histoire de Tongue qui se terre sous l'album, un homme à la langue gigantesque dont toutes les conquêtes maigrissent jusqu'à en mourir. Ou encore à nous malmener dans des interludes de plus en plus bizarres et de plus en plus secs, qui pourtant répondent en écho aux supplications venues ou aux trames mélodiques d'autres titres. Les morceaux ne sont plus des blagues mais de véritables chansons, le plus souvent portés par la superbe voix de Molly Harvey qui tour à tour émerveille ('The Weatherman' ou si les Legendary Pink Dots avaient une chanteuse de cabaret, à tomber par terre) ou effraie lorsqu'elle joue les fillettes ou les fantômes (comme sur l'effrayant 'Ghost child' ou la touchante comptine 'Make Me Moo' où une fillette meurtrie rêve d'être une vache pour ne plus pouvoir pleurer). Tant dans les textes que dans le songwriting les Residents se surpassent ici, poussant leur formule post-Freak Show à son apogée. Après la première section, compilée sous le terme Loss et s'achevant sur l'apocalyptique final de 'Neediness' à la guitare hurlante et à la vitesse fulgurante (avec 39.C de fièvre à ma première écoute, je ne vous raconte pas l'effet) vient la partie Denial : trois autre morceaux chantés entre divers instrumentaux, encore une fois composés merveilleusement dans une ambiance réminiscente de Wormwood ou du cabaret noir que sera Tweedles, autour d'histoires tragiques dont le narrateur semble être le dernier à admettre la situation, ou bien s'en détourne par divers artifices. Viennent les 'Three Metaphors' (et le reste, c'était quoi alors ?) 'Beekeeper's Daughter' dans une forme de new wave gothique autour d'abeilles agressives, 'Wolverines' plus noir et jazzy autour d'une meute de loups-garous massacré par les hommes, puis le 'Make Me Moo' susmentionné. Et à nouveau les pétrifiantes interludes autour de Tongue, quatrième métaphore distillée tout du long de l'opus. L'intelligence philosophique des paroles du final laisse pantois, surtout pour ceux qui voulaient réduire le groupe à leurs farces dadaïstes des années soixante-dix. En partant d'une tragédie commune mais en évitant d'y faire directement référence les Residents ont su manifester une empathie plus intemporelle pour le genre humain sans en négliger les démons, qu'ils aiment et détestent de la même manière, tous deux assurément saisis dans leurs éternelles contradictions. "But somehow I was seduced / And my innocence reduced / By a demon that became my own / Knowingly I followed it / Took the hook and swallowed it / But then I found it dancing in my home". Un disque qui a cloué le bec aux nombreux détracteurs qui les avaient abandonnés le long de leurs années mi-figue mi-raisin. S'il est vrai que les Residents ne produisent qu'un chef-d'oeuvre par décennie, celui-ci est sans conteste celui de la première décennie de ce nouveau millénaire. Qui, pour certains, s'est ouvert sous un ciel bien sombre.
note Publiée le mardi 28 août 2012
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Note moyenne 6 votes
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- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Magnifique.
- Note donnée au disque :
- Cockrellus Wumbus › Envoyez un message privé àCockrellus Wumbus
Kool !
- Note donnée au disque :
- cyprine › Envoyez un message privé àcyprine
jingle bells blues
- Note donnée au disque :
- MaxwellsDemon › Envoyez un message privé àMaxwellsDemon
sa donne envie ça . merci pour la chro
- Wotzenknecht › Envoyez un message privé àWotzenknecht
Corrigé quelques tournures et ajouté trois titres en écoute...