Silvester Anfang, c'est avant tout un univers. Le nom même du groupe, emprunté au morceau d'introduction du célèbre mini «Deathcrush» de Mayhem, renvoie à toute une attitude, une détermination, une imagerie tout autant risible (sérieusement, qui croit encore au diable, de nos jours?) que terrible (de quoi est capable celui qui y croit?). La pochette, d'ailleurs, annonce la couleur : noir sera le parcours, semé de démons, de rituels invocateurs, voire de sacrifices se prend-on à imaginer. Musicalement, la formation officie dans un registre ouvertement free folk, abusant de flûtes dissonantes, de bâton de pluie, de percussions trébuchantes et rugueuses (seront convoquées métal, verre, peau), d'accords interdits de guitares délibérément désaccordées. De temps à autre, un drone en arrière plan vient soutenir de sa cohérence tellurique l'improvisation d'ensemble. Hormis l'archaïsme recherché, aucune règle ne semble régir la procession. Cette musique dessine son propre néant, un manque, celui d'une sémantique, d'un sens, de Dieu peut-être. A défaut d'une pratique, dont il faudra attendre encore un peu pour qu'elle s'exprime, il ne reste sur cette première manifestation qu'une simple démarche, certes par moments ironique («Medieval Mongoloid Bigband»), mais malheureusement trop autiste pour parvenir à concrétiser une ambiance vraiment intéressante. Ce n'est malgré tout pas si mal (le genre a produit bien pire), et en tout cas prometteur pour la suite.